MAIS QU’ONT-T-ILS CONTRE BOLERO ?

Par A.M

Non contents d’avoir perdu le combat consistant à être et à avoir constitué toujours et même pour l’éternité, pour nous tous, jeunes élèves ou étudiants, depuis l’indépendance jusqu’à la disparition du « mur de Berlin », la seule « pensée autorisée », la « pensée unique » pour défendre la patrie et les classes moyennes contre le système, nos « aînés » refusent d’accepter que pendant qu’ils sont vivants, de nouveaux jeunes arrivent à défendre la patrie et à prôner la justice sociale tout en tenant compte des nouvelles évolutions notamment de la mondialisation mais bien sûr avec un autre vocabulaire et une autre méthode ! Le mensonge n’est plus un moyen, comme auparavant pour appuyer une lutte idéologique désormais non-justifiée, ni même un procédé par lequel on peut, encore comme avant, avoir la sympathie du « Peuple » !

En effet, comme beaucoup de jeunes comoriens, personnellement, je lis tous les articles consacrés à ce jeune Boléro qui nous est revenu du grand froid de l’Ukraine indépendante de l’URSS à la fin de l’année 1993 pendant que le régime Said Mohamed Djohar entamait ses derniers moments ! Comme beaucoup, je m’attendais à voir un « communiste pur et dur » avec les idées déjà obsolètes de nos grands frères du Front Démocratique. Toutefois, depuis son entrée en politique comme Conseiller de Mohamed Saïd Abdallah Mchangama alors Président de l’Assemblée Fédérale des Comores (1994-1995), certains de nos grands frères surtout du Front Démocratique (FD) ne ratent jamais l’occasion de nous le présenter comme un « vendu de la France », une personne dont le rôle serait de « détruire » notre patrie et tenez-vous bien pas pour la Russie ce pays dont Boléro aime bien raconter et avec une telle assurance que l’on a l’impression qu’il serait sa propre patrie, mais au profit de la France dont d’entre ses détracteurs ont la nationalité comme leurs enfants pendant que certains bénéficient de tous les « RM » (RSA, RMI…). Ne citons que trois exemples et qui sont d’ailleurs encore d’actualité : Le séparatisme s’est déclaré à Anjouan alors que Boléro qui n’est pas fonctionnaire de l’Etat, enseignait dans une école privée à Moroni. Nous connaissons tous la suite… Après le coup d’Etat de l’Armée avec Azali, il devint son premier directeur de cabinet et c’est ainsi qu’il sera chargé de coordonner les négociations avec les séparatistes. Ses détracteurs n’hésitent pas à expliquer que la constitution du 23 décembre 2001 a été rédigée à Paris et remise à Boléro pour qu’elle soit adoptée ! Je me rappelle qu’une commission technique a été mise en place après que la commission tripartite réunie à Mohéli et chargée de la rédaction de la nouvelle constitution, n’arrivait même pas à proposer une première ligne de cette nouvelle constitution et Boléro était le Chef du Gouvernement ! Et pourtant, personne ne parle jamais des six comoriens membres de cette commission.

Ensuite, le projet devait être d’abord validé par le Comité de suivi présidé en ce moment par l’opposition. Il est vrai que Boléro reste le seul homme politique national qui continue à défendre les principes de cette constitution très controversée mais avouons qu’il le dit lui-même qu’il le défend jusqu’au jour où les comoriens voudront autre chose mais il veut qu’on le rassure que les comoriens en majorité veulent changer car la crise séparatiste lui a appris beaucoup de choses. Deuxième exemple, c’est après la signature de la « Déclaration de Paris » entre les Présidents Ikililou et Hollande dont il fut l’instigateur. Ses détracteurs notamment Idrisse Mohamed du Front Démocratique, l’ont presque banni pour « avoir mené le Président Ikililou à signer cette Déclaration de la honte » selon eux. Ils nous ont promis la fin des Comores en tant qu’Etat et la perte de Mayotte devenue selon le droit français « Département français » sans Boléro mis avec au pouvoir aux Comores les amis du même Idrisse Mohamed. Mais lorsqu’on a interrogé Boléro quelques mois après nous avons appris ceci : Boléro s’est expliqué qu’avant la signature de ladite « Déclaration de Paris », les Vice-présidents étaient très réticents et avaient demandé au Président Ikililou de surseoir la décision de rencontrer le Président Hollande et de signer une Déclaration jusqu’avoir des garanties supplémentaires que la question de Mayotte n’est pas tranchée en défaveur des Comores. C’est ainsi que Boléro s’est rendu à Addis Abeba en possession d’un message du Président Ikililou qui demandait à la Présidente de la Commission de l’Union Africaine Mme Zuma de lire le projet de « Déclaration de Paris » et répondre si « Oui » ou « Non » ledit projet protéger les intérêts comoriens dans le cadre du combat de l’Afrique pour l’intégrité territoriale de l’Union des Comores composée des îles de Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grance-Comores. Après Addis Abeba, Boléro s’est aussi rendu à Dar Es Salam pour rencontrer le Président Kikwétré pour la même mission. Les deux personnalités ont répondu par l’affirmatif et auraient même félicité le Président Ikililou s’il arrivait à arracher la signature du Président Hollande ! Mais aussitôt que la « Déclaration de Paris » fut signée, les mêmes ont osé affirmer qu’elle enterre la question de la Mayotte c’est-à-dire que l’Union Africaine et le Président tanzanien auraient mal compris ce qui a été écrit ! En relisant cette « Déclaration de Paris » juste sur introduction, on peut facilement se rendre compte que la France a « capitulé » et puisque moi-même je ne suis pas spécialiste de droit international j’ai consulté et on m’a affirmé que grâce à cette « Déclaration de Paris » les rédacteurs ont fait en sorte que la partie comorienne sorte gagnante.

« Témoignages »

En voici quelques extraits : « Déterminées à promouvoir l’amitié des peuples dans le respect de la Charte des Nations Unies, la France et les Comores, qui partagent une longue histoire, souhaitent ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations. Un différend, apparu depuis l’accession des Comores à la souveraineté en vertu des principes universels de la Charte des Nations Unies, et des normes internationales relatives à l’accession à l’indépendance des anciennes colonies, a affecté les relations historiques entre les deux pays. » De prime abord, la « déclaration » précise le texte qui servira de référence dans ce nouveau dialogue : « La Charte des Nations Unies », donc le texte de base du droit international. La France aurait certainement demandé à ce qu’on rajoute et les textes fondamentaux nationaux ce qui pourrait créer la polémique puisque si la constitution des Comores reconnaît l’appartenance de Mayotte à l’Union des Comores, celle de la France a été amendée pour prendre en compte l’appartenance de Mayotte à la France. Deuxio, de cette « Déclaration » et pour la première fois la France accepte qu’un « Un différend entre la France et les Comores est apparu depuis l’accession des Comores à la souveraineté… ». Surtout la déclaration répond enfin à la question essentielle à savoir pourquoi ce différend entre nos deux pays ? Est-ce parce que les comoriens sont des va-t’en-guerre ou bien l’histoire les a condamnés à ne pas être en relation harmonieuse avec son ancienne puissance coloniale contrairement aux autres Etats africains anciennement colonisés ? En effet, ce « différend est né du fait que «… en vertu des principes universels de la Charte des Nations Unies, et des normes internationales relatives à l’accession à l’indépendance des anciennes colonies, a affecté les relations historiques entre les deux pays ». Cette phrase à elle seule renferme toutes les résolutions de l’ONU qui reconnaissent Mayotte comme faisant partie intégrante des Comores ! Et c’est un spécialiste qui a lu la « Déclaration » qui m’a fait ces remarques ! Une belle réussite pour le groupe de diplomates négociateurs !

Mais encore une fois après la signature de cette « déclaration » et la tenue de la première réunion du comité de suivi institué par ladite « déclaration », le HCP, les mêmes nous ont juré que Boléro a signé un accord de circulation des personnes entre Mayotte et les autres îles et reconnaissant la souveraineté de la France sur l’île comorienne de Mayotte ! Dans les réseaux sociaux nous avons suivi et lu les différentes déclarations de nos aînés frisant les insultes personnelles à l’endroit de Boléro qui, de son côté, a toujours demandé à ce que le document soit publié prouver ces allégations ! Jusqu’aujourd’hui, sans aucune gêne, nos aînés à commencer par Idrisse n’ont jamais répondu ! Aujourd’hui, nous autres, demandons à ce que ceux qui nous ont juré que Boléro et sa délégation auraient signé cet accord fassent des excuses publiques aux comoriens car il est avéré que ce fut un pur mensonge, une calomnie contre une personne chargée d’une mission publique ! Le troisième et dernier exemple est l’objet même de ma révolte : l’évolution de la Commission de l’Océan Indien (COI). D’emblée je voudrais demander à tous les comoriens qui se sentent concernés d’appuyer ma démarche qui consiste à demander un débat public car les accusations d’Idrisse Mohamed contre notre compatriote, le Secrétaire général de la COI sont si graves que si elles s’avèrent conformes à la réalité alors il faudra réagir dès maintenant dans le cas contraire, nous devons tous dire à Idrisse de cesser de nous prendre pour des cons et de nous pourrir la vie depuis plusieurs décennies et de nous laisser nous occuper de notre pays nous-mêmes car nous sommes majeurs ! Idrisse Mohamed accuse Boléro de vouloir encore une fois et comme d’habitude « permettre à Mayotte d’entrer à la COI » contrairement aux résolutions des Nations Unies pour lesquelles Mayotte fait partie intégrante de l’Etat comorien indépendant le 6 juillet 1975.

Si j’ai décidé de vous demander d’appuyer cette démarche, c’est que primo, comme je l’ai déjà dit un peu plus haut, j’ai consulté des amis connaisseurs de ce monde régi par le droit international. Nous y reviendrons. Deuxio, après avoir lu les textes fondamentaux de la COI, j’ai vite compris que certains comme Idrisse ne les ont jamais lus car les textes actuels justement portent les germes qui auraient pu servir de prétexte pour que les colonialistes eussent cru pouvoir demander l’adhésion de Mayotte et de ce point de vue, je dis déjà bravo à notre compatriote Boléro qui va certainement ici réaliser un coup diplomatique. Le Premier document signé entre les Gouvernements de la République Démocratique de Madagascar, la République de Maurice et celui des Seychelles est « l’Accord général de coopération entre les Etats de la Commission de l’Océan Indien » le 10 janvier 1984 à Victoria. Alors, c’est quoi la Commission de l’Océan Indien ? Est-t-elle une Organisation Internationale de la région du Sud-Ouest de l’Océan Indien ? L’article 1er dudit Accord stipule : « Les Relations entre le Gouvernement de Maurice, de la République Démocratique de Madagascar et le Gouvernement de la République des Seychelles sont régies par le présent Accord général et ses protocoles d’application dans les domaines suivants : 1) la coopération diplomatique ; 2) la coopération économique et commerciale ; 3) la coopération dans le domaine de l’agriculture, de la pêche maritime et de la conservation des ressources et des écosystèmes ; 4) la coopération dans les domaines culturel, scientifique, technique de l’éducation et en matière de justice ». Déjà il faudra savoir que cet Accord fut signé sans les Comores et la France. Ensuite que l’Accord a défini elle-même d’abord les domaines de coopération qui pourra faire l’objet d’un accord de coopération des Etats, avant l’institutionnalisation de l’organe qui aura à gérer cette coopération et en droit cela est très important à souligner. C’est ensuite l’article 3 qui viendra créer la COI. Article 3 : « Il est créée une Commission paritaire multilatérale de niveau ministériel appelée à définir les grandes orientations des activités à entreprendre dans le cadre de l’application du présent Accord général et de ses protocoles d’application visés à l’article 1er…. Cette Commission appelée Commission de l’Océan Indien arrête son règlement Intérieur ».

« Pour ceux qui ne savent pas »

Et donc la COI, selon l’article 3 de l’Accord général est « une Commission paritaire multilatérale de niveau ministériel » ! Ni plus ni moins ! Ainsi donc, contrairement à ce que croient certains qui n’ont pas encore lu les textes fondamentaux de la COI, la COI n’est pas une organisation internationale et son but n’est pas une intégration et en plus elle s’arrête au niveau ministériel donc gouvernemental. En conséquence, la COI n’engage jamais nos Etats représentés par nos Chefs d’Etats ou de Gouvernement, cas de Maurice. Et maintenant qui peut prétendre être membre ? C’est l’article 13, un article très polémique qui, s’il n’est pas modifié, pourrait justement permettre à un Gouvernement d’accéder à une demande de Mayotte pour y adhérer. Article 13 : « La Commission examinera toute demande d’adhésion faite par tout Etat ou Entité de la Région et statuera à l’unanimité ». Il est clair ici que l’Accord général tel qu’il est à nos jours reconnaît comme potentiel membre tout « Etat » ou « Entité » de la Région. Et remarquer que « Entité » et « Région » sont bien en majuscules. Alors répondons à la question suivante : dans notre Région, qu’est-ce que peut être considéré comme « Etat » et « Entité » ? Certainement « Etat » sont tous les sujets de droit international ayant un territoire, une population et des Autorités établies et « Entité » pourrait être considérée l’île de la Réunion ou pour certains l’île de Mayotte… L’on saura plus tard, lors de l’entrée de la France dans la COI que « Entité » en tous les cas ne voulait pas dire « Ile de la Réunion ». En effet, le protocole d’adhésion de la République française à l’Accord général de coopération signé le 10 janvier 1984 à Victoria stipule dans son préambule : « … considérant que la Commission de l’Océan Indien, réunie à Antanarivo du 16 au 18 janvier 1985, s’est unanimement prononcée en faveur de l’adhésion de la République française… ». Et dans l’article 1er dudit protocole stipule : « La République française devient membre de la Commission de l’Océan Indien et Partie de l’Accord instituant cette commission pour permettre à son département et à sa Région de la Réunion de participer à la coopération régionale réalisée au sein de la Commission de l’Océan Indien ». A partir de cette adhésion et conformément donc à l’article 13 de l’Accord général de coopération, le potentiel membre « Entité » n’est plus « la Réunion » puisque la France est acceptée comme membre pour elle et pourtant l’article 13 n’a pas été amendé pour supprimer le mot « Entité » qui reste toujours jusqu’aujourd’hui comme « potentiel membre » ! C’est ainsi qu’encore une fois nous devons soutenir l’idée de l’actuel secrétaire général qui propose à ce que la COI ne soit plus cette Commission paritaire multilatéral de coopération mais devienne une Communauté des Etats et donc les membres ne sauront être que les Etats membres des Nations Unies et dans ce cas précis l’ONU reconnaît les frontières de la France comme celles des Comores. Comme nous le disions plus haut, avec l’institution de la Communauté des Etats de l’Indianocéanie, la COI deviendra une organisation internationale au vrai sens du mot et comme toute organisation internationale, elle sera régie par les textes fondamentaux du droit international pour les organisations que sont : la Charte des Nations Unies, les Résolutions du Conseil de Sécurité relatives aux organisations internationales ainsi bien sûr que les différentes Conventions de Vienne relatives au droit et organisations internationales.

Une chose est sûre : une organisation internationale doit se conformer à ces normes et comme organisation internationale, la Communauté des Etats de l’Indianocéanie va devoir respecter la Charte de l’Onu, les résolutions notamment celle de 1960 relative à la décolonisation des territoires ayant été colonisés qui héritent des frontières coloniales. Ici encore une fois, l’idée de transformer la COI en CEI ne peut qu’être bénéfique à notre pays puisque cela renforcera davantage notre conviction que la seule solution pour Mayotte est le respect du droit international. Et comme les autres Communautés, ce ne seront plus les Gouvernements mais les Etats qui garantiront notre Communauté et la voie sera ouverte aux multiples réflexions des uns et des autres pour des nouveaux objectifs à atteindre et qui tiennent compte de nouvelles évolutions du monde depuis la fin de la guerre froide. Quelle stratégie a adopté le secrétaire général de la COI ? Comme il l’avait fait pour la signature de la « Déclaration de Paris », il a décidé de consulter des spécialistes et des hommes politiques d’envergure internationale sur l’idée de l’évolution de la COI. Il l’avait fait pour la Présidente de la Commission de l’Union Africaine et du Président tanzanien et pour la COI, il a expliqué aux médias qu’il a mis en place un Comité composé de trois juristes dont un comorien, un mauricien et un français et il a placé ce comité sous la coordination de l’ancien Président du Sénégal, ancien secrétaire général de la Francophonie Monsieur Abdou DIOUF. Le comité lui présentera ses conclusions à la mi-février avant le Conseil des Ministres de la COI de mars prochain et qui en discutera. Alors je demande à ce que justement nous exigions à ce que le débat soit public et qu’on cesse de nous terroriser comme on nous l’a toujours fait il y a des décennies !

Assoumani MAOULIDI

COMORESplus

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