Crédit photo : Ali Ahmed Mahamoud

2 2 [1]C'est de notoriété publique que l'Union des Comores est un Etat en faillite. Le retour aux arriérés de salaire l'atteste. Même que pour financer les élections nationales le recours aux organismes internationaux et autres pays amis est plus qu'incontournable. Alors pour un sommet ! Ce n'est en aucun cas une nouveauté! Le pays en a l'habitude, presque une seconde nature. Mais là où la nausée se contient difficilement réside dans le comportement inqualifiable de quelques autorités indélicates. A croire que l'occasion fait le larron.

Le député raquetteur

Ailleurs, mais vraiment loin de cet archipel, l'histoire aurait provoqué un scandale sans précédent, avec des discours enflammés fleurant bon le populisme et réclamant haut et fort: démission et justice. C'est oublier qu'on parle d'un pays où la corruption est érigée en sport national et que pour peu, elle serait inscrite dans la constitution, ça choquerait encore moins.

Peu avant la date du sommet de la COI (Commission de l'Océan Indien), un député, que la charité impose de ne pas citer le nom, a adressé une lettre à un nombre limité et bien particulier de commerçants à Moroni. Il a ciblé les marchands d'origine indienne. Une discrimination en soi. L'élu a sollicité auprès d'eux une contribution financière pour « organiser » le sommet. Un effort financier de l'ordre de 300 000 FC!

Visiblement sensibles à la cause, bons citoyens peut-être, quelques-uns ont répondu favorablement à l'appel au « sommethon ». Résultat de la quête : 1.200 000FC. Sauf, que l'Etat n'a jamais fait appel à des dons de ce genre. Du moins pas encore. Le manège du député raquetteur ne fût découvert que grâce à un simple coup de fil d'une commerçante intriguée par cette démarche iconoclaste. Elle a eu la présence d'esprit de se renseigner auprès de Beït-Salam. Confronté à sa turpitude, le représentant de la nation, a admis sa forfaiture. Pour autant, complicité et impunité totale faisant bon ménage, son excellence, non seulement, garde le magot, mais il est assuré d'aucune poursuite, pas même un rappel à l'ordre. Circulez, il y a rien à voir.

Mieux encore, se sentant poussé des ailes, en auto-dédommagement, sans doute, le député a décidé, dans sa bienveillance et dévouement à la nation peu reconnaissante, de faire de son domicile le garde-meuble de la république. De ce fait, il a pris le mobilier destiné à accueillir les chefs d'Etat de la COI. L'Assemblée nationale étant moins sécurisée que chez lui. Un vrai bon samaritain.

350 Millions en question

Pendant que les citoyens dissertent à n'en plus finir sur le bien-fondé du report du sommet, en haut lieu, le débat fait rage sur les gabegies et gestion opaque de la manne financière. Les 350 Millions du budget en question.

Le Mirex perdant

Dans la course au magot, incontestablement, le mirex sort perdant. Pourtant, l'événement devait être la consécration du discret locataire des lieux. Organisateur officiel du sommet, El-Anrif Said Hassan et son équipe n'ont pas ménagé leurs efforts pour le réussir. Prenant le bâton de pèlerin, il a sillonné les capitales arabes, pour ce que les facebookeurs nomment allègrement « la diplomatie de la mendicité ». Ainsi le Qatar livre les cinq Mercédès blindées des chefs d'Etat et les escortes motorisées. Oman met à disposition les vingt véhicules des ministres. Et le Maroc débloque la rondelette somme de 180 Millions FC pour le sommet. Une somme aussitôt créditée sur le compte du mirex, et immédiatement transférée au trésor public : raison invoquée, le contrôle de mouvement. Dès lors, privé du nerf de la guerre, le mirex a perdu la main sur l'organisation, devant quémander le moindre frais auprès de l'argentier national.

Le dire cab à la manœuvre

Au ministère des finances, Ahmed Abdou, le directeur de cabinet de Mamadou est aux manettes. Il gère. Les arbitrages et le dispatching sont pour le moins aléatoires. Un exemple plus que probant. La sécurité du sommet. Estimation du budget prévisionnel à 19 Millions pour 13271 soldats, gendarmes, policiers, garde-côtes et membres de la protection civile. En tout, deux mois de mobilisation avec en prime des bateaux devant sécuriser  une bande de 300m de littoral. Rien qu'en alimentation, l'opération aurait coûté 4 millions, sans prendre en compte le carburant des bateaux et les dépenses courantes. Or le trésor public n'a versé que 5 Millions sur les 19 prévus. Et encore, le TPG exige de la sécurité de reverser le trop perçu.

Pourtant, une guerre est ouverte entre le ministère des finances et Mohamed Idarousse à Beït-Salam. Les gabegies, les dépassements des dépenses, les travaux superflus, les retards cumulés et les affectations de crédit non pourvues, chaque camp se renvoie la patate chaude, à la recherche du bouc-émissaire idéal. Mais gentilshommes, dormez tranquille. Pour l'instant, tout va très bien dans le meilleur des mondes. Bienvenue dans les îles des citoyens de la lune. Mais ce peuple tant adulé, aurait-il un jour droit à un bilan financier de ce rendez-vous manqué ?!!!

BAKARI Idjabou

COMORESplus

 

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