LA DIPLOMATIE N’EST PAS UN SPECTACLE
30 oct. 2025/image%2F1385848%2F20251030%2Fob_2696c0_image-1385848-20251030-ob-61b1cf-om.png)
Par Said Yassine Said Ahmed
Ces derniers temps, le comportement de certains représentants diplomatiques de la France aux Comores soulève des interrogations légitimes. Si la diplomatie repose sur le dialogue, la coopération et le respect mutuel, elle ne saurait se confondre avec la familiarité, la légèreté ou la moquerie. « Zincee zanazi na hubihanya unga wamakandazi » ne fait pas honneur. Et voilà qu’aujourd’hui, certains prennent cela pour un exploit, comme si côtoyer un ambassadeur devenu familier était une victoire sociale. La diplomatie n’est pas un terrain de popularité. Ce n’est pas une compétition d’amitiés ni une course à qui posera le mieux sur la photo. C’est une mission d’État, encadrée, sérieuse et porteuse d’enjeux bien plus grands que les plaisanteries de salon. Une mission surtout doit être connue par le pays hôte. Et si avec Azali et Mbae Mohamed, les Comores en étaient un ? Passons.
Une fonction noble, des devoirs précis
Le rôle d’un ambassadeur est clair : entretenir et renforcer les relations bilatérales entre son pays et l’État hôte. Il agit comme le visage officiel de son gouvernement, chargé de promouvoir la politique étrangère, d’appuyer les partenariats économiques et culturels, et de défendre les intérêts communs dans le respect de la souveraineté nationale. Cependant, il semble que ces principes, pourtant fondamentaux, soient parfois mis de côté. Certains comportements récents observés sur notre territoire donnent l’impression d’une diplomatie fourvoyée, où la proximité et la distraction prennent le pas sur la retenue et la dignité propres à la fonction. Nyumadzaha Bambao, Ntsudjini, Moroni, Moheli… sont les témoins indubitables. L’ambassadeur reçoit dans son bureau. Il reçoit sur rendez-vous. Et surtout, il demeure dans la circonspection. Point. Le rôle d’un diplomate n’est pas de se mêler aux affaires locales ni de se fondre dans le quotidien du peuple. Il représente un État, pas une camaraderie. Passons.
La souveraineté comorienne avant tout
Les Comores ne rejettent ni la coopération ni l’amitié entre les peuples. Notre pays a toujours été ouvert au dialogue, à l’échange et à la fraternité internationale. Mais l’ouverture ne doit pas signifier l’effacement. La souveraineté d’un État se mesure aussi à sa capacité à préserver ses valeurs, ses coutumes et ses espaces d’intimité sociale. Les visites et interactions des diplomates étrangers dans les localités comoriennes doivent se faire dans le respect des usages diplomatiques et des cadres officiels, non à travers des amitiés privées ou des initiatives personnelles. S’inviter dans les foyers ou dans des communautés par connivence ne relève pas du rôle d’un ambassadeur. Ces pratiques, au-delà de leur caractère inhabituel, peuvent fragiliser la confiance entre les institutions et les populations. Passons.
Le respect, fondement de toute relation diplomatique
Il est essentiel de rappeler que le respect d’un pays commence par celui de ses symboles, de ses traditions et de sa pudeur collective. Le respect de notre nation ne viendra pas seulement de l’extérieur. Il doit commencer aux habitants eux-mêmes, dans leurs attitudes. Les Comoriens, et surtout les cadres, doivent comprendre qu’en se complaisant dans ce jeu, ils cautionnent une diplomatie dévaluée une marque au rabais d’un peuple autrefois souverain. Les Comores ne sont pas un simple décor exotique, mais une nation souveraine, avec une identité et une dignité qu’il convient de considérer avec la plus grande délicatesse. Les relations franco-comoriennes sont anciennes et précieuses. Elles ne doivent en aucun cas être affaiblies par des comportements individuels. Passons.
Pour une diplomatie responsable et respectueuse
La diplomatie ne se joue pas sur les réseaux sociaux, dans les salons privés ou dans les ruelles des villages, dans les places publiques; elle se construit dans les chancelleries, autour des tables de dialogue et à travers des actions mutuellement bénéfiques. Il est temps de réaffirmer ce principe. Nos autorités doivent veiller à ce que la présence diplomatique étrangère aux Comores se fasse dans le respect des règles établies et de la dignité nationale. Les Comores sont un pays, un État, une Nation, même si pauvre qu’il est. L’amitié entre des têtes individuelles et des diplomates ne saurait primer sur la pudeur d’un pays ni sur le respect de ses fondements. La diplomatie doit redevenir ce qu’elle a toujours été : un art du respect, et non une scène de moquerie et de distraction. Le ministre des Affaires étrangères comorien, doit s’impliquer étant concerné pour l’image d’un pays digne de ce nom.
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