AFFAIRE D’IKONI, QUAND EST-CE QUE LA PAIX QUE NOUS AIMONS TOUS, VA CESSER D’ETRE PRISE POUR UN TREMPLIN ?
31 août 2014
On peut s’interroger. Pourquoi les conflits dans les différentes localités des Comores, notamment à Ngazidja, ne sont jamais résolus ? Depuis des lustres nos localités sont rentrées dans des conflits fratricides, entre quartiers, lignées… ou régions. Le problème ne se prend pas au sérieux et d’habitude, les antagonistes fuient leurs responsabilités d’éradiquer ces hostilités. On peut sérieusement penser que les autorités politiques, religieuses ou féodales tirent profit de ces conflits. Certains conflits illustrent parfaitement que c’est le cas.
« Un peu de rappel »
En 1991, Ikoni et Moroni se trouvaient en conflit foncier. Pendant des semaines, des dommages collatéraux, ont été enregistrés. Pour que la situation redevienne normale, il a fallu l’intervention des dignitaires de l’époque, de hinya « matsa pirusa », parmi lesquels, Cheik Ahmed Paket, Mkouboi Hassani, Aliwa Habdallah… tous réunis au bangweni de shadjuu… avec les wazee d’Ikoni de l’époque… pour une médiation. Une œuvre buccale, sans palabre ni études a pu en quelques heures apaiser le climat. Résultat : bombe à retardement, donc un conflit perpétuel. Et voilà depuis 1991, Ikoni et Moroni vivent en harmonie ironique. En 2010, pour cause de sport, des ressortissants des villes de Mitsoudje et Ikoni se sont battus et aucune autorité politique, qu’elle soit d’Ikoni ou de Mitsudje n’a levé le petit doigt. Toutefois, ces deux villes ont trouvé une harmonie probablement en fugace à cause de l’absence de dialogue devant mettre fin à ces différends dévastateurs. En 2010, Vouvouni et Mdé entraient en conflit, et on a même enregistré des morts de part et d’autre… et aucune autorité, ni locale ni nationale, ne se sentait concernée par ce drame. Mais voilà, la veille du deuxième tour des législatives de 2010, les auteurs du crime sont libérés en échange des bulletins de vote pour faire élire le député Mr Alhadhuri de Bambao. Les enfants de ces deux localités deviennent des ennemis jurés. Depuis décembre 2012 et janvier 2013, la ville d’Ikoni vit un climat nocif. Depuis, Ikoni est livrée à elle-même. Dès lors la gestion du conflit qui oppose les deux quartiers de cette ville a été confiée à des gens qui ont fait le grand mariage.
« Pas de Paix sans vérité »
D’un coté, on peut comprendre ceux qui veulent la paix à tout prix, même si elle ne résout en rien le litige. Le conflit d’Ikoni qui devient un enfant lépreux, ne peut être géré sans vérité et transparence. La ville n’a pas besoin d’un messie, seule la vérité peut suffire. Cette affaire, qui prend de l’intensité à chaque lever du soleil, ne peut être gérée sans stabilité. Nous connaissons bien la cause immédiate de ce conflit et même celle lointaine. Il serait plus honnête de faire confronter les antagonistes pour la gestion apaisée et prenne du conflit. Qu’on se dise en face ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas faire ou dire.
Comme on se l’est dit, les politiques comme les hommes à l’écharpe, du monde extérieur d’Ikoni ne peuvent rien accoucher de positif dans cette affaire. Avec l’aide des enfants d’Ikoni, ils arrivent cependant à mettre en péril la stabilité vacillante d’Ikoni. Où sont les Mzé Mouigni Abdallah, Said Hassane Said Hachim, Ali Azir, Said Omar, Charif Toihir bin Said Maulana, Hamada Mbae, Mohamed Soilihi, Issimaila Abdou, Dr Mouhtar, Mohamed Bun Charafa, Ali Bazi Selim… et consorts, depuis le 19 juin 2013, qu’ils se sont réunis au foyer Nour-el-djabal d’Ikoni pour une soi-disant paix à Ikoni ? Ils sont venus construire un château en Espagne aux Ikoniens. C’était après que Hamada Abdallah, alors ministre de l’intérieur, avait rédigé un pacte de Paix qu’il a lui-même violé. Ce fut juste un moyen de désengager le régime de ce conflit qu’il devait gérer.
Deux ans et demi se sont écoulés, et la ville d’Ikoni tombe en ruine, même si par orgueil certains refusent de voir la réalité. Et si l’on arrêtait l’orgueil malicieux ou naïf ? Comme nous sommes d’accord des embrouillaminis de Mamadou pour l’usure du conflit d’Ikoni, nous devons être d’accord que l’implication à quelques peu de temps des élections, dans la situation d’Ikoni des différentes autorités n’est pas innocente. Comme on est d’accord sur l’un, qu’on soit d’accord sur l’autre. Oui, Ikoni veut la paix, mais pas à n’importe quel prix. Pas celle conclue en 1991 entre ikoniens et moroniens, pas celle conclue à Ikoni en 1996, pas celle conclue le 19 juin 2013… à Ikoni, ni celle de mois de janvier 2013 par Hamada Abdallah à l’Assemblée Nationale.
« La paix ne peut venir à Ikoni que par les ikoniens »
Pourquoi, dans les interventions de ces « apôtres de la paix », il y a tant de mépris à l’égard des victimes ? Ne trouvent-ils pas que ce jeu pervers et plein d’égoïsme enfonce le clou ? Mille et une soi-disant interventions en faveur de la Paix, et jamais les mots « commanditaires et victimes » ne sont évoqués. En réalité, savent-ils qui, sont en conflit à Ikoni ? Qui, des coupables, a demandé pardon à une des victimes ? Mais cette paix, elle doit être de quelle forme ? Abandonner la justice de Napoléon et passer à celle du coran ? Oui le surgissement d’Azali le vendredi dernier pour cette « PAIX » à Ikoni, est un geste politiquement positif mais tardif. Dans ses dires, a-t-il pensé aux victimes, ou tout comme Sako, Mamadou, la municipalité… et les hommes à l’écharpe ? La Paix sans aucun contradictoire, la Paix au mépris des victimes, la paix au moment où les autres continuent de semer la zizanie en tapinois ? Déception ! De lui on attendait autre chose. On a cru que cet ancien chef de l’Etat… connaissant les enjeux et le devenir de la justice comorienne, proche du régime en place, lui même ayant des courtisans, des inconditionnels à Ikoni, allait diriger son discours vers la justice, une pensée aux victimes, vers la clarté des choses pour qu’on sache d’où vient le conflit, qui est responsable de quoi... pour que pareil climat ne se dessine plus jamais à Ikoni. Mais « ye djumwa idjao ngu nadjailie riswali ha usherehi ye amani ». Non, cela n’est pas digne d’une autorité pendante, un ancien chef d’Etat qui prétend redevenir président. En somme, c’est bien de la politique. Mais comme a dit Dafine Mmidjindze : « uwade unu nwende uni midze badi ngon’taabisho bo ndrerema ».
Il est temps que les enfants d’Ikoni prennent conscience de ce que font ces autorités... Il est temps de prendre conscience du statut particulier de la ville d’Ikoni depuis l’époque des sultans… certainement, il y a deux factions à Ikoni, Walozi et Wandrwansi, qui se querellent. Laissons le problème d’Ikoni aux familles victimes et aux auteurs qui sans doute peuvent dénoncer les commanditaires avec l’aide du coran. Qu’on se confronte, avec l’idée en tête que l’ennemi de la ville est ailleurs, même si des locaux qui les aident ne veulent pas l’entendre. Les postes promus ou promis… ne peuvent pas être une substance de dépendance. Il faut de la politique de sincérité mais non de joug. Ikoni est châtiée, Ikoni est estropiée… Ikoni veut se relever. Abandonnons l’orgueil selon lequel « Ikoni kedja diha ngiyo djadid ». Ne soyons pas naïfs. Que les deux factions se confrontent face à face pour se parler en vrai, et régler ce problème dévastateur.
SAID YASSINE Said Ahmed
COMORESplus