ENTRETIEN

COMORESplus s’est entretenu avec Ahmed Hachim Said Hassane. Ce politique de la nouvelle génération, candidat malheureux aux élections municipales de Moroni, nous fait un topo de son parcours politique et du climat politique actuel aux Comores.

COMORESplus : Ahmed Hachim Said Hassane, bonjour. Vous êtes un politique de la nouvelle génération, dont les premiers pas de l’engagement, sont aperçus depuis le mouvement Ngo’shawo. Au début du régime en place aux Comores, vous aviez subi des arrestations, en tout cas des gardes à vue. Le mois de mars 2025, de même, vous étiez placé en garde à vue. Quelle lecture faites-vous du pouvoir qui parfois, ne vous laisse pas en Paix ?

Ahmed HACHIM SAID HASSANE : Bonjour. Je vous remercie pour votre question mais tout d'abord je voudrais porter une petite correction. Je ne suis pas issu du mouvement Ngo’shawo même si c'est un mouvement que je respecte beaucoup par les activités qu'il mène. Mon engagement politique date de 1996 lors des élections présidentielles qui ont porté notre défunt Président Mohamed Taki Abdoulkarim à la tête de l’Etat. Concernant, les nombreuses arrestations subies avec ce régime, ce n'est rien d'autres que les péripéties de la vie politique en Afrique. Toutefois ma dernière arrestation du mois de mars, a été liée à une dette que ma société a contractée auprès de l'Onicor après une opération de vente de riz. Alors cela n'est rien d'autre qu'une « punition » politique de la part de certains caciques du pouvoir.

CP : Lors des dernières présidentielles, précisément en janvier 2024, vous faisiez partie de la mouvance présidentielle. Et même certains vous ont estampillé CRC comme certains jeunes. Alors comment allez-vous expliquer votre engagement et votre retrait de cette composition.

AHSH : Je n'ai jamais été estampillé CRC du moins pas à ma connaissance. Toutefois,  j'ai saisi la main tendue de certains pour rejoindre le régime qui parlait d'unité nationale, d'une vision prometteuse pour le pays et d'une vraie implication des jeunes dans les politiques du pays. Mais au fil du temps, je me suis rendu compte que nous avons à faire à une secte qui est capable de tout pour protéger ses intérêts personnels et non les intérêts des citoyens comoriens. Et j'ai rapidement compris, que ce qu'on m'avait vendu n'était que du vent et que je n'avais pas ma place auprès de ces gens, étant donné qu'on ne partage pas les mêmes valeurs ni la même vision politique. D'où ma décision de me retirer du régime et de la mouvance présidentielle.

CP : Pendant les dernières élections communales, vous vous portiez candidat à la Mairie de Moroni. Que dites-vous du choix du nouveau Maire de la Capitale, Mr Mohamed Ahmada, issu de la CRC, parti au pouvoir avec 43,12%, alors que votre liste n’a eu qu’un seul conseiller ? Votre message n’a pas été compris ou le Maire élu est le choix parfait des moroniens ?

AHSH : Un maire élu où un maire nommé ? Eux-mêmes le savent très bien qu'ils n'ont jamais atteint ce score et que la mobilisation était de plus en plus faible. Toutefois, j'ai le plus grand respect pour monsieur Mohamed Ahamada étant donné que c'est un des grands administrateurs de ce pays et que j'espère sincèrement qu'il pourra apporter quelque chose de positif dans la gestion de la mairie de Moroni. Aussi, étant donné qu'il est issu du parti au pouvoir, j'espère que le gouvernement aura l'intelligence de l'accompagner.

CP : Faisant une vue superficielle et globale de votre parcours politique, on constate que votre position est Ambigüe. Donc mi-pouvoir, mi-régime. Pourriez-vous clarifier ce positionnement ?

AHSH : Je n'ai aucune ambiguïté et ma position a tjrs été claire, donc sans équivoque. J'avais fait un choix de rejoindre le régime en place mais au final, je me suis rendu compte que c'était une terrible erreur politique d'avoir fait ce choix et que je n'ai pas ma place au sein de ce régime. Que mes valeurs et ma vision politique ne sont pas les mêmes. Je le répète. D'où mon choix de me retirer et de retourner la où j'étais.

CP : Le 02 avril 2025, on vous a cerné au premier plan lors d’une conférence de presse de l’opposition parlementaire. Vous faites partie de cette alliance ou non ? Si oui, quelle réponse donnez-vous à ceux qui doutent de cette alliance avec Mzimba à sa tête en qualifiant cette alliance No’or de cheval de bataille du pouvoir en place ? Si non, pourquoi votre présence dans cet ensemble ?

AHSH : Il ne faut pas qu'il y ait des confusions. L'alliance No'or est un rassemblement des élus non issus de la CRC tout simplement. Certains sont des élus indépendants et d'autres des élus issus d'autres partis ou mouvements politiques. Maintenant si certains ont des doutes par rapport à Mzimba qui est à la tête de cette alliance, l'avenir nous le dira sur ses réelles intentions.

CP : Quel regard politique portez-vous sur vos anciens compagnons de route : Ngo’shawo, dont certains viennent de créer le mouvement USHE ?

AHSH : Je pense que c'est la volonté de certains acteurs de Ngo’shawo qui veulent peut-être réinventer la politique comorienne, de proposer une alternative à ce qui existe déjà et de représenter une nouvelle génération d'acteurs politiques. Si le mouvement USHE, met en avant des idées de solidarité et d'harmonie, cela pourrait indiquer une tentative de répondre à la fragmentation du paysage politique comorien, de proposer des solutions consensuelles et de travailler sur l'unité nationale dans un contexte souvent marqué par des clivages politiques et sociaux. En tout cas je leur souhaite bon vent.

CP : Que pensez-vous du Renouveau, dérivé de l’émergence 2030, après neuf ans de pouvoir, et à cinq ans de 2030. Tout avec l’état de ruine dans lequel les Comores se trouvent depuis moins de dix ans ?

AHSH : Comme le dit souvent Paul Charles Delapyerre, c'est juste de la politique événementielle et c'est tout. Ça fait plus de 5 ans que le fils… a le plein pouvoir avec son petit clan du renouveau. Et les réalités actuelles ne permettent pas de dire qu'on est sur la bonne voie pour atteindre l'émergence en 2030. Les problèmes de gouvernance, de gestion des ressources et de manque d'infrastructures de base, sont encore trop importants. Peut-être pour qu'ils y arrivent, le Renouveau doit être accompagné d'une gestion plus rigoureuse et d'une attention accrue aux besoins des citoyens.

CP : Il y a neuf mois depuis qu’un gouvernement en majorité des jeunes inexpérimentés est formé. Des nombreux comoriens le conçoivent stationnaire… quelle est votre vision par rapport à l’état de ce gouvernement ?

AHSH: Un gouvernement jeune a souvent besoin de temps pour trouver son rythme et démontrer son efficacité. Toutefois, il doit aussi agir rapidement pour éviter de perdre le soutien populaire, notamment face à des attentes élevées en matière de développement et de progrès social. Or, on a l'impression que ce gouvernement est paralysé et que tout revient au secrétariat général du gouvernement pour donner le tempo...

CP : Ahmed Hachim Said Hassane, Merci.

AHSH : Je vous remercie également.


Propos recueillis par Said Yassine Said Ahmed

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