Le pouvoir, dit-on, est enivrant, si enivrant qu’il arrive que l’on perde totalement le sens de la réalité. Pire encore, il arrive que l’on se croie au-dessus des lois, des morales, bref que l’on se prenne pour un surhomme. Cela commence par les titres que l’on se donne, souvent pompeux et toujours ridicules. Mais aux oreilles des flattés, ils résonnent   comme une vérité absolue : vérité qui n’est  vérité que pour le corbeau,  nostalgique des sultanats mythiques mais non pour le renard, bien menteur et rusé.   Nous pouvons chaque jour entendre ces  « son excellentissime, docteurissime, colonelitissime, gouverneurissime, présidentissime, mhishimiwatissime, mtukufussime  de la république ».

Nos dirigeants croient-ils vraiment qu’ils sont excellentissimes ?

Pour l’être, il faudrait d’abord qu’ils commencent par être bons, puis excellents avant de songer à être excellentissimes. Il faudrait d’abord qu’ils commencent par être « Bwana Rais », tout simplement. Or, jusqu’ici, sauf pour ces irréductibles dont la louange de son excellentissime est devenue le gagne-pain, nous n’avons eu que  des « monarques » qui s’abritent, pour certains, derrière un parapluie de fausse démocratie pour tromper le peuple.

Fausse démocratie, car la démocratie commence toujours par un seul crédo : « rendre compte et rendre des comptes ». Hélas ! Aux Comores, aucune autorité, président, ministre, gouverneur n’a jamais songé à rendre compte de ses actions, encore moins à nous rendre des compte quant à l’utilisation des deniers publics.

Le règne de l’opacité absolue.

Le dernier exemple en date est particulièrement frappant : il s’agit de l’argent provenant de la vente de la citoyenneté comorienne. A combien s’élève cette vente ? Quelle somme a déjà été versée ? A qui a-t-elle été versée ? Combien a-t-on déjà utilisé ? Pour qui et pourquoi a-t-on utilisé telle ou telle somme ?

On me dira : on connait les chiffres au ministère des finances mais le ministère des finances n’est pas le peuple. C’est au peuple que les autorités doivent rendre compte et rendre des comptes. Et tant que ce principe sera ignoré, ce sera toujours  la porte ouverte à toutes les pratiques mafieuses car chaque autorité se croira toujours libre d’agir à sa guise.

Et la loi dans tout ça !

La loi a toujours été considérée par les autorités comoriennes comme leur « chose ». Tout le monde sait  que la loi n’est loi que s’il se trouve une autorité judiciaire pour la faire appliquer et, le cas échéant, appliquer les sentences contres les contrevenants. Or, aux Comores, ces autorités judiciaires sont « faites et défaites » par ces politiques qu’elles sont censées surveiller et condamner en cas de non respect des lois.

Conclusion ! Le docteurissime, le  colonelitissime, le gouverneurissime,  le présidentissime, le mhishimiwatissime, le mtukufussime comorien n’a de compte à rendre à personne ! Ni au peuple qu’il prend peut être pour immature ni aux magistrats qu’il peut renvoyés à sa guise sauf s’ils sont devenus son complice ! Yapvo havuku ! Havuku certes mais pas devant Dieu, le magistrat suprême qui demandera des comptes, ceux-là mêmes qui nous ont été refusés. 

ABDEREMANE S.M Wadjih

COMORESplus

 

 

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