COMORES, ENTRE OPTIMISME ET PESSIMISME
02 déc. 2016Par Laheri Alyamani
« Nous sommes un pays pauvre. » Te dira celui qui se limite aux dons des organismes internationaux pour survivre. C’est tout simplement une manière de justifier l’incompétence de gérer ce qui nous est cher et primordial. Notre pays. Les tenants de cette thèse, sont des véritables lâches qui cultivent la mendicité et la dépendance. Accepter qu’on est rien est une manière de se morfondre. C’est une façon de dire qu’on ne peut pas compter sur son apport pour contribuer à l’émergence de notre nation vers les grands axes. Arrêter de nager dans la faciliter, donne des moyens de se voir pousser des ailes, s’envoler vers les plus baux rêves, qu’ peut voir de près, et même toucher. Laissons-nous emporter par la vague. Celle qui rejoint la côte car on en a les moyens. Sinon on ne sera pas sorti de l’auberge. Ne pas y croire en soi est en quelque sorte, une façon de chercher une échappatoire dans les propres couloirs qui mènent droit dans l’impasse. On s’enfonce dans le désespoir, une façon de se trouver un refuge qui n’est qu’illusoire. Jamais notre faiblesse ne va arrêter la terre de tourner. Les autres peuples avancent pendant que nous, menons une vie sans rêve.
N’allons pas loin, juste chez nos voisins. Non pas ceux qui roulent dans le pétrole ou les ressources minières, mais ceux qui ont que, ce que l’on possède chez nous: La terre, la mer et l’espace. Devrons-nous vraiment nous contenter de tendre la main à tout le monde et cela tout le temps ? Vivre de compensions des autres, c’est vivre à se voir regarder de haut par ces bienfaiteurs. Jusqu’à quand allons-nous compter sur les autres pour ceci pour cela, pour tout ? Notre dignité en prend tous les jours un coup. Notre richesse est le soleil. Nos côtes pourraient attirer comme un aimant ceux qui cherchent à se détendre. Ces gens qui ont les moyens et qui cherchent ce qu’ils n’ont pas. Nous sommes mal, un mal qui n’est pas encore diagnostiqué. Le nationalisme comorien n’existe plus. Aujourd’hui les gens ont perdu ce que nous avions de meilleurs ; la dignité. Comment peut-on continuer à penser qu’à soi-même en mettant l’intérêts personnels avant ceux de la nation ?
Nous avons vu pas mal des gens qui se sont accaparés des biens de l’Etat, croyant s’enrichir sans vraiment l’être. L’argent facile, n’a jamais rassasié. Il se voit couler à flot jusqu’à compte goûte comme un robinet grand ouvert. C’est pour cela que l‘assassin revient toujours sur le lieu du crime. Ces gens qui volent à l’Etat oublient le mal qu’ils ont fait à leur peuple. Ils vont et reviennent par la complicité, des citoyens naïfs. Chez nous malheureusement, il y a encore des gens qui croient au père noël. Ces gens-là sont les acteurs de tous les maux qui nous frappent aujourd’hui. Je ne crois pas que ces gens qui se voient octroyer d’un poste de responsabilité au sein du gouvernement se rendent compte de ce qu’on attend d’eux.
« Le choix idéal »
Leur seule reconnaissance va vers l’homme fort en leurs yeux. Celui qui leur a permis d’être ce qu’ils sont. Ils oublient que celui-là était aussi sur la trajectoire de son destin. Mais la véritable aubaine est d’être celui qu’on est, un enfant de ce pays, aux services de la constitution. C’est le self défense du peuple. C’est le peuple qui a donné ce bouquet des fleurs à celui qui les a permis d’être élus parmi ces gens qui ont le privilège de servir leur peuple. Souvent, ils oublient qu’ils sont là pour apporter leur savoir en échange d’un salaire qui leur permet de gagner légalement leur croûte et la force de revenir le lendemain. C’est malheureux de voir que ces gens-là ne comprennant pas qu’il y a plus haut que le sommet. La constitution est le pouvoir, même virtuelle qui gouverne un pays. Celui qui incarne le vrai pouvoir. C’est la constitution qui guide celui qui a été élu par le peuple, le premier fonctionnaire de l’Etat. Oui il y a plus haut que le zénith. Le patron a aussi son patron : la constitution. C’est le pouvoir qui incarne en vrai, le choix d’un peuple car les paroles s’en volent mais les écrits restent. Il y en a qui confondent les désirs d’un peuple avec celui de leur compagne de la vie. La famille et les responsabilités professionnelles sont deux choses qui n’ont rien en commun. Donc arrêtons de faire l’amalgame.
Aujourd’hui nous sommes encore loin de nos voisins du continent. Ceux malgré la complexité de la grandeur de leur pays, qui sont formé par une diversité ethnique, des langues, des religions. Et pourtant, ils arrivent à gommer ce qui les éloigne, qui devrait les séparer. Ils arrivent à faire en sorte que la religion et l’appartenance ethnique soient des éléments personnels. Avant d’être d’une telle ethnie, ou d’une religion, on appartient d’abord à un ensemble, une population qui représente un pays. Chez nous, nous ne sommes pas encore un million d’individus. Nous parlons la même langue. Et pourtant, tout laisse présager qu’on est dépassé par la situation. Aller jusqu’à pratiquer une tournante pour soi-disant équilibre des îles, c’est plutôt signer une différence. Certains cherchent à justifier qu’on est un peuple composé, différent. En ce moment où l’unité du pays est mis en jeux par le séparatisme, au lieu de se rapprocher, on se cherche des failles pour justifier qu’on n’est pas ce qu’on croit être.
« Un seul peuple. »
Il est temps qu’on se parle face à face, se dire ce qu’on pense vraiment. Au lieu de se mentir, creuser un fossé qui va s’étaler au fil du temps, il faudra que l’on sauve notre identité. Nous sommes un pays et un seul. Mettons en avant nos compétences. On doit choisir le meilleur de nous, peu importe sa provenance. Seul le mieux armé des bagages intellectuels, des visions élargies, de l’amour au pays sera le meilleur pilote qui nous emmènera à bon port. Décentraliser le pouvoir, pour que chaque comorien se sente dans chaque île, ville ou village chez soi. Il faudra que chaque citoyen de ce pays, puisse représenter la région qu’il a choisie de vivre sans être montré du doigt. Pour moi c’est la seule alternative pouvant évincer le chauvinisme qui sévit ici, chez nous. Il est temps que les Comores prennent de l’altitude, s’envole dans les grandes autoroutes de la croissance économique. La cerise sur le gâteau, la religion, est en ce moment utilisée comme une lame tranchante. La religion est réduite en des tranches. L’état aussi s’y met à cette dance « zina no ukwe »
Se limiter à chercher à savoir qui croit en quoi, à qui, ne résoudra jamais nos problèmes. Chacun est responsable de lui-même devant Dieu. Je pense que le plus puissant n’a pas besoin des soldats pour défendre sa cause. C’est lui le maître de l’univers. Donc qu’on arrête de tourner autour du pot, pour espérer endormir le peuple. Attaquons nous aux vrais problèmes. On tend la loupe au plus profond du foin, user de tous les moyens pour prouver de quoi nourrir le doute qui va laisser croire que deux plus deux n’est égale à quatre. Justifier qu’on n’est pas ce qu’on croit être, le peuple des Comores.
Il y a urgence. Tant qu’on continuera à compter sur cette méthode de substitution à gagner notre vie, c-à-d, espérer être « un quelqu’un en prenant la route de la soie, celle qui nous ramène à l’exile chez nos oppresseurs, ceux qui se servent à leur guise de notre assiette, nous ne finirons jamais avec cette misère programmée. Nous savons que cette équation ne relève pas des compétences du citoyen lambda. C’est un travail qui doit se faire par l’état comorien. Je sais que c’est un rêve mais qui ne rêve pas ne vit pas. Donc laisse-moi rêver car rêver n’est pas offert à quiconque. Nous sommes des milliers des Africains qui quittent la terre mère, pour espérer avoir sa croûte ailleurs. Et pourtant nous restons toujours pauvres. Partout où on se trouve, nous sommes montré du doigt. L’extrémiste monte en flèche. Nous sommes aujourd’hui devenus le bouc émissaire de la nullité de la politique de l’Europe en vers l’Afrique. Un Afrique qui est en leurs yeux une machine à fric facile. Etre pauvre nous colle à la peau jusqu’à ce que nous même avons gobé leur façon de renvoyer cette image négatif. Il faudra qu’un jour, on puisse se débarrasser de cette façon de se laisser amoindrir.
« Prise de conscience »
Et pourtant les comoriens voyagent un peu partout dans le monde. Ils voient comment les autres se développent. A voir la lenteur d’une prise de conscience sur le développement de notre pays, on se demande si vraiment nos enfants apprennent la même chose que les autres. Dans tout ça, ce qu’on demande n’est pas vraiment inaccessible mais tant que ceux qui nous gouvernent ne se réveillent pas de leur sommeil, nous ne serons pas sortis de l’auberge. Il suffit que le gouvernement y mette de soi pour que le soleil brille pour tout le monde. On ne demande qu’avoir un minimum de survie. Des routes pour pouvoir faciliter l’accès des villages à la ville. Ce qui ne pourra qu’encourager la machine économique. Encourager la création des petits boulots afin que tout le monde puisse avoir sa place dans la société. Vivre comme il se doit… Où est la moralité comorienne ? Celle qui consiste à ne pas tendre la main à n’importe qui.
Tous ces interdits se légalisent. On aurait tout vu. Un chef religieux négociant la licence de vente de l’alcool. Mais tout ça est placé dans les placards des oublis. Ne rien dire, faire comme si de rien n’était. Ainsi va la vie, on passe à d’autres débauches. De toutes les façons ce n’est pas la fin du monde. Le pessimisme est devenu monnaie courante. C’est une des raisons qui font que chacun n’aime pas voir évoluer son prochain. On se réjouit de l’échec de l’autre pour justifier que rien n’est facile. C’est comme si on partage ses déboires, sa nullité. Voir que les affaires des autres ne prospères est une façon d’atténuer et de détourner l’attention des autres sur soi. Ce qui justifie que la vie n’est pas si facile, donc ne pas l’en vouloir de son échec. Ici les gens aiment le changement des choses surtout si elles suscitent des émotions négatives. On se réjouit d’assister à la perte de l’autre. Plus rien laisse personne indifférent. On chante, on danse au bonheur d’une défaite de l’autrui. Tout ça témoigne la perte de la foi. La peur d’une puissance divine qui faisait de nous des hommes biens.
Aujourd’hui nous ne sommes qu’un bidon vide. On n’y croit qu’en ce qu’on voit. Parfois je me dis qu’une malédiction nous est tombée sur la tête comme un coup de foudre qui a réduit en cendre tout ce qui poussait en nous de positif. Je ne sais pas pour quelle raison, une telle punition nous a été destinée. Et pourtant on se vente être des gens biens, au moins c’est ce qu’on croit être. Par notre misère, par nos prières, on a fait des lieux de cultes nos centres des rencontres. Tout ça pour ne pas rater une seule de nos prières. On va à la mosquée tous les jours. Ceux qui n’y vont pas, on les juges sur terre avant que le bon Dieu ne le fasse ou qu’il les oublie. Pour je ne sais quelle raison, nous sommes ainsi devenus intolérables. On vit au jour le jour sans même se permettre de se poser la question du pourquoi on est comme ça.
Laheri Alyamani
COMORESplus