IMAG0054Ca pourrait ne plus être d'actualité, mais on ne peut non plus s'en passer. Il y a plus de deux semaines l'affaire Boléro et wa ngazidja pullule dans l'espace médiatique et l'opinion publique comoriens. Les uns qualifient les autres d’être en tort, les autres qualifient les uns de manipulés. Et même de plus belles plumes des co-insulaires se manifestent. L'histoire du tracte du comité maorais a fait son jet d'encre ayant quand même fait trembler le paysage socio-politique de nos îles. « Iki, premier président des Comores issu de Mohéli, Iki premier président qui a capitulé sur la question de l'île comorienne de Mayotte ». Tels sont les mots directeurs du texte du comité maorais. Nombreux sont les comoriens qui ont suivi l'entretien entre le dircab du président Ikililou et Ben Abou Said, journaliste attitré du régime et spécialiste en BO-MA (Boléro-Mamadou) dans une émission intitulée « Nkoi-dzitso ».

 

Rappelons-le très bien que cette émission n'a que deux personnes privilégiées, le VP Mamadou et Boléro, directeur du cabinet du chef de l'Etat même si ces deux têtes s'aiment qu’un peu mais se tolèrent malgré eux. Mais rien d’étonnant qu’une émission exclusive ne soit la chasse gardée de ce duo. Ceux qui se souviennent du règne du parti Mwangaza sous Djohar, comprendront très bien que le directeur de l'ORTC ancien membre de ce défunt parti ne peut procéder autrement que ce dont il a l'habitude. Comme a fait Mwangaza, personne n'a le droit de s'exprimer sur les ondes nationales si on ne fait pas partie du régime. Donc une incurable obsession.

Des propos, pas innocents.

Boléro s'est bel et bien exprimé avec une couleur Mohélienne mais non comorienne. Cela n'est pas de séparatisme. Et de ça personne n'en parle. « Le ministre Russe a dit que la France n'a aucune leçon à lui donner avec la question de l'Ukraine au moment où l'île de Mayotte est dans l'occupation française. Alors Mr Hamada Madi Boléro où peut-on vous placer ? Ancien étudiant en Ukraine. Alors au côté de la Russie, de l'Ukraine, ou de la France ? » Telle est la question de Ben Abdou. « Le temps de faire le mauvais compte de nos îles est venu? Oui, supposons qu’ Ikililou a capitulé. Et si on parle de Said Mohamed Cheik, n'est-ce pas le premier qui nous a fait découvrir le séparatisme et qui vient de Ngazidja ? C'est lui qui a transféré la capitale de Mayotte à Ngazidja. Donc le premier qui nous a mis dans cette guerre. Le premier président qui nous a fait un coup d'Etat Ali soilihi. Et les wan gazidja pensent que ce pays leur appartient tous seuls ? Donc, les premiers à faire du mal dans ce pays, ce sont eux. », Répondait ainsi Boléro. Par ce dernier, la responsabilité de la déstabilisation des Comores, notamment le séparatisme vient de ces deux présidents originaires de Ngazidja. Cela a irrité les notables de Ngazidja et qui demandaient à ce que le chef de l'Etat agisse au sujet de ces propos de scissionnisme ténus sans gêne par le dircab. En réalité, aucune erreur. Les propos de Boléro ne sont pas anodins. Des doses biens calculées pour faire colorier une autre page. Oui dans sa tête il a su que rien ne peut se produire à son encontre. La preuve est là, personne n'aurait cru que Ikililou allait le prendre pour travailler ensemble.

Notables et Notes-tables.

Bref, après une première rencontre des notables de Ngazidja, parmi lesquels des anciens ministres donc des hommes ayant servis l’Etat, ceux-ci ont manifesté avec la valeur nationale. Ali Bazi Sélim, Said Hassane Said Hachim, Mougni Abdallah, Ahmed Boucharafa, Ali Aziri, pour ne citer qu’eux. Dans cette rencontre, Ali Bazi Sélim a haussé le ton d'une manière incomparable, en voulant que le chef de l'Etat se penche sur l'affaire Boléro et wa Ngazidja. Quelques jours après, ils étaient reçus à Mdrodju par le gouverneur Mouigni baraka. Et là encore la ficelle est tirée.

 

C'est ainsi qu'Ibouroi Cheha au nom de «je ne sais quels sages», a reporté le rassemblement devant se produire à Moroni le lendemain de cette rencontre. Et voilà Iki de retour d'une visite à l’étranger. Une foule nombreuse d’ hommes en tenues traditionnelles se pressentait à la première heure pour sauver le soldat Boléro. Entouré de ces hommes ou une autre couche de notables, le dircab avait le cœur qui battait moins. Des dires circulent avec médiocrité que des manœuvres du gouverneur de l'île de Ngazidja et de quelques uns de ses amis notamment du régime insulaire, ont pu sauver l'enfant de Bongoma. Le chef de l'Etat atterrissant à l'Aéroport avec une mine grise, devrait reprendre son sourire, voyant des hommes en tenues traditionnelles lui serrer la main après être menacé par le pouvoir charismatique même si affaibli par quelques discordes.

A malin, malin et demi

En fin, qu'est-ce qu'on peut coller à cette affaire ? Pourquoi Boléro a fait délibérément cette provocation ? Deux hypothèses pourraient s’avérer. La première, il s'agirait d'inciter un mouvement de contestation pouvant aboutir à une seconde dislocation, pour que le constitutionnaliste qu'il est, soit utile à nouveau. Deuxième hypothèse, ça pourrait être dans le but de désorienter un sujet qui sans doute puisse être grave. La participation de l'île comorienne de Mayotte dans la COI. Le régime a intérêt que cette question passe sans tambour ni trompette. Ça pourrait alors être un train qui cache un autre. Le 26 Juillet 2014, a lieu le prochain sommet de la COI, et pour que cette intégration de l'île comorienne de Mayotte en tant qu'une partie détachante des Comores et dont le régime en place a une part de responsabilité ne passe pas tambour battant, il faut soulever de la poudre, donc un autre sujet qui puisse préoccuper la population. L’art de la diversion.

 

Enfin, jusque ces jours aucune réaction des notables du poids qui ont sans doute initié cette indignation. Après avoir fait une vue superficielle et globale dans l'accueil d'Ikililou Dhoinine à l'Aéroport Prince Said Ibrahim, aucun d'eux n'a fait figure de contestataire. Cette classe bien connue par son poids a été bien absente et sans doute laissé la place à une autre couche. Alors, une guerre qui continue, un combat abandonné ou usurpation de pouvoir de notabilité ?

 

SAID YASSINE Said Ahmed

COMORESplus

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