COMORES, DE LA POLITIQUE DE CONVICTION A LA POLITIQUE DE COMPLICITE
16 sept. 2014
On dit que la politique c’est du mystère, mais aux Comores, la politique est devenue de la misère. Une misère dont n’est victime que le peuple auquel elle s’applique. Toutefois ce qu’on appelle des dinosaures… la génération 68, avaient leurs convictions. UDC (Vert) et RDPC (blanc). La politique se faisait avec croyance. Des années passent certains mouvements comme Mdranda/Umma, Pasoco, Molinaco… naissent. Et après le FNU, l’Udzima… Et toujours la conviction était de mise. Une politique bipolaire et objective.
Le 13 mai 1978, le parti UDZIMA prend le pouvoir, feu Ahmed Abdallah Abderemane, devient chef de l’Etat. En 1990, feu, Djohar est arrivé au pouvoir avec ce même parti. Un régime qui n’a pas fait longue durée. Renversé un an après et seul le chef de l’Etat qui a été rescapé de cette intrigue. Maintenu toujours à la tête du pays. Du coup, les choses ont pris une autre ampleur. Djohar au pouvoir. M. S. A. Mchangama, alors ministre de l’époque, commençait à préparer son équipe et son terrain. C’est ainsi que le DPA (Dialogue Proposition Action) est né. Certaines formations politiques, mouraient. Ce DPA devient Mwangaza, puis RDR en tout cas la mouvance présidentielle. Une composition de Maecha Bora, Mourad, Rachad, des rescapés de l’Udzima, UDD, MDDC, SNDC, Nour, FAR, de quelques dissidents de l’UNDC, FNJ, PSN, de quelques dissidents de Shuma, Abargo d’Elarif Oukacha... Une nouvelle génération des « technocrates » s’accapare du pouvoir. Mchangama, alors président de l’assemblée nationale, joint de Houmedi Msaidié, de Hamada Madi Bolero, d’Inoussa ben Imani, de Soilihi M. Soilihi, de Raoul Delapeyre, d’Abou Oubeidi, de Mohamed Abdou Mdjamawe, d’Abdourahim Said Bacar… pour ne citer que ceux-là. Dans cette équipe, il y’avait par la suite, Mohamed Abdoulwahab, Ibrahim Mohamed Allaoui, El-arif Hamidi… vite ces hommes deviennent un club des amis. Un RDR qui se partageait tous sans inclure le peuple qu’il prétendait gouverner. Et il a fallu l’arrivé de Mohamed Taki au pouvoir pour que les insurgés qui ont renversé l’UDZIMA soient mis à l’écart. Deux ans de souffrance du peuple et de mélancolie de ces composants de l’RDR. Le régime Taki, connaissait moins des natifs d’outre bords.
Plus de vingt ans, le pouvoir se permute.
Ensuite, Azali, prend le pouvoir et Bolero l’un des couvés aux premiers loges de Mchangama, quitte le PRC de son maitre dont il était secrétaire général pour intégrer le régime de Kandani. Le RDR, est de retour mais en version CRC. Seul Azali et quelques peu de têtes ne faisaient pas parti de l’RDR. Une politique d’ego s’installe. Voila un nouveau scenario : Différents accords, celui d’Addis-Abeba, de Tana, de Fomboni qui ont abouti à une nouvelle constitution, pour le pouvoir tournant, avec laquelle, les artisans ont réussi à institutionnalisé un séparatisme depuis toujours, banni. Une constitution budgétivore qui ne cesse de plonger le pays dans des crises ; crise financière, crise institutionnelle, crise morale... Même si la présidence va d’île en île mais réellement, ce n’est qu’une formalité. La vraie tournante, est la passe à dix jouée par ces nidifiés politiques de l’RDR, comme des jeunes filles dans la cour de récréation. Toujours la politique de la complicité assassine. Et quand les comoriens disent qu’ils votent pour sanctionner ? Ils ont préféré Sambi à Azali. Le premier devient chef de l’Etat. Et des partisans de la CRC réapparaissent au premier rang, comme Abou Oubeid, Ahmed Barwane, Ibrahim Sidi… Le pouvoir sort de la main gauche et va de la main droite. Uniquement Mamadou qui est politiquement imprévisible n’a pas pu être cerné. Seul rescapé du régime Abdallah, cet ancien ministre de la production, marche sans tourner sa tête. Ses amis de l’époque entrent dans les archives du son passé. Après Sambi, Ikililou devient chef de l’Etat. Les comorien ont déshabillé Paul pour habiller Pierre. Les mêmes têtes du régime Azali, et même depuis RDR, s’insurgent à nouveau. Bolero, Abou Oubeid, le séparatiste Djaffar Salim, Ahmed Djafari, Ibrahim Mzé… Mais aussi plus spectaculaire car, on voit les sambistes en masse dans ce cercle. Fouad Mohadji, Nourdine Bourhane, Hamidou Bourhane, Dossar, Djaé Ahamada… « Msetro ».
« Conserver le plus longtemps possible le pouvoir »
Donc, trois fronts se partagent le pouvoir d’Ikililou Dhoinine. Les Mohelocrates version « inu nde yatru », les azaliste », donc CRC et les sambistes. Il se présage une fusion entre ces ennemis jurés. Des ennemis, mais quand l’un est au pouvoir et l’autre dehors. Un 2016, qui s’annonce aussi déloyal car la l’art de la politique comorienne est rendu vulgaire. Est-ce que Mama Halloi, qui selon l’opinion publique sera la vice-présidente d’Azali à Mwali, aura le soutien de son mari, le chef de l’Etat Ikililou ? Si oui, qui sera le candidat du régime ? Azali, président du parti qui se déclare un des opposants à ce régime ou « l’indétrônable Mamadou », comme l’a surnommé Dr Ali Abdou Mhoma, son conseiller politique ? Et le gouverneur Mouigni Baraka, qui affiche une affinité indubitable avec le régime central, sera lâché par ce régime qu’il ne cesse de caresser ? Même si, ici et là, ça grogne un peu, mais le divorce entre Me Fahami et le régime Iki est timide. Enfant chéri du régime Sambi, la position médiane du petit fils de Said Ali ne diffère pas trop de celle de Kari et Fe-zinda, lors de la guerre entre Msa fumu et son grand-père.
Donc là on peut parler de la spécialité marseillaise la « Bouillabaisse ». Msaidié devant être conscient que sa carte est presque jouée avec les déroutes, est le seul à avoir une facilité de se ranger où il veut. Une promesse peut sans doute lui permettre de poser son navire sur les roches. 2016, enfin, peut mettre la CRC, les Sambistes… en convergence. Mais qui sera le naufragé du Navire « inu nde yatru » ? Rappelons-nous que Mohamed Fazul, finissait par trahir tout le monde en 2010 pour la vice-présidence à Ngazidja.
SAID YASSINE Said Ahmed
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