COMORES, ENTRE ALLUSION ET ILLUSION ?
12 mai 2017A- Les prémices : Deux termes venaient de marquer notre actualité nationale ; l'émergence et la diaspora en France. L'un a été soufflé par un président peu enclin à la rigueur et au respect des leviers pouvant sortir l'idée de la chimère. L'autre émane d'un groupuscule qui prétend organiser et améliorer, mais par des procédés extrêmement détestables et fragiles. Qu'il s'agisse du mode d'élection de son président ou de son appellation, entre représentant de toute la France ou de l'île de France ! Une ambiguïté de plus sur un chemin mal tracé, dès le départ.
a- Azali et la pratique
Le Président Azali Assoumani a été élu en mai 2016, à l'issue d'une élection trouble et rocambolesque. Entre des résultats à 104%, une CENI contestée dans ses pratiques, des élections partielles dénoncées sur son aspect de " troisième tour", la cour constitutionnelle a été mise à rude épreuve par les forces politiques en présence. Elle se sera hissée, tant bien que mal, entre les contestations des primaires et des élections générales. L'idée d'EMERGENCE eût été conséquente, dans sa pratique en tous cas, si le Président élu à 41%, une majorité en deçà, alla vite en besogne, en tirant les leçons des institutions ayant participé à l'organisation des dernières élections.
Hélas, on n'en sait rien et probablement, on n'en saura rien sur les failles de la CENI. Pire, nul ne sait si, à ce jour, les membres de la cour constitutionnelle ont été reçus par l'homme qui a été déclaré élu le 15 mai, pour être investi le 26 mai 2016 ! Or, on sait que le Jean Ping élu au Gabon, reconnu en tant que tel par la communauté internationale n'a pas été validé par la cour constitutionnelle à la surprise générale et au plaisir de Mr ALI BONGO.
Par ailleurs, la procédure des licenciements en quantité vertigineuse et des contrats sans appels d'offre à la rescousse de la Mamwe ont souligné par contraste le caractère soudain d'une EMERGENCE juste prononcée, mais jamais préparée en amont. Le réveil des lanternes de la société Madji na mwendje, après une longue agonie, ne fait qu'éclairer ces imperfections présidentielles. À l'image des salaires et autres émoluments des membres du gouvernement revus à la hausse, quand on saigne la jeunesse par des licenciements, par des bavures militaires dans un lycée public et dernièrement au Sénégal des étudiants comoriens s'étaient astreints à une grève de la faim au près de l'ambassade quant à leurs bourses voilées...
À L'image aussi d'un président qui s'assoit sur un pan de tradition à gangrène qu'est le Anda, par son écharpe et son échappe, sans la moindre communication lisible, comme si la prétention d'imam devait passer par le silence sur un sujet si prégnant. D'aucuns constatent que ni la justice, ni la santé, ni l'éducation tardent à marquer une vitesse de départ pour espérer un jour atteindre la croisière d'ÉMERGENCE.
b- France et diaspora
Le 29 avril dernier, fut la dernière tentative enregistrée dans l'épisode de l'organisation mal amorcée de la diaspora. L'élection de son président quelques semaines plutôt en la personne de Mr Mohamed Said a été pour le moins une désinvolture rarement observée en terme d'identification d'électeurs de base et d'information sur les enjeux d'un tel processus. Nonobstant les signaux qui se veulent rassembleur et conciliateur de la part du nouveau élu, il n'en demeure pas moins qu'une bonne frange de l'opinion lui jette un regard réprobateur. Les contours, l'ambition et les objectifs du nouvel exécutif constitué restent mystérieux, à l'instant, surtout quand il s'agit de parer les failles du mode d'élection qui a vu naître ce pouvoir au pied d'argile.
Les rares soutiens espéraient un calendrier extrêmement clair pour définir, par un corpus des statuts précis, les électeurs et électrices de demain, le domaine de son fonctionnement pour vite remettre en jeu le mandat actuel dans un but de légitimer et redynamiser les efforts qui se seraient déjà entrepris. Mais rien ne présage un tel cheminement, peut-être que l'avenir démentira ce pessimisme.
B- Autres cas
a- Moroni et l'élection de son maire.
La capitale devait être la vitrine du pays. L'élection de son représentant eût impulsé une dynamique par son exemplarité. Il n'en fut rien. Sinon pire. Mahmed Daoud alias Kiki, battu aux urnes, a réussi, par des combines réputées légales, à accéder à la Mairie. Une mésaventure politique qui indispose le bon sens et qui allait rendre le fauteuil instable. Telle une gangrène qui fagocite, l'homme qui entra par une espèce d'infraction à l'hôtel de ville sise à Badjanani sera promu Ministre, de surcroît de l'intérieur et porte parole du gouvernement. Son premier adjoint à la Mairie le remplacera. Un premier adjoint devenu maire qui ne tiendra pas longtemps. Moustapha chamssoudine fera l'expérience des fauteuils mal-acquis. Il sentira aussitôt son autorité étouffée, contraint à la démission, dénonçant au passage les intrusions de son prédécesseur et actuel porte voix du gouvernement Azali-émergence !
b- Vers une révision constitutionnelle ?
Une rumeur insistante évoque un caprice présidentiel qui " émergerait " vers une retouche du texte fondamental. L'idée de la tournante, en tous cas une manière de l’édulcorer risque encore d'abuser de l'ancre. De stratagème aussi. Nul doute que l'option naguère portée par l'ex Président Sambi sur des présidentielles ouvertes et non exclusives à l'insularité trouvera un écho émergent à Beit Salam. Le locataire est un retors bien aguerri dans la finesse ambiguë. Souvent à perte d'État. L'âge légal pour prétendre le fauteuil s'entêtera à 40 ans. Allusion sera faite au Prophète. Pour entretenir l'illusion. Comme toujours. Un pays et des pratiques.
Nourdine Mbaé
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