Quelques jours après la fuite de Ben Ali, j'avais indiqué dans les colonnes du journal Al- Balad daté du 25 janvier 2011 et sur le blog Roinaka que ni l'accentuation de la répression ni la baisse du prix du riz et du sucre ne suffiraient pas pour étouffer les braises de la contestation et sauver les têtes des dirigeants arabes. Deux semaines plus tard, le 11 février 2011, le Raïs égyptien Moubarak qui, sur le ton de l'arrogance, avait pourtant refusé d'établir un quelconque parallèle entre la situation de son pays et celle de la Tunisie, abandonna à son tour le pouvoir. Aujourd'hui, c'est le Colonel Kadhafi qui risque de lui emboîter le pas. Lorsque l'on se rappelle que ce dernier fut le seul chef d'Etat à avoir osé apporter son soutien au président déchu tunisien on est tenté de dire qu'une sorte de malédiction s'abat sur les dirigeants qui ont méprisé les aspirations légitimes des Tunisiens ou minimisé la portée de leur révolution.

La baisse des prix des produits de première nécessité serait une bonne décision dans un autre contexte, celui d'une contestation à caractère social dans un régime démocratique. En effet, ce dernier offre aux citoyens l'espoir (ou entretient l'illusion) d'un changement de système lors d'élections libres. A contrario, dans les systèmes fermés que sont les monarchies absolues et les républiques héréditaires du monde arabe, les peuples ne peuvent pas se contenter de quelques subventions et attendre des parodies d'élections lorsqu'ils estiment que le rapport des forces est en leur faveur. Ils exigent tout et tout de suite.

Ces dirigeants qui promettent monts et merveilles à leurs peuples lorsque leurs pouvoirs vacillent au-dessus des précipices me font penser au Pharaon qui sur le point d'être englouti dit "je crois qu'il n'existe nul Dieu si ce n'est Celui en qui ont cru les fils d'Israël, je suis parmi ceux qui Lui sont soumis". (Verset 90 de Sourate Younous). Et auquel Allah répondit :"Maintenant (tu crois)! Alors que tu as désobéi auparavant et que tu fus parmi les corrupteurs!" (Verset 91 de Sourate Younous).

Abdourahamane Cheikh Ali

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