CHRONIQUE DES COMORES QUI MEURENT : Transition ou Tempo.
17 mai 2010Voilà que le Comores est à quelques jours de l’échéance présidentielle. Il apparait de plus en plus clair, aux yeux de ceux qui ne voulaient pas voir la réalité qui était en face, que le pays s’installe dans une dictature moderne, où élections, bavures policières et répréhension s’entre mêlent aux grands dames des donneurs de leçons de démocratie. Si personnellement, j’estime que l’évolution de cette fin de mandat s’inscrit dans la logique de la culture de ceux qui nous gouvernent, je suis persuadé que nous avançons à petit pas vers une échéance historique. La Cour constitutionnelle vient de rendre son verdict. Le mandat de Sambi prend fin le 26 mai 2010. Néanmoins, dans la deuxième partie de son arrêt, la Cour, après avoir constaté le vide constitutionnel né de son arrêt, par la volonté d’un congrès qui a privilégié ses intérêts au détriment de l’intérêt national, a dû s’accommoder une recommandation de sagesse à savoir : le maintien de Sambi en qualité de Président intérimaire. Les évènements qui en ont suivi, à commencer par les déboires de la Présidence avec l’Armée, suivis de ceux de la direction de Comores-Télécom, prouvent si besoin est, que Sambi est disqualifié malgré l’arrêt de la cour pour assumer les responsabilités suprêmes de la période d’Après 26 mai 2010. Il va de soi, que chacun d’entre nous se fait une idée de cette période incertaine. Le pays a échappé de justesse à une dictature moderne, mais n’est pas à l’abri d’une instabilité chronique.
Il est vrai, que notre peuple a souvent gâché des opportunités qui lui sont offerts, durant les 35 dernières années d’indépendance ; Mais cette échéance du 26 mai 2010, a une particularité singulière, par le fondement même de la « Tournante ». Dès lors que nous avons instauré un système qui donne le pouvoir aux habitants de chacune de nos îles, afin de garantir une équité entre notre population, la durée ne peut être à géomètre variable. Elle est de quatre ans pour tout le monde y compris la future présidence mohélienne. Compte tenu des dissonances que nous recevons ici et là, par des gens comme Chaher Ben S. Massoud , qui croient encore aux vertus des menaces et intimidations de séparatisme, au moment même où, le pays tire le bilan de deux Tournantes, il est du devoir de tout un chacun de rester vigilant. Nous ne devons combattre avec la Grande fermeté ces velléités séparatistes surtout si elles sont portés par ces séparatistes maladroits et malhonnêtes, qui continuent à agir en sous mains. Comme l’Etat Nation n’est pas une notion imaginaire, mais le reflet d’un pays avec ses prorogatifs régaliens, je me dois de faire quelques rappels à ces prêcheurs de la haine. En dix années de séparatisme, le bilan est sans équivoque. Les recettes de la Grande Comores sont passées de 8 milliards de FC avec Anjouan à 17 milliards sans Anjouan. Les engagements comoriens vis-à-vis des instances internationales sont assurés y compris le remboursement des investissements faits à Anjouan, sans Anjouan. Après la réconciliation de 2002, les recettes à Ngazidja sont passées à 24,5 milliards contre 3 milliards pour Anjouan et 600 millions pour Mohéli. En conséquence, il serait préférable à Chaher et les siens, de se rendre à Mohéli pour apprendre la gestion de l’Etat, au lieu de ces textes irresponsables. Pour mémoire, Mohéli qui est l’île la plus défavorisée en infrastructures, a vu ses recettes passées de 60 millions de Fc à 600 millions, c'est-à-dire à un équilibre budgétaire.
C’est donc sans complexe, que la bande à Chaher n’intimide personne. En reportant ces comparaisons sur les 30 dernières années, dont la période de gestion de Chaher, la contribution Anjouanaise au budget de la Nation varie de 8 à 12% alors que l’île abrite 42% de la population et la différence entre le taux de pauvreté est de moins de 500 FC entre les populations des îles. Pour revenir à l’échéance fatidique du 26 mai prochain, dès lors que les manœuvres de Sambi ces dernières heures le disqualifie pour assurer une transition paisible, toutes les voies sont donc ouvertes. Certains croient que des étrangers devaient faire le choix du Président intérimaire. Ils oublient qu’aucun étranger n’était à la Chambre des députés des Comores le 6 juillet 1975, au moment où nous avons décidé de prendre notre destin en main. Ils oublient qu’aucun étranger n’a défendu notre adhésion dans le concert des Nations. Le destin des Comores relève des Comoriens seuls. Ni l’OIF, ni l’UA, ni la Ligue des Etats Arabes, ni l’UE ne peuvent choisir en notre lieu et place le futur Président intérimaire.
Pour ma part, je crois profondément, qu’il serait sage, au lieu d’ouvrir une période intérimaire, d’ouvrir une période « tempo ». Une période qui, outre doit se consacrer à l’organisation des futures élections générales, mais aussi tirer les leçons des deux Tournantes, faire le partage équitable des compétences entre les institutions constitutionnelles, garantir leurs recettes en toute indépendance, supprimer les structures superflues comme les sociétés d’Etat, pour laisser la place à des structures régionales, donner le pouvoir aux Régions pour structurer des systèmes de protections sociales et lancer les Grands chantiers du Futur comme : l’Assainissement, l’Adduction d’eau potable, les Infrastructures routières, etc. Pour atteindre ces objectifs, nous devons faire confiance soit à l’AND, pour le choix du Président intérimaire soit à la diaspora comorienne. Ces deux structures ont le mérite d’avoir échappé à la gestion désastreuse des Affaires de l’Etat. Or, de là où elles sont, elles ont acquis des expériences dont peut bénéficié le pays, en cette période charnière.
MOHAMED CHANFIOU Mohamed.