La déclaration controversée du Dircab de la présidence
30 avr. 2014Les propos du dircab du président de la république sur Saïd Mohamed Cheick et Ali soilihi pour leur responsabilité sur la question de Mayotte, sont certes lamentables à plus d’un titre pour vouloir justifier la désintégration de la nation comorienne et pour avoir renvoyé ces personnages comoriens à leur origine insulaire. Alors qu’ils n’ont jamais incarné un mouvement insulaire. Leurs partis se voulaient rassembleurs. Les premiers partis insulaires furent les mouvements pour les intérêts de Mayotte et de Mohéli créés en 1958. Une autre gravité s’explique du fait de se servir de la Voix officielle des Comores pour divulguer une thèse qui lèse les droits de l’État dont il incarne.
Mais ses propos sont une version historique soutenue par les partisans du séparatisme mahorais. Il s’agit d’une thèse infondée car, un projet de transfert de la capitale de petite terre à Grande terre avait été conçu dans les années 1870, de sorte que mêmes des bâtiments ont été construit. Mais il n’était pas suivi à cause de l’insalubrité de l’île. L’assemblée territoriale a certes délibéré favorablement sur le transfert de la capitale de Dzaoudzi à Moroni, mais elle n’était pas souveraine. Son rôle se limitait à cautionner le budget et les décisions du haut commissaire pour leur donner un semblant d’expression démocratique. Le Transfert de la capitale est certes réalisé sous la présidence du conseil de Saïd Mohamed Cheikh mais celui-ci ne pouvait décider quoi que ce fût sans l’aval du haut commissaire de la république qui avalisait les actions de la représentation territoriale. En 1969, l’assemblée territoriale a voté une résolution contre le séparatisme mahorais mais elle a été annulée pour excès de pouvoir.
Les circonstances du coup d’état d’Ali Soilihi étaient certes troublantes mais c’était machiavélique. Car son pouvoir malgré les accointances de certains de ses dirigeants avec la France, a fait de Mayotte une cause nationale. Le dircab du président, en tant que politicien, a le droit de critiquer n’importe quel dignitaire comorien pour corriger les erreurs du passé. Comme aussi il appartient aux partisans de ces personnages de défendre leurs champions pour ce qu’ils estiment avoir été bien fait pour la nation.
L’intérêt de tels propos serait d’inciter un débat constructif entre adversaires. Mais il est aussi lamentable qu’une déclaration aux relents régionalistes entraîne un surplus de régionalisme. On peut regretter que tous ceux qui ont réagi contre les propos du dircab soient d’origine de la Grande Comore. Qu’il y ait des gens versés dans la connaissance du passé pour répliquer à des déclarations est honorable ; mais l’histoire n’est ni la propriété d’une catégorie sociale ni une vérité religieuse. C’est un investissement qui accrédite un statut à des gens dont les travaux peuvent alimenter des critiques et des débats.
La réaction des notables et du comité des sages est politiquement louable à plus d’un titre ; mais elle ne doit pas être une cache misère. Car la seine réaction doit soulever la problématique de la place de l’histoire des Comores dans l’enseignement du jeune comorien. Si en 39 ans d’indépendance, sa place y est minime ou inexistante, c’est un fiasco national aux conséquences destructives. On peut qu’assister impuissant au régionalisme et au séparatisme rampant au niveau même de la haute sphère de l’état. Car l’école comorienne ne forme pas des jeunes patriotes républicains mais elle laisse perpétuer le régionalisme.
Djoumoi Ali Madi