LE QUAI D'ORSAY A L'ECOUTE DU COMITE DE SOUTIEN
19 janv. 2014
Il y a des combats, des causes qui imposent constance,ingéniosité et perseverance tant la situation est préoccupante et la détresse vitale. Tel est le cas de la tentative supposée de coup d'Etat du 21 avril 2013. Et dans pareille situation, solliciter les hommes de pouvoir ou prétendus tels, sensibiliser les citoyens et faire appel aux institutions, de surcroît des pays "amis" devient une nécessité pour qu'enfin le droit soit respecté peut-être.
SOS démocratie et le comité de soutien réçus aux affaires étrangères
La démarche peut paraître singulière, iconoclaste. Exposer des affaires comoriennes de la part d'associations civiles et militantes sous les dorures des salons feutrés de la République française. Pourtant, elle répond bien à une volonté manifeste d'associer et de mobiliser toutes les forces et les énergies nécessaires et utiles susceptibles de pèser pour trouver une solution honnorable et équitable. D'autant que deux franco-comoriens figurent parmis les hommes impliqués et détenus dans cette affaire. Du coup, la France se doit d'apporter une assistance à ses ressortissants. Une aubaine que compte saisir SOS démocratie et le comité de soutien pour une alliance objective.
Ainsi une délegation de trois personnes, composée de Rafik Adili, Ali Djaé Chanfi et Chadli Satoulou, a été réçue jeudi aux ministères des affaires étrangères. Madame BURDLOFF Luise, responsable de la coopération au niveau de l'Océan indien, familière des Comores, de ses us et coutumes, de ses politiques, en diplomate avertie, s'est occupée des hôtes d'un jour. Lesquels face à une femme très au fait d'une partie de l'affaire et connaissant les moeurs du pays, les échanges furent fructueuses et porteuses d'espoir.
Du moins, ils ont trouvé une écoute attentive, intéressée et désireuse d'apporter une contribution positive à une démarche citoyenne et humaniste. Puisque les doléances du trio tournent autour des conditions de vie et de détention des prisonniers: une hygiène plus que douteuse, une insalubrité certaine, une santé déclinante et des droits élementaires baffoués. En somme une question de respect des droits de l'homme dont les Comores sont signataires mais peu soucieux de les appliquer comme d'autres pays d'ailleurs, la France comprise. Ils ont, par ailleurs, remis une missive pour Laurent Fabius, la même qui était prévue pour Ikililou Dhoinine lors de son passage éclaire en France.
Mme BURDLOFF s'est réjouie de l'initiative, a pris connaissance du déroulement de l'enquête et promis de transmettre la lettre à qui de droit et surtout s'engage de plaider en personne pour le respect des droits de l'homme. Quant à la procédure judiciaire encours, elle et son pays n'ont aucun droit de regard. C'est une affaire interne. Tout au plus, elle confirme que la France attend que la justice comorienne se prononce avant d'engager des poursuites ou non contre les français incriminés.
Quelques confidences
En marge de l'entretien, on apprend que l'Etat comorien aurait entrpris une procédure contre le mercenaire P. Klein, soupçonné d'être le chef des putchistes. Sauf qu'officiellement la justice française jusqu'alors n'aurait reçu aucune demande de la sorte. Comme les services français n'auraient auncune information sur une participation de celui-ci à l'opération. Le constat d'une instruction bloquée, végétative, gélée serait commun à beaucoup d'observateurs avertis. Comme si il y a une volonté d'obstruction à la manifestation de la vérité judiciaire. Ce qui nourrit tous les scénaris possibles et imaginables et réduit considérablement la crédibilité de la thèse officielle des débuts.
L'absence de preuves matérielles dans une affaire de coup d'état sans armes, le peu d'empressement des autorités à clore l'instruction, des avocats de la défense qui ont des pires difficultés d'accèder aux dossiers, des prisonniers torturés, des déclarations intempestives et maladroites de certaines autorités etc ... alimentent le sentiment d'une navigation dans des eaux troubles.
Une réalité déconcertante
Beaucoup s'attarderont sur ce qu'ils appelleront "l'ingérence ou interference" de la France dans nos affaires internes. Ils omettront sciement ou non de mettre en exergue le silence ou ce qu'une minorité appelle l'indifférence coupable des citoyens comoriens dans cette affaire ou plutôt dans sa gestion. Toutes les explications ne suffiront pas pour justifier l'apathie, l'inertie du peuple face à une telle mascarade, à un tel mépris des citoyens. Au lendemain de ce qui a été présentée comme une tentative de coup d'Etat, le président en personne et son ministre de l'intérieur ont bien relaté une histoire émouvante d'effroi avec moult détails qu'ils ont vendu au monde entier. Dix mois après, les Comoriens ont le droit, doivent exiger de leurs autorités la vérité sur ce fameux jour. Surtout qu'il y a des vies en jeu et en danger. Il n' y a pas que les familles des prisonniers, les associations civiles et les milliers de soutien aux détenus qui s'imaptientent. Des citoyens désireux de connaître enfin le fin mot de l'histoire attendent. Toute la vérité judiciaire et rien que la vérité judiciare. Est-ce trop demander?
Idjabou BAKARI
COMORESplus