Par Abdou Radjab

 

Banda ntsini est un village paisible situé sous les cocotiers de l’une des îles de l’archipel aux mille et une élections. Lundi 30 juillet 2018, le village s’est réveillé, comme tant d’autres du pays, dans une ambiance nonchalante relative au référendum sur la modification de la constitution. Une élection controversée en l’absence d’arbitre, même si « courou-courou ».

 

Tout au long de cette journée, les deux bureaux de vote de la place « 400 inscrits par bureau environ » son restés presque vides, seuls les membres des bureaux accompagnaient les quatre murs et surveillaient le matériel électoral. Quelques électeurs se sont quand même présentés pour accomplir leur droit civique mais sans bousculade ni file d’attente comme les dernières échéances. A l’approche de la fermeture des bureaux, la participation reste médiocre, une soixantaine de votant par bureau au maximum. Une participation très faible certes mais qui caractérise le choix des électeurs qui ont préféré rester chez eux.

 

Certains membres des deux bureaux décident d’établir les procès-verbaux conformément aux résultats sortis des urnes et d’autres s’y opposent prétextant que les résultats n’honorent pas le village. Dans un premier temps, ils se sont convenu de respecter les textes en vigueur et se préparent pour faire quelque chose de légale sous les cocotiers. Après avoir appris la faible participation, donc moins de voix pour le oui, des notables de la place interviennent et exigent aux membres des bureaux de diluer les résultats, en mode bourrage d’urnes et vol en faveur du oui. Sous la pression des notables et par peur de sanctions locales, les membres des bureaux ont cédé à ce magouille. C’est ainsi que la participation passe de soixantaine de votants à plus de trois cent votants par bureau et avec une très large victoire du « OUI ». Une forfaiture très organisée pour le seul but de satisfaire le pouvoir en place en bafouant le code électoral et en usurpant les identités de celles et ceux qui ont fait le choix de s’abstenir. Car, pour pouvoir harmoniser les pièces électorales, il faudrait signer à la place des absents sur les listes ce qui caractérise une usurpation d’identité.

 

Aussi, cette forte participation imaginaire déforme la réalité du scrutin, modifie la volonté des électeurs et leurs choix avéré visant à ne pas se rendre aux urnes. Le camp du OUI de la place jubile, se réjouit des résultats et de la victoire du OUI venant du manœuvre orchestré par la « haute classe ». C’est déplorable cette corruption électorale rendue banale sous nos badamiers.

 

Depuis 2016, Dr Djaza, président de la CENI est associé au 104% synonyme du manque de rigueur dans la compilation des résultats électoraux. A force de calibrer les directions de projecteurs vers le centre, on oublie ou faire semblant d’ignorer ce qui se passent dans nos villes. Cette année, c’est celle des présidents et membre des bureaux de vote qui ont réussi une prouesse, celle des votants imaginaires. Nous sommes en 2018, avec toutes les technologies d’information et de communication, les membres des bureaux devaient craindre toutes tentatives de fraudes, hélas. Ils savent que tous ces manœuvres seront connus très vite mais, couverts par une justice à sens unique, ils ferment les yeux et foncent.

 

C’est très inquiétant de constater que la tradition locale l’emporte sur le droit. Que ces membres de bureau de vote, formés, payés par l’argent du contribuable se mettent sous les ordres du notable du village. Où est la République ! A celles et ceux qui ont participé de près ou de loin à ce mascarade, cette corruption électorale à Banda-ntsini, Dieu vous a vus.

 

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