ELECTIONS ? MAIS QUELLES ELECTIONS ?
11 déc. 2014
Le 2 Août 2014, le chef de l’Etat comorien, Ikililou Dhoinine, a signé un décret portant organisation des élections harmonisées (législatives, conseillers des îles et communales), le mois de novembre dernier. C’était quelque temps après le manège « virgulogique ». Dans son allocution le chef de l’Etat a annoncé que « les conditions ne sont pas réunies pour la tenue de ces scrutins » ; conditions financières, logistiques... Depuis donc, le bateau tangue des rebondissements de tout bord. Par la suite, pour dissimuler les empruntes, la CENI est nommée. Donc l’institution chargée d’organiser ces élections : la commission électorale Nationale « Indépendante ».
Depuis, moins d’un an le gouvernement affiche timidement son désarroi de devoir organiser des élections. Même si les raisons ne sont pas révélées, contrairement à ce qu’il annonce ou ce qu’il fait connaitre. Ce n’est pas un accident. Vu les chicanes bien placés au milieu par le régime à ce sujet, la probabilité du déroulement de ces élections est mince. Des troubles de tout genre, causés par ce régime lui-même. Des reports non justifiés, des nominations suspectes au sein de la CENI … Heureusement que la classe politique est en état végétatif. Sinon, la situation serait délicate.
La CENI entre en besogne. Personne ne sait si les conditions annoncées par le chef de l’Etat sont aujourd’hui réunies. Tout se déroule en-tapinois. Prenons l’exemple de la somme de 2.9 milliards de francs comoriens soit 5.8 millions d'euros, estimée pour l’organisation de ces élections. Est-elle déjà mise à disposition ? Le régime qui est en crise depuis l’affaire des 2 milliards d’Amine Kalfane, trois mois d’arriérés de salaire… est amené à garder le silence sur cette question. Même si « wandru do sitirilana ». Il y a six mois, à peine, une délégation du gouvernement comorien en visite à l’île Maurice avait reçu 100 millions de fc, peut-être pour l’organisation de ces élections. Ensuite, personne ne peut témoigner que le PNUD a honoré sa promesse de 250.000 US$. Aucun parti politique ne peut prouver que le Qatar s’est décidé depuis sa dernière missive, en août dernier qui affirmait : « nous verrons ce que nous pourrons faire ». Même discours attentiste du côté de l’Arabie Saoudite face à la même demande.
« Et si l’on parle d’autres causes ? »
Avec la fébrilité du régime, et qui n’est pas loin de gagner tout le pays, le pire hante nos murs. La nomination d’une commission nationale dépourvue de toute capacité d’action et de liberté, montre comment le régime, tire les ficèles en bon despote glacial. Pourtant ce pouvoir est bien issu d’élections démocratiques, et non des engins de Kandani. Le jeu trouble émane de cette commission censée être loyale. Sinon, rien ne peut réduire la décision du gouvernement qui sans doute veut tout contrôler et tout détenir.
« Des élections » ?
La Commission Electorale Nationale « Indépendante », est composée de plusieurs membres, dont ceux désignés par les partis politiques. Cette commission avait ouvert les dépôts des candidatures, conformément au décret présidentiel, jusqu’au 24 novembre 2014 à minuit, date limite. La suite, on la connait : des irrégularités manifestes, des soupçons, des dossiers incomplets, mal remplis etc. des anomalies graves qui ont abouti à des candidatures rejetées. Mais après une vue panoramique, on a constaté que seuls les candidats de la RDC, la formation politique du gouverneur de Ngazidja Mouigni Braka Said Soilihi, ont échappé au tsunami des ajournés. Tout le monde doute, mais personne n’ose le dire.
« Pleuvait-il à la CENI » ?
Alors, si seuls les fidèles du parti du gouverneur de Ngazidja ont été épargnés, est-ce que le gouverneur Mouigni Baraka aurait joué un rôle très important, par le biais de son représentant à la CENI, M. Ali Mohamed Youssouf, « un ancien député des Comores » ? Ce dernier aurait déboursé une somme importante pour arroser une partie des membres de l’institution. Une des explications avancées pour justifier l’invalidation de candidats susceptibles de faire de l’ombre ou un moyen efficace de nuire à « l’ennemi » désigné. Au secours de cet homme, un des membres du conseil constitutionnel, proche du gouverneur, M. Aboubacar Abdou Msa, qui se trouvait à Paris, aurait été dépêché d'urgence à Moroni pour la bonne cause. Il est actuellement présent dans les murs. Si tout cela s’avère vrai, peut-on parler d’une Commission Electorale Nationale Indépendante ?
Illustration, lisant un extrait du mémorandum signé entre les partis politiques et la CENI, celle-ci n’a pas démenti sa fragilité et sa dépendance. Dans le premier point du texte, il est bien clair qu’elle examinait les cas avec irrégularité et non conformément à la loi. « Mettre en place un cadre de travail en vue de proposer une démarche consensuelle pour un examen des dossiers des candidatures et des listes des candidats conformément à la loi. », donc les dossiers des candidatures n’ont pas été examinés conformément à la loi. C’est bien le résumé de la situation en général.
SAID YASSINE Said Ahmed
COMORESplus