COMORES : SUSPENSION DU DG DES IMPÔTS PAR LE MINISTRE DES FINANCES, UN RESSENTIMENT QUI DEPASSE LES ARCANES POLITIQUES.

Par arrêté ministériel n°25-027 du 9 mai 2025, le ministre des finances du régime en place aux Comores a suspendu le Directeur Général des Impôts et le remplace par son Adjoint. Donc suspendu, Ahmed Djaffar est remplacé par Houssamidine Mohamed Ali, en attendant la nomination d’un nouveau DGI. Selon cet arrêté ministériel, cette suspension est motivée par les raisons suivantes : « 1. Résultats insatisfaisants, liés à la collecte des recettes fiscales, sous la direction du désormais ex-DGI pour l’année fiscale 2024 et au 1er trimestre 2025. 2. Manque de collaboration d’Ahmed Djaffar avec les autres directions pour faciliter les travaux et la politique de la transparence. Enfin 3. Ahmed Djaffar a été entendu par le ministre des finances concernant ces faits et que les éléments ont confirmé le manque de performance résultant des objectifs fixés ».Avec ces raisons avancées dans l’arrêté, le paradoxe se confirme. Et même cela suscite de nombreuses interrogations chez des nombreux comoriens. Et pourtant selon les acteurs et observateurs au sein du régime tyrannique, le travail est jugé salutaire.

« Dans les coulisses du pouvoir, le ressentiment fraternel »

Comment ces arguments pourraient s’avérer valables et convaincants, alors que dans un article publié dans la page facebook du Ministère des Finances, du Budget et du Secteur Bancaire le 20 novembre 2024, il est mentionné qu’« En ce qui concerne les projections financières pour 2025, ces derniers révèlent une augmentation des recettes de 10,08 % par rapport à 2024, indiquant une anticipation d'amélioration dans la collecte des revenus fiscaux...» Mais desquelles recettes parle-t-on, alors si ce ne sont pas celles de l’Etat ? Cet arrêté du 9 mai 2025, suscite plusieurs interrogations. Des nombreux comoriens se penchent sur les nuages qui couvrent cette affaire, afin de trouver les causes motivant cet arrêté, en tout cas cette suspension. Les uns parlent d’un conflit interne dans le pouvoir en place bien sûr, les autres évoquent un ressentiment qui anime le ministre des Finances Abdourazak Ibrahim envers le désormais ex-Directeur Général des Impôts, Ahmed Djaffar. Selon les voyants qui s’allument au rouge, certaines mains invisibles sont apprêtées pour enfoncer d’avantage Ahmed Djaffar beaucoup plus profond. Un peu à la chute de Dominique Strauss-Kahn, ou affaire du Sofitel de New York dont ses collègues et compagnons étaient à la fois responsables et complices jusqu’en au 23 aout 2011, que les charges pesant sur lui, ont été abandonnées.

« L’indécision et l’incohérence ne rendent jamais crédible »

Alors moment où la direction générale des impôts est l’entreprise de l’État ayant la charge de collecter les recettes, deux appréciations à contre-courant pour une seule personne en l’occurrence le ministre tutelle, se confrontent. Le fatras qui rend absurde: « augmentation des recettes de 10,08 % par rapport à 2024… contre…Résultats insatisfaisants, liés à la collecte des recettes fiscales… » Deux évaluations opposées par un seul homme sur le même fait. Comment peut-on croire en la sincérité du Ministre et de son arrêté avec ce désordre ? Autre fait qui parait aussi inadéquat : comment dans un régime qui se respecte, un arrêté ministériel peut suspendre un Directeur général nommé par décret présidentiel et pourtant les deux nommés par décrets présidentiels ? Cela ne peut se trouver que dans un régime dont les composants ont la phobie du respect et de probité. Ceci fait suite à des publications d’il y a un mois et quelques jours, dans les réseaux sociaux. Des accusations dont ce même DGI faisait l’objet. Quelques milliards dont les chiffres étaient instables auraient été détournés...C’est une affaire dont la lourdeur mérite une lumière. Tout visiblement débutait quand dans les échos d’un remaniement ministériel du mois d’avril dernier, Ahmed Djaffar a été largement cité comme successeur d’Abdourazak au poste de Ministre des finances. Donc un clan, s’est cru intelligent et invisible, a mis à sa disposition des  tireurs embusqués médiatiques pour affaiblir cet élan. C’est ainsi que dans les réseaux sociaux, pullulaient des accusations de détournements de fonds publics portées contre l’ex-Directeur Général des impôts. Comment s’abstenir de considérer cette affaire de personnelle, alors que les accusations ont été portées sur trois personnes et les deux sont maintenues à leurs postes ? Ali Hamadi, receveur central des impôts et Ilyass Said Ahmed, conseiller spécial au ministère des finances. C’est autre que politique.

« Et pourtant c’est officiellement dit…»

Dans un article publié du journal Alwatwan paru le 06 décembre 2024, est marqué ceci « Le ministre des Finances a d’abord exposé les prévisions budgétaires, en mettant en avant « une hausse significative des recettes estimées à 133 131 076 782 francs », soit « une augmentation de 18,89 % par rapport à 2024 ». C’était dans une conférence de presse qu’il l’a accordée avec le SG du Gouvernement. Toujours les affirmations du Ministre « Une partie importante de ces recettes, équivalant à 72 910 709 513 francs, proviendra des ressources intérieures, ce qui représente une progression de 9,12 %. ». Et pourtant comme susmentionné, seul le DGI qui est le seul à collecté des recettes aux Comores. Pour un régime qui se respecte, pour un ministre qui se veut rigoureux, la cohérence doit impérativement être au menu. Ce ministre des finances, qui le lendemain des accusations a sorti un communiqué démenti dont voici un extrait« … Le ministre déplore fermement ces comportements irresponsables qui visent à ternir l’image de l’institution ainsi que celles de certaines personnalités publiques… ». Sans doute cette affaire n’a pas l’air de connaitre une courte durée.

Said Yassine Said Ahmed

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