MOI, LE SCOUT-NGOME, ET SI L’ON MET LE COMPTEUR A ZERO ?
05 oct. 2017
Trente neuvième anniversaires. Deux mots qui tracent toute un parcours de vie qui se tend au loin et à l'infini. Je fais Rew pour ruminer le produit, afin de retrouver ce jour où des jeunes N’tsoudjiniens se sont donnés un défi. Partir en exploration. Faire le tour de la terre. Oui, le tour de la terre puisque en un certain âge, il y a un temps, le monde se limitait à la terre ferme, donc cette enclave des bouts de terre qui flottent dans ces eaux turbulentes de l'océan indien. Nous étions nombreux à être là, dans les préparations du projet mais soumis aux règles. Moi-même, j'avais une de mes grands-mères qui s’était engagé dans le combat ultime de la vie, celui qu'on ne gagne jamais, le dernier.
Ce fut une raison valable pour ne pas faire partie du voyage. Les autres ont pris la route sans moi. C’était ainsi écrit. Tant pis, sinon, nos cœurs nous liaient
« Quelques jours après, owalindwa wadja. »
Dans leurs sacs à dos, beaucoup d’idées pour la suite, dont celle de transformer l'esprit de cette sortie en groupe scout. Scout c’est une appellation pour nous mais peu importe, la suite nous dira qui nous sommes et ce qu'on va faire. Notre devenir. L’essentiel c’est de se retrouver entre jeunes, quelles que soient les raisons de nos retrouvailles. C’est ainsi que naquit l’Éternel SCOUT-NGOME.
Il fallait trouver un point d’appuie pour sauter haut. Une raison qui allait nous servir de point de départ. Notre première action collective fut de nettoyer les rues de la ville. Ce qui nous a fallu la connaissance des citoyens. Le deuxième, venir en aide à une dame qui était dans le besoin. Il fallait aller dans la forêt couper des bois pour reconstruire sa maison car celle-ci s'est tellement dégradée qu'elle dormait à la belle étoile. Et que le soir, il pleuvait dans ses prunelles. Il est suivi des petites actions mais grandes par leur importance. Les jeunes du village se rallient petit à petit à nous. D'abord par phénomène de mode, pour ensuite en dépendre comme une religion.
Nous revenons vraiment de loin pour nous retrouver, aujourd’hui dans cette flotte spatiale. Une lourde machine, qui va traverser les temps, au nom de SCOUT-NGOME. En vérité, c’est un manoir dans l’océan sans tangage, bien sûr.
Qui vivra Vera. Le défi est de taille. Notre descendance trouvera sa place dans cette structure qu'elle va à son tour, améliorer à sa façon pour et par son temps. SCOUT-NGOME, c'est un état d’esprit. Ne peut l'être qui veut. Il faut se donner sans retenue. Y être comme un légionnaire. C'est avoir l’esprit de famille. Un pour tous, tous pour un. Ici on apprend beaucoup des choses de la vie. N’est-ce pas une bonne école pour le vive ensemble ? Ah, dedans, la discipline est de rigueur. Tu vois ton prochain devenir ton supérieur. Tu dois respecter celui qui était sous tes ordres hier. C'est une leçon de la vie. Tu apprends à être ce dont tu seras plus tard. Un responsable de soi-même et des siens. Je n'oublierais pas l’endurance des sorties avec cette famille, appelée SCOUT-NGOME.
Sur la route de Shongodunda, je ne sentais pas mes pieds, sous le poids de deux sac à dos. J’étais venu en aide à un jeune de ma patrouille qui n’en pouvait plus. Essoufflé, usé par ce trajet qui ne connaissait pas le mot fin, je suis à mon tour attrapé par là fatigue. Je ne comprenais rien. Moi qui croyais être inlassable, infatigable. En sommes, un homme robuste. Moi le chef de patrouille musicale, j’ai vu ma vitesse se réduire. Je me suis retrouvé incapable de résister au contre vent. Je suis à mon tour devenu inoffensif. Un de mes petits, est venu à son tour me porter secours. Ainsi va là vie. C'est un travail de fourmis. Personne ne se suffit.
La vie d'un scout est un défi permanent. Je me souviens des milles tours et des abracadabra. Entre nulle part et l'ailleurs. Dans un campement improvisé, dans la forêt ou dans une école à là sortie d'un village.
Quelqu’un prétend avoir vu quelque chose, une ombre dans le noir. Dans cette situation, tu n'as pas le temps de te poser des questions. Une ombre dans le noir ? D'autres confirment ces dires qui nous autres, paraissaient mystérieux. Certain jurent sur les têtes de leurs mères, d'autres par le bon Dieu, le vrai. Tout à coup dans le lointain on croit voir bouger quelque chose. Ensuite un cri indéfinissable retenti. On dirait un cri d’une créature. Un espèce d’animal qui nous inspire pas de visage ni de nom. C’est ce genre de situation qu'on nomme l’inconnu par l’appellation « la chose »
« Quel interpelle les responsables. »
Un si court dialogue, s’impose :
- Chef je crois voir une chose entre les arbres.
- Quoi, où ça ?
Leurs voix se rencontrent dans l'espace. On dirait que le monde s'est arrêté pour se fixer de cette nouvelles dramatique. Effectivement. Au loin, on aperçoit une silhouette. On dirait une personne mesurant plus de trois mètres. Elle longe le long des arbres. Elle se déplace lentement comme s'il nous regardait avec des yeux qui n'existent que dans l’imaginaire. J'ai peur mais je ne dois pas laisser apparaître ma frayeur. Je suis un chef de patrouille. Donc pas droit à la panique.
La silhouette a disparu pour réapparaître de l'autre côté. Celui opposé, à l’extrême. Alors là, finit la récréation. Le chef de groupe nous a conviés de rentrer à l'intérieur d'une bâtisse, une ruine qui jadis fut une mosquée, disons. Nul ne peut se venter téméraire pour s’aventurier à l'extérieur. Quelqu'un a proposé à tout le monde lire le atatil-kursiu, en chœur. On s'est confié au tout puissant en lisant tout bas l'un des sourates le plus convié dans ce genre de situation. La pièce n'était pas suffisant pour abriter tout le monde, enfin la partie couverte. Certains gars qui n'avaient pas la chance devaient, malgré la peur que suscitât cette situation, se sont vus obliger de rester sur la terrasse non couverte. Après le atatil-kursiu, le chef de groupe a fait un appel pour voir s'il manque des éclaireurs. Effectivement, Shitanta et Mtukufu sont marqués absents. Quelqu'un cria : « Mon Dieu la chose est là, tout près de nous. » Un autre répliqua : « il y a une deuxième qui vient aussi de l'autre côte. » La panique règne dans le cercle. On retient le souffle. De loin des pas s'approchent. Personne ne bouge. Tout d'un coup on n’entend rien. Les uns se couchent sur les autres. Le suspens dura toute là nuit. Le sommeil a fini par gagner sur tout le monde.
Le lendemain les éclaireurs se sont réveillés un en un par là douceur des chants des oiseaux. Le soleil a déjà passé sa langue partout ou trainait la moindre fraîcheur.
- Réveillez vous les gars. Le petit déjeuner est déjà prêt. Annoncent Shitanta et Mtoukoufou…
Laher Alyamani
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