LA TOURNANTE OU QUAND UNE ÎLE S’ACCAPARE DE TOUS LES POSTES
30 mai 2013Tout le monde dit que le système de la présidence tournante est perfectible. Mais qu’il est le moins mauvais que nos vaillants politiques ont pu dénicher pour calmer les ardeurs indépendantistes des uns et démasquer les caprices des autres. Le mot d’ordre de ce système est que tout le monde aie sa part du « gâteau » ! Mais pas que chaque île s’accapare de tout le « gâteau ».
Toutes les îles présideront le pays, à tour de rôle. Soit, si cela peut maintenir l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Sauf que dans la pratique, non seulement l’île à qui revient le tour de présider le pays nous livre le président et ses proches collaborateurs mais aussi, et cela n’est prévu nulle part par la constitution, elle s’accapare sans sourciller de tous les grands postes de la haute administration et des sociétés publiques et parapubliques pendant la durée du mandat. Une pratique qui fait fi aux compétences et occulte les véritables personnalités des heureux élus.
Avec qui on gouverne ?
C’est ainsi qu’on raconte que le président Assoumani Azali n’a gouverné qu’avec des Wangazidja et le président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi avec sa famille et des personnes de son quartier de Shitsangani. Et tournante oblige, le président Ikililou Dhoinine n’échappe pas au phénomène. Il semble l’aggraver. Chaque jour se lève avec son lot de nominations des personnes originaires de Moheli. Principalement, si ce n’est exclusivement, des natifs de Djoezi. Des parents du président ou de son épouse. C’est criant. C’est même scandaleux quand on sait que nombre de ces nouveaux « récipiendaires » n’ont pas les capacités requises pour les postes qu’ils occupent. C’est un natif de djoezi qui l’écrit tous les jours dans son site internet.
De Comores Telecom à l’Aéroport International de Hahaya, en passant par l’Autorité portuaire à l’ONICOR pour ne citer que cela, le président s’emploie à placer ses congénères. L’île de Djoumbé Fatma en général et Djoezi en particulier, semblent devenir un terreau des diplomates où le président et son ministre des affaires étrangères puisent sans compter pour irriguer nos chancelleries à travers le monde. Et alors, dira-t-on ! Le président Sambi et Ahmed Djafar, son ministre des relations extérieures, n’avaient-ils pas agi de la sorte en ne nommant que des membres de leurs familles dans nos ambassades ?
Trop c’est trop
Certaines mauvaises langues disent que les moheliens, qui représentent 5% de la population comorienne, occuperaient aujourd’hui plus de 80% des postes les plus prestigieux de l’Etat. A prendre avec des pincettes bien sûr. Seulement si on le dit, c’est que quelque part cela commence à faire un peu trop.
Il est temps qu’on réfléchisse sérieusement comment arrêter ce que d’aucuns appellent « l’insularisation » des régimes engendrée par la présidence tournante.
Il est plus qu’urgent que la loi devant déterminer les matières où le contreseing des vice-présidents est requis soit votée et qu’on associe le parlement à la nomination aux postes les plus prestigieux de l’Etat, comme ceux des directeurs des sociétés d’état et des ambassadeurs.
Laïla Said Omar
COMORESplus