AFFAIRE D’IKONI, DES ENFANTS INOCENTS EN PRISON, SACRIFIES POUR REMPLIR LES URNES
20 avr. 2014Il y a quelques jours, le Garde des sceaux comorien, a convoqué quelques têtes de la ville d’Ikoni dans un de ses locaux. Mais préalablement, le but de cette rencontre n’a pas été connu par certains intéressés bien entendu. Cependant avec la confiance dont Madame le maire inspire à certains, les pris au dépourvu ont fini par répondre à cet appel dont le médiateur n’a été autre que ce magistrat suprême de la commune de Bambao ya Mbwani. Ce qu’il faut noter est que cette rencontre fait suite à l’affaire apocalyptique des nuits noires d’Ikoni, du 23/24 décembre 2012 et 26 janvier 2013. Les deux parties conflictuelles étaient présentes au rendez-vous, en tout cas à l’appel du Garde des Sceaux.
En présence de Mme Mze Mmadi Mariama, maire de la commune de Bambao ya Mbwani le Garde des Sceaux, ministre de la justice a ouvert la rencontre en exposant le sujet : « Je vous ai fait venir ici, pour étudier ensemble le cas des enfants mis en prison depuis bientôt deux ans. Et sachons que certains parmi eux sont des innocents et des commanditaires circulent sans peine ni rien. Donc, j’aimerais bien que nous fassions une conciliation afin de libérer tous les enfants enfermés pour l’affaire d’Ikoni, sans exception…». Tout de suite, cette parole a été bien accueillie avec enthousiasme par quelques uns de la délégation, des deux côtés. Toutefois, un des composants de ces représentants, n’a pas caché son indignation vis-à-vis de la parole du ministère de la justice et s’exprimait ainsi: « Nous sommes bien étourdis par cette proposition. Depuis quand, on appelle deux parties après procès pour un arrangement ? Vous les avez jugés, vous les avez condamnés, à tort ou à raison. Et si à chacun son avis, qu’ils purgent leurs peines, sinon, faites ce que vous voulez car c’est vous les autorités juridiques… ».Sans doute ce rejet de l’adhésion déplaisait plus d’un des participants. Et là c’est la débandade.
Des prisonniers contre des voix de vote
Mais, en réalité quel effort épaulé par la justice comorienne au sujet de l’affaire d’Ikoni ? Le ministre de la justice, sait très bien que des commanditaires circulent, et qu’est-ce qu’il l’empêche d’user son autorité afin de dénicher ces présumés commanditaires ? Et pourquoi enfermer des innocents en prison, dont la plupart sont des mineurs lors du fait ? Nous déplorons l’incarcération de ces innocents. Ce qui fait qu’il faut qu’ils gagnent leur liberté le plus vite possible, mais pas en échange des bulletins de vote. Il faut ensuite qu’ils soient remplacés par les commanditaires évoqués par le ministère de justice sur cette affaire. Car libérer des prisonniers contre des bulletins de vote deviennent monnaie courante aux Comores, nous devons rester sceptiques et prudents. L’affaire de Vouvouni, dont des assassins sont libérés de dawedju en échange des bulletins pour l’élection du député de Bambao, la veille des législatives de 2009, n’est pas loin d’avoir son équivalent.
Certes au moment où Novembre 2014 s’approche et que les municipales et les législatives auront lieu à cette date avec un climat qui s’annonce difficile à Ikoni, il faut à tout prix sacrifier ces innocents pour les urnes. Au profit de qui, on ne sait rien. Et ça, c’est un crime contre une ville toute entière et contre des enfants qui devraient être innocentés mais laissés en prison pour les utiliser à des fins démagogiques et personnelles. Personne n’est contre la libération des innocents, on en veut tous. Mais les prendre pour de perche, donc un appât pour pêcher des voix de électorales, c’est inadmissible. Ce ne sont pas des boucs émissaires. Ce sont des enfants innocents. Car Mme la Maire s’est impliquée dans cette affaire de libération de tous les enfants sans démêler lesquels doivent être sortis étant innocents et lesquels doivent subir la peine, la municipalité de Bambao ya Mbwani a une part de responsabilité… dans l’avenir de cette ville d’Ikoni, chef lieu de la Commune.
Ce qu’on attendait de la municipalité
On attendait de cette municipalité, la dénonciation des évadés de la prison, des enfants jugés, infligés une peine. Ils se sont évadés de la prison et se trouvent sans aucune inquiétude ni moindre souci à Ikoni. Il est impossible que l’équipe de cette municipalité, la maire de la commune n’ont jamais croisé ces frôleurs de loi et qui continuent à jouir d’une liberté illégale. Donc, dans un premier temps, s’il y a souci, il faut que ces évadés qui ne se trouvent à un autre endroit qu’Ikoni, soient ramenés en prison. Le ministère de la justice de même a beaucoup contribué dans cette injustice qui s’ajoute aux massacres juridiques opérés par le procureur général et l’ancien procureur de la république ainsi que l’ancien ministre de l’intérieur Hamada Abdallah, désireux de l’anéantissement de la ville d’Ikoni. Etant au courant de cette évasion, aucune enquête ni poursuite n’ont été menées. Sans doute cette évasion a été cautionnée par des responsables ikoniens ainsi que ceux de l’Etat notamment des hautes de la justice. Encore une fois, pour la pêche des voix électorales. Au profit de qui, on ne sait rien.
Enfin, les tentatives de déstabilisation, sans doute dont des enfants d’Ikoni, prétendus intelligents et qui sont manipulés par des gens du régime en place, soit avec ou sans conscience, n’est pas un fait sans aperçu. Les rencontres en tapinois, suivies des petites promesses mesquines, juste pour que la ville soit rendue en morceau afin de servir de fief ne sont pas méconnues. Oui, une force externe, prétendant de 2016. Mais comment peut-on prétendre aimer sa ville, comment peut-prétendre y avoir des responsabilités… et partir en même temps la vendre ailleurs ? Sans doute, ce qui se dessine à Ikoni aujourd’hui est pire que le temps d’apocalypse d’il y a bientôt deux ans. Des fins personnelles, des intérêts démagogiques et égoïstes… et voilà une ville historique rendue en ruine par les politiques à l’aide de quelques uns de ses enfants.
SAID YASSINE Said Ahmed
COMORESplus