Les   propos  du dircab du  président de la république   sur   Saïd Mohamed Cheick et Ali soilihi pour leur responsabilité sur la question de Mayotte, sont certes lamentables à plus d’un titre pour vouloir justifier la désintégration de la  nation  comorienne et pour avoir renvoyé  ces personnages   comoriens à leur origine insulaire. Alors qu’ils n’ont jamais incarné un mouvement insulaire. Leurs partis se voulaient rassembleurs. Les premiers partis insulaires furent les mouvements pour les intérêts de Mayotte et de Mohéli créés en 1958. Une autre gravité s’explique du fait de se servir de la Voix officielle des Comores pour divulguer une  thèse qui lèse les droits de l’État dont il incarne.

Mais ses propos sont une version historique  soutenue par les partisans du séparatisme mahorais.   Il s’agit d’une thèse infondée car, un projet de transfert de la capitale de petite terre à Grande terre avait  été conçu dans les années 1870, de sorte que mêmes des bâtiments ont été  construit. Mais il n’était pas suivi à cause de l’insalubrité de l’île.  L’assemblée territoriale a  certes délibéré favorablement  sur le transfert de la capitale de Dzaoudzi à Moroni, mais elle n’était pas souveraine.  Son rôle se limitait à cautionner   le budget  et les décisions du  haut commissaire  pour leur   donner  un semblant  d’expression démocratique.  Le Transfert de la capitale est certes  réalisé sous la présidence du conseil de Saïd Mohamed Cheikh  mais celui-ci ne pouvait décider quoi que ce fût  sans l’aval du haut commissaire de la république qui avalisait les  actions de la représentation territoriale.  En 1969, l’assemblée territoriale a voté une résolution contre le séparatisme mahorais  mais elle a été  annulée pour excès de pouvoir. 

 Les circonstances du coup d’état d’Ali Soilihi étaient  certes troublantes mais  c’était machiavélique. Car  son pouvoir  malgré  les accointances  de certains de ses dirigeants avec la France,  a fait de Mayotte une cause nationale.  Le dircab du président, en tant que politicien, a le droit de critiquer n’importe quel  dignitaire comorien pour corriger les erreurs du passé.  Comme aussi il appartient aux partisans de ces personnages de défendre leurs champions  pour ce qu’ils estiment avoir été  bien fait pour la nation. 

 L’intérêt de tels propos serait d’inciter un débat constructif entre adversaires. Mais il est  aussi lamentable qu’une déclaration aux relents régionalistes entraîne un  surplus de régionalisme.  On peut regretter que tous ceux qui ont  réagi contre les propos du dircab soient d’origine de la Grande Comore.  Qu’il y ait des gens versés dans la connaissance du passé  pour répliquer à des déclarations  est  honorable ;  mais l’histoire  n’est  ni la propriété d’une  catégorie sociale  ni  une vérité religieuse.  C’est  un investissement qui accrédite un statut à des gens dont les travaux  peuvent alimenter  des critiques et des débats.

La réaction des notables  et du comité des sages est politiquement louable  à plus d’un titre ; mais  elle ne doit pas être  une cache misère.  Car la seine réaction doit  soulever la problématique de la place de l’histoire des Comores  dans  l’enseignement du jeune comorien.  Si en 39 ans d’indépendance, sa place y est minime ou inexistante,  c’est un fiasco national aux conséquences destructives. On peut  qu’assister  impuissant au régionalisme et au séparatisme rampant  au niveau même de la haute sphère de l’état.  Car l’école comorienne ne forme pas des jeunes patriotes  républicains   mais elle laisse perpétuer  le régionalisme. 

Djoumoi Ali Madi

Retour à l'accueil