1898006 10200608736540507 1501966646 nDR Youssouf mohamed Djamani et le capitaine Naoufal Boina, respectivement natifs de Vanamboini et de Hahaya dans la Région d’Itsandra ne sont pas devenus des « amis » par hasard. Leurs familles respectives se connaissent et se fréquentent depuis des lustres. C’est ce qui a fait qu’en débarquant d’Abidjan où il faisait sa médecine, Naoufal est allé voir directement le « cousin » Djamani qui officiait à la santé militaire où il est recruté par concours pour lui trouver un travail. C’est par le piston du « cousin » que l’actuel directeur du Service de Santé Militaire(SSM) a décroché son job. Lorsque le Lieutenant-colonel Djamani prend la direction du service, c’est à son « ami » Naoufal qu’il confie l’intérim lors de ses absences.

Malversations financières

Tout allait à merveille, du moins en apparence, jusqu’à la nomination du capitaine Naoufal à la direction de l’hopital El-Marouf. Pendant son passage à El-Marouf, des malversations auraient été constatées et selon des témoignages bien concordants, le Capitaine Naoufal est allé solliciter, encore une fois, l’aide de son « ami » Djamani. Pour pouvoir justifier les trous béants qu’il a laissés par sa gestion chaotique dans les caisses d’El-Maarouf, le capitaine Naoufal aurait voulu que Djamani consente que les fonds volatilisés aient été utilisés au Service de Santé Militaire. Le Lieutenant-colonel Djamani s’y est catégoriquement opposé. Est-ce donc le début de l’animosité de Naoufal à l’égard de son « cousin » de Vanamboini ? Personne n’en sait rien, car l’opportunisme de Naoufal est de notoriété publique. Pendant que son « ami »Djamani cultivait leur fraternité, de par la proximité de leurs familles respective, le Capitaine Naoufal nourrissait une jalousie et cultivait une rivalité à l’égard de celui-ci. La trahison, c’est sa spécialité. S’il a trahi son ami Djamani, cela n’étonne personne. Lui qui a osé trahir la fille de son grand- père, le Grand Moufti Said Mohamed Abderemani, Hadidja Foundi et son deuxième épouse, Mme Kalathoumi de Hahaya alors qu’il s’est servi de ces deux mariages pour obtenir tout ce qu’il a aujourd’hui.

Réhabilité par le parti PEC

L’histoire de malversation à El-Maarouf a fini par lui rattraper sous le régime du Président Sambi. Le capitaine Naoufal est donc accusé de détournements de deniers public suite à une enquête ouverte par le parquet de Moroni et la force publique était à ses trousses. Frappé d’une interdiction de quitter le territoire après une détention provisoire, le capitaine Naoufal s’est débrouillé pour quitter le pays en se déguisant en femme voilée- HAVAZWA BWIBWIYI-. En quête de cadres pour l’implantation du parti PEC dans la Région d’Itsandra-Hamanvou, Me Fahmi Said Ibrahim et son ami Tocha Djohar ont fait revenir le capitaine Naoufal aux Comores en lui garantissant de « l’innocenter » et de faire de lui le candidat du parti PEC aux législatives de 2009 dans le Hamanvou. Chose promise, chose due : Tocha Djohar a réussi à lui décrocher un casier judiciaire vierge. Le capitaine Naoufal ne manque jamais de remercier ses amis Tocha Djohar et Fahmi Said Ibrahim pour l’avoir réhabilité juridiquement, politiquement et professionnellement et lui évité la prison. C’est encore eux qui ont œuvré pour l’éviction du colonel Djamani de la direction du Service de santé militaire et la nomination de Naoufal à ce poste en 2010 pour le récompenser de son échec cuisant aux législatives. A tous les postes de direction qu’on lui avait proposés, le capitaine Naoufal a signifié à ses mentors qu’il ne voulait rien que la direction du Service de santé militaire. C’est soit cette direction, soit rien ! Lui seul savait pourquoi. On dirait qu’il reprochait quelque chose à Djamani. De quoi lui reprochait-il ? Lui seul peut le dire. Lors de la passation de service, le colonel Djamani a rappelé qu’il était conscient que cette fonction n’était pas un héritage de sa lignée (magna houli) et qu’un jour il quitterait ces fonctions. Son successeur aussi. Peut-être que le capitaine l’a pris mal. Toujours est-il que le colonel Djamani paiera cher cette liberté d’expression.

Persona non grata

Peu de temps après, le président Ikililou a nommé Djamani à la direction de l’Hopital El-Maarouf. Quand il a quitté ses fonctions à El-Marouf, il ya quelques mois, il n’a pas hésité à retourner à la Santé militaire pour être le subalterne du capitaine Naoufal. Mais celui-ci était pris d’une peur et on ne sait pas pourquoi. Il n’arrêtait pas de répéter aux employés que le véritable titulaire du poste est de retour (Ye mwigni ye poste hadja). D’ailleurs quand Djamani dirigeait El Marouf, le capitaine Naoufal ne ratait pas une occasion d’expédier son personnel à leur ex-directeur Djamani, Namoi mwengariyé El Marouf. Il croyait que Dr Djamani allait user de son amitié avec le président de la République pour lui « renvoyer l’ascenseur ». Il est vrai que le Dr Djamani et le président Ikililou sont des amis de longue date. Ils ont longtemps partagé la même chambre universitaire lorsqu’ils étaient étudiants à Conakry. Mais de son vivant, le docteur Djamani n’avait jamais été habité par un sentiment revanchard. Tout ce qu’il voulait, c’est exercer son métier de médecin-militaire. C’est que Naoufal Boina ne l’a pas laissé faire avec sérénité. Celui-ci a usé de tous les moyens pour lui montrer qu’il était persona non grata au sein du service. « Il lui a fait voir de toutes les couleurs », pour reprendre les propos d’un employé de la santé militaire. Il l’a privé de tout. Il n’avait droit à rien, même pas au climatiseur dans son bureau. Il ne pouvait même pas conduire l’ambulance du service. Il est souvent l’humilié par son « ami » Naoufal. Un jour, raconte un chauffeur, j’ai voulu déposer le docteur Djamani après son service, mais le directeur m’a grondé et m’a intimé de ne rien faire. Tout le personnel de la santé militaire savait que le Colonel Djamani était malmené et parfois menacé. D’ailleurs tout le monde à la santé militaire se souvient que le Lieutenant-colonel Djamani était l’un des rares officiers non invité par le capitaine Naoufal à l’inauguration des nouveaux locaux du service, alors qu’il fut l’initiateur du projet d’extension de ces bâtiments. Il ya quelques mois le colonel Rafik, commandant de la gendarmerie, a chassé le lieutenant-colonel Djamani de son logement de fonction pour l’occuper. Personne dans l’armée, pas même le chef d’état-major le colonel Youssouf Idjihadi, n’a levé le petit doigt pour défendre les droits de cet officier de l’armée, alors que le Lieutenant-colonel Djamani avait le droit, comme ses camarades, d’occuper un logement de fonction.

Jour fatal

On lui a souvent fait peur en déposant des gris-gris et autres amulettes dans son bureau. Il faisait l’objet d’un harcèlement moral. Il avait confié un jour à un proche qu’on surveillait ses déplacements et qu’il ne se sentait pas en sécurité. Puis arrive le jour fatal. Le docteur Djamani est parti au travail le matin du mercredi 5 février 2014. Il a officié toute la journée en examinant ses patients. Normalement, il rentre chez sa femme à Ntsoudjini vers 14 h 30. Ce jour-là il n’a pas appelé sa petite fille de 2 ans, un coup de fil qu’il ne loupe pour rien au monde. Il n’est pas rentré à la maison à l’heure habituelle, chose qu’il ne fait jamais. Il n’a pas répondu aux incessants appels téléphoniques de sa femme et celle-ci a donné l’alerte. Youssouf Mohamed Djamani, médecin, lieutenant-colonel de l’Armée Nationale de Développement, ancien directeur du Service de la Santé Militaire et ex-directeur de l’Hôpital EL-Marouf est trouvé mort vers 20h sur son fauteuil dans son bureau du Service de la Santé Militaire.

Pas d’autopsie

A quelle heure ce haut gradé de l’armée comorienne est-il-décédé ? De quoi est-il mort ? Qui a découvert son cadavre ? Autant d’interrogations sans réponses. Un médecin, haut gradé de l’armée nationale est trouvé mort dans l’enceinte de l’hôpital militaire et personne n’a cherché à savoir ce qu’il lui est véritablement arrivé. Personne n’a voulu autopsier son corps. La dépouille est rapidement renvoyée dans son village natal. Il est enterré tôt le matin après une prière honorée par la présence de son ami de fac, le président Ikililou Dhoinine. Une cérémonie militaire est organisée. Le directeur de cabinet chargé de la défense a lu un discours. Le tour est joué. On passe à autre chose. On vaque à ses occupations. Ni le responsable du service de santé militaire, le Capitaine Naoufal, ni son chef, le chef d’état- major, ni Hamada Madi Bolero, le chargé de la défense, personne, personne, personne ne s’est préoccupé de savoir de quoi cet officier de l’armée est- il mort ? Leur vraie préoccupation était de sortir rapidement la dépouille de la santé militaire, loin, très loin des hôpitaux pour l’enterrer. Toute l’armée s’est mobilisée pour cela. Une fois cela fait, tout le monde a disparu de la circulation. AFFAIRE CLOSE ! Alors que des zones d’ombre subsistent. Seul le président Azali semblait affecté par la disparition de cet officier droit, discret, courtois et honnête. Il l’a montré par sa présence à Vanamboini et son soutien à la famille du défunt n’a échappé à personne. En bon musulman, le Capitaine Naoufal a participé aux funérailles. Juste ça, rien que ça ! Mais son esprit était ailleurs. Il était préoccupé par les préparatifs de son deuxième Grand Mariage à Mavingouni dont il a débuté les festivités (Djelewo) le 3eme jour et organisé le Madjlisse le 9eme jour du décès de son « ami » et collègue de travail mort en plein service dans des circonstances jamais tirées au clair. Aux amis qui lui ont demandé d’ajourner son Grand Mariage pour laisser passer le deuil de 9 jours, il a opposé un refus catégorique et ne comprenait pas pourquoi on lui demandait un tel « sacrifice ». Le plus triste est que les deux jeunes enfants du Lieutenant-colonel Djamani, respectivement âgés de 2 ans et de 2 mois, ne sauront jamais dans quelles circonstances leur père est mort. Mort naturelle ? Empoisonné ? Assassiné ? Ils ne le sauront jamais. Ils ne connaitront jamais LA VERITE, Car rien n’a été fait pour qu’ils la sachent un jour. Alors que tous les hauts gradés de l’armée étaient présents ce soir-là au service de la santé militaire, la décision prise est celle d’expédier rapidement le corps au village. Le mot AUTOPSIE fut gommé par tout le monde. Pourquoi n’a-t-on pas fait une autopsie ? C’est LE GRAND INCONNU de cette équation macabre. Triste fin que celle de ce médecin au calme et à la probité légendaires.

Il faut savoir que la liste des personnalités décédées ces derniers temps dans des circonstances non élucidées et dont on a omis sciemment de faire pratiquer une autopsie est longue : le Colonel Combo, Dr Assad, le juge Zaidou… et récemment le Dr Djamani. Si on continue à classer ces dossiers sans suite, les familles des victimes peuvent avoir tendance à vouloir rendre justice elles-mêmes.

Faïk. M. Ali

 

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