L’incertitude continue à planer sur l’organisation prochaine des élections présidentielles. L’UA et le gouvernement comorien s’accusent mutuellement de retard sur le versement des financements. Cette situation laisse encore une fois, le pays à la merci d’une instabilité organisée. Les institutions, qui devaient réguler le bon déroulement, étant dépourvues de moyens. L’armée comme à son habitude, se retranche derrière le plus fort, au détriment et au mépris de la loi. Une situation qu’il faudra s’habituer tant les sacrifices consenties par l’AND, et non reconnues par la classe politique et la population, sont nombreuses. Qui se souvient des 10 morts parmi les gendarmes et les hommes des FAC tués en 1989, après l’assassinat d’Ahmed Abdallah Abdérémane ? Qui se souvient des dizaines de morts au moment de la déportation de Saïd Mohamed Djohar ? Qui se souvient de l’Officier et du sergent, tués au cours du débarquement d’Anjouan en 1998 ? Tous ces hommes ne sont-ils pas morts pour la défense de la patrie ? Rien que cela, le comportement attentiste de l’AND se justifie. Le champ est donc resté libre aux adeptes de Pol Pot, pour multiplier ici et là les tribunes, pour anéantir les derniers espoirs, qui restent au Pays.

A ce sujet, la première est la dernière interview d’Abbas Djoussouf, qu’Idriss Mohamed s’est fait l’écho. A la lecture du texte, il est surprenant  que dans les notes personnelles rajoutées suite à ce qu’il aurait dit, le leader du Comité Mahorais, ait oublié l’acte principal de l’action politique du défunt. Si aujourd’hui encore, les Comores peuvent évoquer ici et là la question de l’île comorienne de Mayotte, n’est-ce pas parce que, le défunt Abbas Djoussouf, en septembre 1975, alors qu’il était Co-Délégué aux Affaires Etrangères dans le  Conseil Exécutif de la Révolution, a refusé de signer l’accord de transfert de souveraineté avec Valéry Giscard d’Estaing, tant qu’il ne sera pas mentionné, le contour géographique des Comores, dans son ensemble ? Oubli ou hypocrisie, à chacun de comprendre comme il peut, tant cette génération a déformé l’histoire contemporaine du pays.  En ce qui est de l’interview dans la Gazette, le Président ne trompe personne. Son discours est un leurre. Pendant quatre ans, il a omis d’évoquer la question ni de rechercher de solution. L’impact du discours, venant d’un intérimaire inconstitutionnel, est aux yeux de ceux qui l’ont écouté, sans effet. Il en est de même, d’ailleurs, pour la parade au gouvernement en exil de Mansoib, par un gouverneur intérimaire à Mayotte.

Si tel n’était pas le cas, en quoi cette annonce peut-elle contribuer à solutionner cette question alors que par le passé, les Comores ont connu le FROLIMA (Front de Libération de Mayotte) de 1975 à 1977. Pourquoi a-t-il échoué ? Les Comores ont eu un ministre des Affaires étrangères mahorais durant dix ans (Saïd Kafé) de 1979 à 1989 ? Qu’a-t-il pu changer aux Nations Unies ? Les Comores n’avaient-elles pas des ministres mahorais à son gouvernement jusqu’en 1994 ? Pourquoi le ministère a disparu ? Ces faits étant avérés, en quoi un gouverneur intérimaire, fut-ce née après 1975, peut-elle apportée de nouveau au combat pour la libération nationale ? Cette initiative n’est-elle pas un contre feu de paille, par rapport à l’initiative marseillaise de former un gouvernement en exil à la fin du mandat légitime du président Sambi 

D’un autre côté, l’intellectuel Aboubacar Saïd Salim vient de publier à son tour, une tribune, suite à la décision de la cour pénale internationale sur le Kosovo, et dans laquelle, il ne cache pas son désespoir sur un retour de Mayotte dans son giron naturel. Essayons de voir quelques éléments d’appréciation, en même temps que l’autre tribune d’Idriss Mohamed Chanfi intitulée : « Quelle souveraineté ».

Ces deux ex-dirigeants du FDC (Front Démocratique des Comores) découvrent que le monde a changé. Les frontières ont bougé, mais, ils ont tout le mal du monde à situer les problèmes dans leur contexte. Mayotte a été détaché de ses îles sœurs par un colonisateur alors que le Kosovo aspire à se détacher d’une Union artificielle crée par le Marechal Tito. La situation n’est donc pas comparable. Trente cinq ans viennent de passer, le discours sur la question capitale de Mayotte, est resté comme au premier jour. La marche en avant de la présence française sur l’île, n’est-elle pas liée à une méconnaissance de notre histoire ?

Les déformations volontaires de la réalité historique, en vue de nuire les adversaires, ainsi que l’absence de continuité dans les efforts déployés, ne sont-elles pas  à l’origine de cette stagnation ? J’ai toujours regretté cette falsification de notre histoire par les générations des Quadras et des Quinquas, pour des fins mesquines. Une simple réponse à chacune de ces questions, permet de comprendre, que l’on veut détourner les esprits de la question essentielle du devenir des Comores, et du rôle de chacun des acteurs sur son sort. Par rapport à la tribune « Quelle souveraineté », il serait intéressant que son auteur Idriss, explique pourquoi ce qu’il a refusé lui-même, hier, le serait aujourd’hui ?

Souvenez-vous, au lendemain du 6 juillet 1975. Ahmed Abdallah Abdérémane n’a-t-il pas lancé l’idée de constitution d’un gouvernement d’union nationale avec Ali Soilihi comme Premier Ministre ? Les travaux ont commencé chez feu Mohamed Ahmed, puis chez le Dr Turqui Saïd Bacar, et la dernière chez Abdérémane SIDI. Qui a refusé de participer ? N’est-ce pas camarade Idriss, le Front Patriotique composé du PASOCO et de l’ASEC dont vous étiez un des dirigeants ? Souvenez-vous, en novembre 1975, le Président Djaffar a décrété le départ de tous les français du territoire, en conséquence à la marche rose sur l’île de Mayotte ;  Le gouvernement d’Ali Soilihi, formé en janvier 1976, n’a-t-il pas fait appel à tous les Comoriens, pour un sursaut national en vue de combler le vide laissé par les expatriés ? L’ASEC d’Idriss et Mustapha, n’a-t-elle pas refusée, laissant aux lycéens que nous étions, les soins de relever le défi ?  Souvenez-vous, au début de la crise séparatiste Anjouano-Mohélienne. N’est-ce pas la délégation de l’opposition conduite par Mustapha Saïd Cheikh qui s’est alliée aux séparatistes lors de la première conférence d’Addis-Abeba ? (demander le discours de Mustapha Saïd Cheik). Souvenez-vous en mars 1999, n’est-ce pas Idriss Mohamed, chargé de mission du Premier ministre Abbas Djoussouf, qui a préparé le projet dit de réconciliation nationale, abandonné aux oubliettes pour n’avoir pas réussi à cerner aucun des enjeux de la conférence d’Antanarivo ? (demander le projet..)

Face à de telles hystéries et à un nationalisme de rue, les Comoriens d’en bas, sont en droit de demander des comptes à toute cette génération des 55-65 ans, source de la plupart des malheurs du pays. Car, pour celle qui est des 45-54 ans, ces nationalistes tombés dans la malédiction de la malhonnêteté et de l’insouciance, si la terre des Comores pouvait parler, çà serait un mépris épatent, tant beaucoup d’espoirs, reposaient sur elle. Quant aux moins de 45 ans, les sacrifiés de la République, ça serait par un regard tranché en guise d’avertissement, qu’elle aurait manifesté. Par rapport à Mayotte, aucun débat à une organisation que ce soit, n’apportera un début de réponse. Par contre, à partir du moment où Saïd Mohamed Cheikh et Ahmed Abdallah Abdérémane, tous deux méprisés par les Mahorais, Mohamed Taki, bête noire des socialistes français, Michel Debré et Pierre Messmer, militants acharnés du démantèlement des Comores, ne sont pas de ce monde, et que l’UDF est devenu un parti en lambeaux, une solution amiable est possible. Encore faut-il que les Comores trouvent un interlocuteur valable, et digne de confiance, pour que les 2 parties, ouvrent leurs cœurs, les yeux dans les yeux. Pour l’heure, la préoccupation principale du citoyen, est l’arrivée d’un Mustapha Kemal turque aux Comores, car là, peut-être, les Comoriens rentreraient dans l’ère temps, au lieu de se contenter de  mascarades électorales supplémentaires.

Paris le 4/03/2010.

Mohamed Chanfiou Mohamed.

 

 

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