Des pères de famille comoriens ayant perdu le contrôle de leur sexualité
28 déc. 2024Des pères de famille comoriens ayant perdu le contrôle de leur sexualité
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Le phénomène des relations entre hommes plus âgés, souvent appelés “Sugar Daddies”, et des jeunes femmes attirées par des avantages financiers soulève des questions cruciales. Derrière l’apparente banalité de ces interactions se cachent des dynamiques préjudiciables pour les individus et pour la société.
Ces hommes, parfois mariés et pères de famille, exploitent leur pouvoir financier pour séduire des jeunes femmes. En échange d’argent ou de cadeaux, ils obtiennent des relations intimes. Si cela semble consensuel, il s’agit en réalité d’un échange monétisé qui reflète un déséquilibre profond. Ces pratiques renforcent une vision utilitariste des relations humaines, où les sentiments sont remplacés par des intérêts matériels.
Cette situation est symptomatique d’un malaise plus large. Dans un contexte marqué par des difficultés économiques et sociales, de nombreuses jeunes femmes se retrouvent à prioriser le gain rapide, parfois au détriment de leur dignité ou de leur avenir. Quant aux hommes, ils prennent le risque de détruire leur vie familiale pour des plaisirs éphémères, conscients de l’absence d’avenir dans ces relations.
Ces comportements reflètent un vide moral et affectif. Les jeunes femmes, souvent déjà engagées dans des relations sincères avec des partenaires de leur âge, ne recherchent pas d’attirance ou d’amour dans ces échanges. Pour elles, il s’agit principalement de répondre à des besoins matériels. Les hommes, de leur côté, justifient leurs actes en y voyant une forme de transaction sans conséquences, alors qu’ils participent à un cercle vicieux dégradant.
Le défi est de taille : au-delà des choix individuels, ce phénomène traduit des dysfonctionnements profonds dans nos structures sociales. Pour y remédier, il est essentiel d’ouvrir un débat sérieux sur ses causes et ses impacts. Une société qui valorise davantage l’éthique et les relations sincères pourrait limiter l’attrait de ces pratiques.
Quand l’argent et le désir sexuel changent les valeurs
Le manque de moyens pousse de nombreuses jeunes femmes à chercher des solutions rapides. Aujourd’hui, s’exhiber en ligne ou se filmer peut rapporter plus que de travailler dur. Cela les incite à se reposer sur leur apparence, convaincues que l’argent viendra sans effort.
Cette mentalité, répandue chez les jeunes générations, repose sur une sexualisation constante de la femme, un phénomène regrettable. Dès leur plus jeune âge, ces femmes prennent conscience de leur pouvoir de séduction, souvent renforcé par un développement physique précoce. À 20 ans, elles se maquillent comme des mannequins et adoptent des tenues étudiées pour attirer les regards.
Aux Comores, ce phénomène est encore plus visible. Malgré des conditions de vie difficiles, ces jeunes femmes aspirent à un mode de vie ostentatoire : voitures, brunchs à Moroni, sorties dans des lieux branchés comme Mocafé, et robes neuves pour les mariages. Elles recherchent une reconnaissance sociale en affichant un train de vie sophistiqué.
Pour y parvenir, certaines s’associent à des groupes d’entraide ou participent à des mtsango. Mais quand cela ne suffit pas, elles finissent par céder aux avances d’hommes mariés ou fortunés, prêts à répondre à leurs besoins en échange de faveurs. Dans ce contexte, l’argent facile devient une solution tentante pour maintenir ce mode de vie.
Ce phénomène soulève des questions sur les valeurs de notre société, la place des femmes, et les pressions sociales qui les poussent à faire de tels choix.
Aux Comores, les hommes mariés, souvent appelés “Sugar Daddies”, cèdent parfois à la tentation en recherchant auprès de jeunes femmes ce qu’ils ne trouvent plus dans leur foyer : nouveauté, énergie et attention. Ce comportement s’explique en partie par l’absence d’éducation sexuelle et de dialogue, le sexe restant un sujet tabou dans la société.
Ces hommes, généralement dans la cinquantaine ou la soixantaine, découvrent tardivement des aspects de leur sexualité qu’ils n’avaient jamais explorés. Pourtant, leur éloignement de la vie conjugale n’est pas toujours lié à un manque chez leurs partenaires, mais plutôt à une défaillance de communication dans le couple. Beaucoup pensent qu’assurer un rôle financier ou physique suffit à maintenir une relation, oubliant l’importance d’une connexion émotionnelle et d’une compréhension mutuelle.
En cherchant ces nouvelles sensations, certains mettent en péril leur mariage et leur équilibre familial. La tentation l’emporte souvent sur la raison, entraînant désunions, tensions sociales, et répercussions sur la communauté.
Mal compris ou ignoré, le sexe peut devenir une force destructrice. Briser les tabous et encourager une meilleure communication au sein des couples restent essentiels pour des relations solides et équilibrées.
Certaines jeunes femmes, attirées par l’argent, tombent dans un cercle vicieux où elles offrent sans cesse leurs services pour en obtenir davantage. Bien que majeures, ces relations révèlent une forme de corruption morale, surtout pour celles qui, à peine sorties du lycée, peinent à concilier études et ce mode de vie. Entre leurs relations avec des hommes influents, leur quête de célébrité locale à Moroni, et les attentes sociales, elles compromettent leur avenir.
Certaines n’hésitent pas à défier les épouses de leurs partenaires, lançant des provocations du genre : « C’est ton mari dans ton foyer, mais dehors, il n’est pas à toi. » Ces comportements, rappelant ceux de la série Maquisard de Marie Paule Adjé, illustrent le bouleversement des valeurs sociales.
Au-delà de ces comportements individuels, un climat d’instabilité s’installe. Les couples se brisent, et les enfants deviennent les premières victimes de ces tensions familiales. Les pères, censés incarner la sagesse, se laissent séduire par des jeunes femmes. Pendant ce temps, certaines mères, en quête de jeunesse, succombent à des hommes plus jeunes et dynamiques.
Paradoxalement, la jeunesse semble mieux informée sur la sexualité que leurs aînés grâce aux moyens modernes d’accès à l’information. Cependant, cette connaissance, souvent déconnectée des valeurs morales, entraîne des pratiques irresponsables. Le tabou persistant autour de la sexualité aux Comores empêche une véritable éducation sur le sujet, laissant les jeunes livrés à eux-mêmes.
Ce déséquilibre social et moral génère des situations troublantes. Certaines morts soudaines dans le pays suscitent des interrogations. Des rumeurs circulent, parfois sordides, sur des relations illégitimes qui se terminent mal, plongeant les protagonistes dans des situations tragiques. Ces récits, bien que rares, révèlent une réalité inquiétante où hypocrisie et transgression se côtoient dans une société musulmane.
L’autonomie et la dignité, boussole d’une société équilibrée
Il est urgent de questionner ces dérives et de réfléchir à des solutions pour rétablir un équilibre moral et social. Il faut offrir à la jeunesse des perspectives saines et un cadre éducatif solide.
Les comportements actuels de certains jeunes laissent douter de leur capacité à conduire le pays vers un avenir prometteur. Tandis que d’autres nations investissent dans l’innovation et le progrès, les Comores semblent prisonnières de préoccupations futiles, souvent centrées sur le sexe.
Des hommes respectés ont perdu leur honneur et des femmes leur dignité pour des situations qui auraient pu être gérées de manière mature et discrète. Bien que ces relations ne soient pas illégales, elles soulèvent de graves questions morales. Certaines peuvent être perçues comme de la prostitution déguisée, une pratique souvent interdite ou strictement régulée ailleurs.
Les conséquences sont graves : infections sexuellement transmissibles, grossesses non désirées et bébés abandonnés dans des conditions inhumaines. Ces actes révèlent des drames évités et des responsabilités ignorées.
Les répercussions affectent également les femmes mariées, souvent innocentes, qui se retrouvent humiliées, et les enfants, victimes d’un environnement toxique. Certains maris dilapident leurs ressources pour des relations extra-conjugales, exacerbant la misère et normalisant un mode de vie dangereux.
Il est urgent de repenser les priorités et de rétablir les valeurs fondamentales pour préserver l’avenir de la société.
Pour lutter contre ce phénomène, il est essentiel d’encourager les jeunes femmes à devenir autonomes et à subvenir à leurs besoins par des moyens légitimes, plutôt que de compter sur leur corps. Elles doivent apprendre à valoriser le travail et l’effort personnel. Parallèlement, il est crucial de promouvoir des relations saines, en incitant les hommes à honorer et respecter leurs épouses, à rester fidèles et à adopter un comportement digne de pères de famille.
La jeunesse, bien que parfois imprudente et impulsive, doit être guidée par la sagesse des générations précédentes. Les parents ont la responsabilité d’encadrer leurs enfants et de ne pas fuir leurs devoirs, afin d’éviter qu’ils ne se perdent dans des comportements destructeurs.
L’éducation sexuelle doit également jouer un rôle clé pour bâtir une société plus consciente et responsable. Des parents épanouis et équilibrés dans leur propre vie contribuent à protéger les jeunes contre les influences extérieures. Cette responsabilité incombe autant aux hommes qu’aux femmes des foyers.
L’autonomie est indispensable pour préserver la dignité des jeunes. Elles doivent comprendre qu’il est possible de vivre des expériences agréables et d’accéder à certains plaisirs matériels sans se compromettre. La dignité reste une valeur précieuse qu’il faut préserver à tout prix.
Enfin, ces dérives reflètent une perte de valeurs profondes. Si chacun était véritablement attaché à sa foi et respectait les principes divins, de telles réalités n’existeraient pas. Que Dieu guide les générations futures, les protège des tentations et leur accorde un travail honorable et respectueux.
HOUDAIDJY SAID ALI
Juriste Publiciste et Internationaliste
Paris – France