SAID LARIF OU L’HOMME SANS HISTOIRES
14 mars 2017Observant la tournure que prend la politique comorienne depuis plus des deux décennies, on trouve que cet art onéreux est pris pour « shandza sho melea », donc un plongeoir pour vivre ou survire. Et si l’on dit que la politique comorienne devient ces jours un substantif prostituant l’homme « pensant » d’un archipel réputé de pudicité et de fierté ? Les historiens nous le diront avec beaucoup de lucidité. Sinon un petit rappel… vu le climat actuel. La dam de la politique comorienne est jalonnée depuis la période Mwangaza-RDR, où un second club des imberbes s’est introduit en politique. Courte mais une des périodes les plus pires de l’histoire contemporaine comorienne. Passons.
Après les soixante-huitards, se sont insurgés les quatre vingt disards. Un espère d’hommes politiques, qui s’accole en grappin de la vie quotidienne des comoriens avec l’œuvre de l’araignée. Sucer le sang des citoyens, jusqu’à ce qu’ils tombent inertes. Des partis, des micros partis… politiques, se créent pour des luttes des places et des classes. Des écopes peut-on dire. Mais le comble est que ces APNI (Autorités Politiques Non Identifiées), résument la vie des comoriens en leurs lubies et se tracent un terrain d’entente entre eux, et un de discorde pour dresser les comoriens, les uns contre les autres. Ceux qui ne se connaissent pas se battent en faveur de ceux qui se connaissent. Les dernières élections législatives, présidentielles et des gouverneurs… aux Comores en font bonne illustration. En public tous se livraient, tous se déshabillaient, tous se maudissaient…, lors des campagnes électorales, des périodes susmentionnées.
« Des convergences, château de sable »
D’abord sur le mouvement éphémère de « Narawaze », puis les soutiens du candidat du régime de l’époque. Là, on y tire la faim des OPNI, donc des noceurs politiques, spécialistes en striptease. Que dire de Me Larif, l’homme, selon les siens, le plus propre de la classe politique comorienne ? Cet homme charismatique, à l’apex bien pendu, a un méthode spéciale sur le plan politique, qui dépasse l’imagination. Finies les fictions. Ici, on parle des cirques plus spectaculaires que ceux animés par Patrick Sébastien à France 2. Oui, ce brave homme n’a pas sa langue dans sa poche, surtout quand ils s’agissent des révélations et des dénonciations. Commençant depuis 2006, l’homme luxe et gendre idéal de la politique comorienne, luttait pour Sambi avec mille et un louanges, malgré sa qualité de chef du parti. Puis rompu quelques mois après sans que l’on sache pour quelle raison. Ce soutien a valu ses excuses au peuple comorien, car d’après lui, soutenir Sambi, est un péché capital.
Outre, ce même homme honnête et propre de toute la classe politique comorienne, continue toujours à enseigner sur le leader du parti Djuwa afin qu'on puisse prendre des précautions, avec des preuves, des larcins d’argent de l’État, dont quelques traces sont un appartement acheté à Dubaï par le président Sambi lui-même et dont Maître Larif dispose de la photo. Des années passent, la roche volcanique se transforme en montagne d’or. Sambi, devient aux yeux de Said Larif, le sauveur de l’archipel. Depuis Paris des louanges, allant au delà de ceux de « Dafiné Mmidjindzé », passaient sur la peau de Sambi, l’homme au Manoir à Dubaï, selon son ennemi-ami. Le rêve n’a pas fait long feu. Brisé à mi-chemin. Passons.
« Et si les prétextes n’existaient pas ? »
Battu aux dernières présidentielles, Me Larif se ralliait à Mamadou, le candidat du pouvoir, à qui l’atmosphère donnait triomphe. Peine perdue. Sans aucune explication, le chef du parti Ridja, donne quelques impressions, mais de l’inspiration de confiance, on se questionne d'abord. Oui, le chef de l’État Assoumani Azali, prône la politique de l’émergence. Mais quels sont les points communs entre Azali, Mamadou et Sambi, faisant que le leader du parti Ridja donne et retire sa confiance à tout le monde et à tout moment ? Une vraie danse de « Igwadu », mais dommage que le vertige soit inévitable.
On ne se précipite pas. Larif n’est pas encore aux affaires, il n’est ni ministre ni directeur d’une société d'Etat. Mais doit-on quand même s’interroger sur « ses mille et un sursauts », depuis son entrée en politique, il y a de vingt ans ? Pour l’instant, avec la pénurie d’explications et manque de clarté sur un parcours, on adopte la politique des « squales de la ville d’Ipvwani ou des Dinankaya ». Mais, fils de « makoko » que je suis, belle est cette chanson : « owatrotro ngwani tsano dja pamba hemwane ngolilo rendedje… na yemenda na ndzia ngwani baliao he mwane ngolilo rendedje… ». Donc cette chanson peut conduire à bien comprendre, pourquoi, on ne veut pas de l'homme.
« Des interrogations »
Comment Said Larif ne serait pas l’homme, le plus propre des politiques comoriens ? Oui, il n’a jamais occupé des fonctions dans l’administration comorienne. Mais la probité peut aussi se justifier dans le cadre privé. Pas la vie privée. Le cadre privé. Alors tout le monde espère que Me Larif n’est pas un homme encrassé… dans son antécédent. Il ne faut donc pas comparer les incomparables. Mais aussi, ce qui reste comme interrogations ; certains lieutenants oublient les tonnes de munitions qu’ils disposent contre les ennemis politiques de Said Larif, et dont nombreux, sont ses amis d’un moment à l’autre. « « Moi, je vous confirme qu'il a voulu me corrompre, il a même avancé le montant de 20 millions, j'ai été énervé. J'ai immédiatement quitté les discussions car j'ai estimé que c'était de l'insolence ». Paroles de Said Larif, en Mars 2016. Mais ça c’était avant. Passons.
Peu sont ceux qui arrivent à imaginer que ces lieutenants susdits disposaient de stocks de conciliations, ruminant les attaques et les culots envers les semblables du gendre idéal. Des comparables qui faisaient les mêmes voyages de noce, que ce que fait ce jour, l’homme le plus expérimenté, selon certains. « ho nandje ka hwende utsina mbade, ba utsina mbade kende yara maze ». Ceci est valable pour la politique aussi.
SAID YASSINE Said Ahmed
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