MME SITTY MASSOUNDI, MEMBRE DU COLLECTIF KWASA-KWASA, S'EST ENTRETENUE AVEC COMORESplus
26 juin 2017
Moins connue dans le monde des mouvements, mais active sur le plan local, Mme Sitty Massoundi, une jeune femme franco-comorienne, résidente de Marseille, est une des organisatrices et organisateurs de la manifestation du 10 juin 2017 à Marseille, contre la parole du président français Emmanuel Marcon, selon laquelle, « Le Kwasa-kwasa pêche peu mais ramène du comorien ». Membre active du collectif Kwasa-kwasa, Mme Sitty Massoundi, nous livre ici les raisons de son implication au mouvement et l’objectif du collectif.
Comoresplus : Sitty Masoundi, vous faites partie du collectif Kwasa-kwasa qui vient de naitre à Marseille. Que signifie ce collectif ?
Sitty Massoundi : Effet, je fais partie de ce mouvement fraichement monté. C’est un ensemble qui n’a pas plusieurs significations. Le collectif Kwasa-kwasa est une voix qui dégage un : « NON ». « NON » aux morts des comoriens dans les eaux de chez eux, entre les autres îles des Comores et Mayotte.
C.P : Le 10 juin dernier, vous étiez nombreux à manifester à Marseille, une indignation contre des propos du président français Emmanuel Marcon, selon laquels, « le kwasa kwasa pêche peu mais ramène du comorien.». Quel sentiment aviez-vous causant cette indignation ?
S.M : Blessée au plus profond de moi même. Tout comme le cas de nous tous. De tous les comoriens et amis des Comores, d’ailleurs. On n’en a vus certains en tout cas lors de la manif… Rien que ce passage nous montre comment le peuple comorien serait considéré comme des choses… aux yeux de certaines autorités des pays soi-disant amis, notamment de cette puissance. « Du comorien… ! » Sans doute cela nous a paru inadmissible, et c’est ainsi que notre indignation est née.
C. P : Ne vous connaissant pas trop dans les mouvements, qu’est-ce qui vous a poussée à adhérer à la création du collectif Kwasa kwasa ?
S.M : Ce qui ma poussée c'est la solidarité et la fraternité. C’est donc une occasion de faire passer un message à mes compatriotes. Leur dire que nous ne méritons pas les traitements qui nous sont réservés depuis bientôt quarante deux ans. C’est-à-dire depuis que les Comores sont devenues indépendantes. La cause, de nos sœurs et frères morts dans la mer assassine, se rajoute aussi sur la balance. Même si morts comme certains le désirent, mais ils méritent un traitement digne et sacré. Leur noyade, serait moins qu’accidentelle que nous le sachions. Sinon quelle que soit la portée de ce mouvement, militer pour une cause comorienne, est noble pour moi. Donc fière d’être comorienne.
C.P : Quel avantage trouvez-vous pour un collectif pareil ?
S.M : Comme je l’ai dit au départ ; transmettre nos messages et nous faire écouter. Là, il faut établir des voies qui puissent aider au pullule de l’opinion. Et de cela, je ne suis pas pessimiste, car à cœur veillant rien n’est impossible. Toutes mes espérances, sont pour un changement vers le bon sens. Un autre avantage, c’est aussi de parler comme un seul homme quant à la défense de nos droits car nous ne ratons pas nos devoirs.
C.P : Est-ce que l’appel que vous lancez pour le maintient de ce collectif est entendu ?
S.M : Oui. Pour la création de ce mouvement, le jalon a connu un succès. Encore une fois, je suis optimiste quant à la solidité de ce collectif. Nous avons aussi le devoir de l’entretenir… Et de cela, est une tâche à nous tous. Nous l’espérons, nous le souhaitons et nous continuons sans relâche jusqu'à obtenir gains de cause.
C.P : Certains vous ont opposés en vous qualifiant des torpilleurs, ayant organisé cette manif en période de campagne… moment où il y avait des enfants comoriens candidats à la députation. Quelle réponse aimeriez-vous donner à ces gens ?
S.M : Juste dire à mes chers compatriotes d'arrêter de mélanger tous, car même si des enfants comoriens étaient candidats aux élections législatives, cela n’a pas empêché un chef d’Etat de blesser un peuple. Il a fait exprès ou pas, c’est lui-même qui peut se juger avec son sentiment. En tout cas d’une allure d’une plaisanterie de mauvais goût. Il a fallu que les gens sachent que tel traitement nous insupporte. Donc s’il y a ceux qui prenaient cette manif comme telle…, ca n’a pas été l’idée du collectif. D’ailleurs ça nous a choqués de constater l’absence de certaines figures des nôtres dans cette manif. En revanche, remercions ceux et celles qui ont accompli ce devoir… notamment des élus franco- comoriens.
C.P : On comptabilise près vingt mille morts dans les eaux territoriales, entre Mayotte et les autres îles des Comores. Pensez-vous que suivant la réponse du chef de l’Etat comorien, qui s’est aussi réjouis de l’appel du président Macron… y a-t-il un espoir ?
S.M : Presque 30000 morts. Tu n’as pas de quoi à te réjouir, car les morts nées du visa Balladur ne doivent pas être une plaisanterie ni moins un fait à prendre à la légère. Un simple coût de fil ne suffit pas pour faire sécher les larmes qui coulent depuis bientôt vingt trois ans. Et qui nous dit que cet échange a eu vraiment lieu ? Et qu’est-ce que nous garantit que ce n’est pas une invitation au chef de l’Etat comorien pour 14 juillet, fête de l’indépendance de la République Française ? Admettons que c’était le cas, c’est-à-dire, pour cette vexation. Et pourquoi cela n’a pas été fait publiquement comme la blessure a été publique ? Les comoriens n’ont pas été blessés par coup de fil de Bait-salam et Elysées que l’on sache.
C.P : Y a-t-il de leaderships dans votre collectif ?
S.M : Pour l’instant aucun sommet et même on n’a pas idée à cela. Je crois que ce qui compte dans un mouvement pareil, c’est la volonté commune. L’implication de chacun. Et je suis persuadée qu’ensemble, les difficultés seront surmontées et nous mènerons triomphalement le combat pour la gloire et la dignité de notre peuple.
C.P : Pour l’émergence que Azali a promise mettre en route aux îles Comores, et dont les fruits sont attendus d’ici 2030. Quelle contribution pourriez-vous faire, vous collectif ?
S.M : Ce n’est pas une colline. D’abord nous menons avec sérieux ce combat… pour la reconnaissance de notre peuple, dont il Azali partie. Aussi, nous pouvons l’aider en lui rappelant qu’il est élu par défaut. Alors sans justice, son émergence n’est qu’un rêve utopique. D’abord, la justice, justice et justice pour que le peuple comorien respire et vive comme un peuple digne de ce nom.
C.P : Votre dernier mot ?
S.M : Force, courage et espoir. Et je remercie les responsables de COMORESplus qui m’ont accordé cette opportunité afin de m’exprimer sur ce sujet qui préoccupe tout un peuple.
Propos recueillis par
S.Y. Said Ahmed