428634 331049563600235 1540678053 nOn nous a parlé des "Dinosaures de la République", des" Bandits de la République", aujourd'hui, nous avons un nouveau vocabulaire : de "voyous de la République", tous ces termes qui peuvent changer d'un pays à l'autre, ou d'une époque à une autre, me semble-t-il, ont un sens commun chez nous. Ce sont toutes les autorités publiques ou mandataires du service public, soupçonnés à une corruption ou à un détournement de fonds et de biens publics.

A partir de quel régime parle-t-on des voyous de la République ?

Je crois que depuis Abdallah, père de l'indépendance à nos jours, nous avons connu tous ces genres de voyous. Ceux qui ont volé pour se redonner une notoriété (politique d'enveloppe, grand mariages...), ceux qui ont détourné pour créer un commerce ou pour construire des villas… et ceux qui ont volé pour la débauche. Presque tous les prétendants de pouvoir avant d’accéder à tel ou tel poste de l’Etat, accusent ceux qui en exercent déjà.  Et une fois au pouvoir, ils font pire que les anciens. A part les vindictes sur nos places publiques, sur les médias et réseaux sociaux, l'impunité et le "droit à l'oubli" sont devenus la règle. Et quelques uns y ont connu une justice spectaculaire et de vengeance. Avec le temps, les voyous sont devenus des sages, des moralistes, des donneurs de leçons, des humanistes et avec des associations… sous leurs présidences. Les disparus sont nommés des commis de la Nation, d'autres survivants de cette impunité sont propulsés à des fonctions régaliennes. Ils récidivent, et toujours au premier plan dans le concours de l'eldorado suprême de la corruption et de détournement de deniers publics.

Que pensons-nous de 2016 ?

Au-delà des bilans ostentatoires et des projets politiques dont les uns et les autres peuvent se glorifier d'être les précurseurs de l'intérêt général, il me semble que la Justice devrait être le pierre angulaire de la restructuration de l'Etat. Je crois qu'aucune société ni État peut éradiquer les crimes, délits ou toute autre infraction. En revanche, je crois qu'avec une Justice digne de ce nom, avec une conviction et une croyance des magistrats, d'appliquer la règle de droit, nous donnerons à l'Etat le monopole de la coercition et de la dissuasion aux dépositaires et mandataires de la Puissance publique. Tout cela, dans le but de réparer les mauvais errements et l'impunité du passé. Je conçois deux options de justice: la justice de l'impunité et/ou une cour spéciale réservée aux voyous de la République, notre Nuremberg à nous.

La Justice de l'impunité

Justice amorcée par le monument planétaire du pardon, Mandela a opté la Justice de Vérité et Réconciliation. C'est une sorte de justice d'impunité consentie puisqu'elle est caractérisée par l'absence de Sanction. De même, les prochains gouvernants peuvent décider de tout oublier et commercer sans cette genre de justice. En revanche, je ne crois pas qu'il y ait la crédibilité et la confiance de ces autorités. Par conséquent, tout accusé d'abus de confiance, corruption et détournement… devrait exposer sur une arène de justice consentie pour avouer sa part de responsabilité et demander pardon à la Nation. Cela étend aux commanditaires jusqu'à ce qu’ils se décident de se taire par négligence ou par peur de perdre son emploi. Sachant qu'une partie de la société est présumé recéleuse, puisqu'elle en a profité les résidus de ce dépouillement du denier public. Et d'autres ont décidé de défendre leurs proches ou l'enfant de la ville ou de la région. Je crois que c'est une option de justice qui peut nous permettre de repartir sur des bonne bases à condition que la justice et ses auxiliaires s'engagent d'appliquer la loi dans l'avenir.

La cour spéciale de "voyous de la République"

La création de notre Nuremberg à nous, va nous permettre de sanctionner les voyous de l'Etat, de réparer les injustices, et dissuader les futurs mandataires de l'Etat et du Service publique. Elle présente aussi des aléas, puisque certains suspects et accusés sont décédés, d'autres sont jugés partiellement sur terre par la justice céleste. Ils sont dépouillés par nos "karama" de tous ce qui avaient détournés. Doit-on juger les héritiers innocents d'un héritage "mal acquis" ? C'est possible, seulement le suspect ou l'accusé sont dépourvus de défense, puisqu'ils sont décédés. Bref, c'est aussi une sorte de justice qui peut nous permettre de rebondir et de dissuader les autres d'exercer leur mandat dans la loyauté ou d'encourir des peines exemplaires s'ils choisissent la voie des voyous d'autrefois.

Qui nous permettons ?

Pour arriver à redonner confiance à la justice comorienne, je partage l'idée d'une indépendance réelle de la justice, d'une élection des procureurs et des magistrats ou tout autre personne, pour créer le Conseil Supérieur de la magistrature, afin de nommer et révoquer les magistrats sans l'influence des gouvernants. Et c'est une occasion aussi donnée aux citoyens, de sanctionner ou d’approuver la responsabilité de ce conseil et des procureurs. Nous avons une opportunité d'envisager le changement, notre destin dans les élections à venir ou de laisser la continuité et de s'accuser mutuellement entre génération et répéter les mêmes erreurs, une fois au pouvoir. Toute personne peut changer à condition de reconnaître ses erreurs et en s'engageant de ne pas récidiver à nouveau. La majorité de ceux qui concourent le pouvoir ont déjà été et accusés de détournement et de corruption. Est- ce qu'ils vont changer, ou ils reviennent refaire les mêmes erreurs ? Sur quel gage et quelle crédibilité ? Il me semble que seule la justice que nous en déciderions d'endiguer les errements du passé nous permettra d'appréhender l'avenir.

Mohamed Hadji

COMORESplus

 

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