Dans les nuits du 23/24 décembre 2012 et du 26 janvier 2013 la ville d’Ikoni a connu des émeutes ayant causé des dégâts matériels importants. Des individus, jeunes natifs de cette localité soupçonnés d’y avoir pris part, sont arrêtés et mis en détention. Une instruction est certainement ouverte. Et c’est à la clôture de celle-ci qu’on saura si ceux-ci  seront déférés devant un juge ou si le procureur prononcera un non lieu.

C’est seulement après une décision judiciaire susceptible d’établir les responsabilités des uns et des autres que les ikoniens victimes de ces émeutes pourront enfin faire leur deuil. Les moult réconciliations initiées par la notabilité et les chefs religieux sous la houlette du ministre de l’intérieur, lequel n’a pas manqué de se mettre en avant, ont certainement pu aider à calmer les esprits, mais ne pourront jamais se substituer à un procès en bonne et du forme. Tant que la justice ne se prononce, plus de véritable paix à Ikoni. Comment pardonner, comment oublier si après tant de dommages, aucune responsabilité n’est établie. Quelle paix peut-on aspirer si les responsables de ces émeutes et leurs complices, ainsi que les véritables instigateurs ne sont aucunement inquiétés et courent dans la nature. Instaurer une paix pérenne dans cette ville meurtrie, nécessite l’organisation d’un procès.

L’arrangement à l’amiable n’a pas lieu d’être

Le procureur de la République ne peut pas se défausser, comme il cherche à le faire depuis le début de cette affaire, en voulant la traiter à l’amiable. Monsieur le procureur ne doit pas oublier qu’on n’est pas dans une affaire de commerce de détail, mais dans une affaire pénale avec des victimes et des dommages. Les règles de médiation et d’arbitrage n’ont pas lieu d’être. Encore moins la médiation d’une notabilité, aussi respectueuse qu’elle soit. Comment une paix sans souder les âmes déchirées de victimes et des personnes dont les biens sont réduits à néants ? Un cas similaire de celui de la commune de djoumwashongo où le conflit né de l’installation de l’Hôtel de ville à Dzahani II a été à l’origine d’un important dégât.  Des maisons sont incendiées, une banque est partie en fumée… et jusque maintenant par laxisme juridique, les coupables et commanditaires jouissent de liberté.

Depuis que cette affaire est entre les mains de la justice, le procureur ne cesse d’étonner par ses revirements et autres diversions. Sa ferme volonté à extirper cette affaire à la justice frôle l’obsession. Il fait tout ce qu’il peut, y compris des moyens qui se départissent des missions qui sont la leur, pour que les ikoniens fassent un arrangement à l’amiable. « A cause de l’obstination de quelques notables qui refusent de se réconcilier, vous moisirez dans cette geôle.  Nombreux parmi vous sont des innocents mais aux yeux des ikoniens vous êtes coupables si liberté vôtre se fait vous risquez la vie dehors tant que la réconciliation ne se fait pas…». Ces paroles sont tombées dans la maison d’arrêt de Moroni, il y a quelques jours, mais il y’ a que les humains qui ont des oreilles. Les murs aussi en ont. Cette petite puce, était sous forme de dopage. Un dopage transmettant la souffrance aux jeunes et une souffrance qui a engendré le sentiment des mères dont les enfants séjournent dans les ténèbres. C’est ainsi que les détenus de l’affaire d’Ikoni ont entamé une grève de la faim. Avec un sentiment de neuf mois de grossesse… des bonnets sont vus… et voilà, un sable mouvant se cumule à Ikoni.

Et si procès se déroule ?

Depuis quelques semaines l’enquête a pris fin. Mais toujours le rebondissement constitue de frein et des revirements ? Où est le délit si la justice condamne des coupables reconnus comme tels par celle-ci ? Où est le délit si un innocent est déclaré innocent sans aucun rafraîchissement ? Et même si la ville tout entière partirait en taule parce qu’elle serait déclarée coupable c’est mieux, car ce serait déjà la victoire de la justice.  Même s’il y a aussi deux têtes d’un autre sommet qui nagent à contre vent pour tuer le procès dans l’œuf, tôt ou tard, les coupables, les commanditaires… qui se reconnaissent déjà et qui semblent rassurés, seront jugés et punis. Et les jeunes innocents de deux quartiers parmi ceux qui sont en prison seront lavés de ce soupçon plein de souillures.

Enfin, la loi en prévoyant que la mission du procureur consiste à rechercher et faire rechercher l'existence d'infractions (contraventions, délits et crimes) et de décider des suites à y donner, n’a pas dit qu’il doit contraindre les victimes et les inculpés à trouver une solution à l’amiable.

Laïla Said Omar

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