PHINT[1]COMORES plus : Commissaire Mohamed Soulé Issilam, unique survivant du vaisseau Mouigni I, donc seul Commissaire reconduit à Mouigni Baraka II, pourquoi cela ?

 

Mohamed Soulé Issilam : En effet, je suis l’unique commissaire du premier Exécutif reconduit. Sur le pourquoi, je ne peux pas me mettre à la place de Monsieur le Gouverneur. Il existe plusieurs paramètres qui conduisent à la composition d’un Exécutif politique et c’est le chef qui en est maitre. Il est le seul à décider, un pouvoir qui lui est dévolu par la constitution.

 

CP :Commissaire en charge des Travaux Publics, pourriez vous nous dire que d’ici la fin du mandat du Gouverneur Mouigni Baraka, la réhabilitation des routes sera au complet ?

 

M.S.I : Je pense qu’il faut distinguer les routes qui relèvent du pouvoir central (les routes nationales)de celles dont nous avons la charge (les routes secondaires). Mais il faut comprendre surtout que la mobilisation des fonds ne se fait pas par un claquement de doigts. Heureusement notre pays bénéficie d’un financement pour cinq cent cinquante quatre (554) km du réseau national. L’exécution est confiée à des entreprises privées et les pouvoirs publics veillent à l’application stricte des cahiers de charge. Ainsi la réhabilitation des routes n’est plus un rêve; elle est entamée. Nous disposons également d’un outil essentiel qui est la régie des Travaux Publics de Ngazidja et nous espérons qu’elle saura complétée  les travaux déjà engagés. Et d’ici la fin du mandat comme vous le dites, nous espérons venir à bout, au pire couvrir le 80% du territoire. Je vous rappelle que c’est une de nos priorités mais on ne peut pas tout faire à la fois.

 

CP : Il y a plus de dix ans, Ngazidja importe des vaches, donc l’élevage de bovins y est presque en submersion. Que proposez-vous pour que l’élevage reprenne son rythme ?

 

M.S.I :L’élevage est un des secteurs les plus compliqués malgré ses multiples interactions avec les autres secteurs d’activités.D’après les données disponibles, fournies par le CIRAD, il existe quelques fermes à Ngazidja renfermant 4700 têtes d’animaux (estimations 2012) et que je trouve très  insuffisant par rapport à nos  besoins. D’où la nécessité d’agir et vite. En ce qui concerne les bovins, on a besoin de réunir un certain nombre de conditions notamment, l’espace (des enclos pour les bêtes, pour produire le foin),de l’eau donc d’abreuvoir et surtout de soins vétérinaires. Ces aspects doivent être pris en compte en amont. Ainsi, pour que l’élevage reprenne son rythme, il faudrait abandonner le schéma classique de l’élevage familial et organiser la filière par la mise en place de structures privées capables de penser économie. C’est-à-dire, intégrer les notions de gestion, unique moyen pour les éleveurs de devenir riches.  J’ai demandé aux techniciens de mon Commissariat de fournir une étude sur l’élevage, après quoi j’inviterai nos frères de la Direction Nationale à nous donner leur avis et surtout déterminer quel élevage pour Ngazidja. S’agissant des animaux importés il y a matière à réflexion quand on voit le ballet des vaches dans la capitale jusqu’aux portes de l’Assemblée Nationale.

Les animaux importés introduisent des maladies qui attaquent par la suite le cheptel local et même les humains. Pour contourner ces méfaits, j’envisage :

- La mise en œuvre d’un diagnostic objectif et le traitement des animaux importés.

- La création d’un parc de mise en quarantaine : les animaux malades y seront isolés

- Et la mise en place d’une pharmacie vétérinaire : celle-ci sera aussi mise à la disposition des éleveurs.

 

CP : En matière d’agriculture et d’élevage, pourriez-vous rapprocher les zones les plus reculées de Ngazidja, du pouvoir insulaire ?

 

M.S.I : Nous avons déjà lancé une opération de recensement et d’immatriculation des terrains agricoles domaniaux. C’est son excellence Monsieur le Gouverneur qui a donné le coup d’envoi à Simboussa (Mbadjini). Je me suis rendu à Mbéradjou, un carrefour entre Hamahamet, Mboikou, Mitsamihouli et le Mboudé. Bientôt je me rendrai à DDPA (Nvouni) et Seréhéni. L’objectif principal, est de créer toutes les conditions d’une Agriculture intensive et spécialisée. Je pense que nous devons aller vers une agriculture économique, c’est-à-dire, promouvoir un environnement rural attractif et une agriculture qui contribuera de manière significative à une croissance accélérée pour la réduction de la pauvreté en milieu rural. Notre intérêt  à tous, est de favoriser la création de petits groupements capables d’assurer la gestion de leur production. Pour parvenir à cet objectif, un certain nombre d’activités, notamment le recensement des terrains domaniaux agricoles et la promotion de semences vivrières de qualités, sont engagées. Avec l’aide de nos partenaires au développement, nous nous attaquerons aux problèmes de la maitrise de l’eau, la restauration des terres pour améliorer leur productivité et le renforcement des capacités des acteurs. C’est ma façon de rapprocher les zones et les praticiens du pouvoir insulaire et du pouvoir tout court. Nous devons transformer nos cultivateurs en véritables agriculteurs qui puissent vivre de leur travail et nous permettre enfin, de réduire notre dépendance de l’extérieur et conjurer le fléau de la vie chère.

CP :Récemment est créée une formation politique portant le sigle du RDC dont vous êtes le numéro deux et le chargé de l’organisation et de la mobilisation des adhérents. Quelle est votre vision par rapport à ce parti politique et les taches qui vous sont confiées ?

 

M.S.I : Je voudrais remercier au passage, tous les congressistes pour leur dévouement et la confiance qu’ils m’ont accordés. Je suis en effet, le Secrétaire National chargé de l’organisation et de la mobilisation, une tache très difficile pour un parti naissant et surtout dans un contexte de désertion des partis politiques. Tout le monde sait que les Comoriens désertent peu à peu les partis : donc je suis conscient de la dureté de mes taches, mais je sais aussi que je serai épaulé par d’autres personnes dont l’unique ambition est de redorer le blason  des partis politiques. Quand on est responsable d’un parti, l’unique vision est le rayonnement de ce parti par l’exercice du pouvoir. D’ailleurs, l’objectif principal du parti RDC est « l’émergence d’une société de paix répondant aux aspirations d’égalité, solidarité et progrès pour le bien être  du peuple Comoriens ». Cet objectif n’est réalisable que par l’exercice du pouvoir et pour y parvenir, nous tirerons notre légitimité  de l’adhésion de la majorité.

 

CP : La majorité des composants du bureau du RDC sont des Commissaires ainsi que des actifs de l’exécutif de Ngazidja, peut-on dire que c’est un parti de Mouigni Baraka ?  

M.S.I : Je me rends compte que vous n’avez pas eu connaissance de la composition du bureau politique du RDC : celui-ci est composé d’une trentaine de membres et seul le Secrétariat exécutif de quinze membres est élu par le congrès. Sur ces quinze personnes il y a seulement quatre Commissaires et deux actifs de l’exécutifs de Ngazidja ; six sur quinze ne constituent pas la majorité, que je sache et cela ne donne en rien, la paternité du parti au Gouverneur Mouigni Baraka. Le parti a déclaré haut et fort, soutenir la politique du Gouverneur Mouigni Baraka et celle du Président de l’Union, le Docteur Ikililou Dhoinine : c’est un fait et je le réaffirme, nous sommes les amis et les proches de Mouigni Baraka, citoyen et Gouverneur de l’Ile Autonome de Ngazidja.

CP : Le paysage comorien est dominé par l’affaire des trafiques des passeports connue sous l’affaireAbdou Achirafi ? Avez- vous quelques mots à dire sur ce sujet ?

M.S.I : Tout ce que je peux dire sur ce sujet, est que nous avons un devoir national de moraliser la vie publique de notre pays pour espérer amorcer le vrai développement de notre pays que nous aimons tous.

 

CP : Selon l’opinion publique, le chef de l’état aurait tenté une asphyxie de l’affaire Abdou Achirafi,que pensez-vous de cela ?

 

M.S.I : Je pense que c’est de la pire spéculation et je doute que ce soit l’opinion publique comme vous semblez l’affirmer : en règle générale, lorsqu’on se livre à ce mode de fonctionnement, on vise soit à atteindre quelqu’un, soit affaiblir le chef de l’Etat. Et là encore, c’est plus choquant puisqu’on dénigre la fonction du chef de l’Etat.

 

CP : Y a-t-il de rapport entre le pouvoir de l’Union et celui de l’exécutif de Ngazidja ?

 

M.S.I : Nous avons évoqué ce sujet lors de notre premier entretien : Des rapports entre l’Union et l’Exécutif de Ngazidja existent et ils sont aux beaux fixes. Notre intérêt à tous (Union et Exécutifs Insulaires) et que des très bons rapports subsistent entre  le Gouvernement Central et les entités régionales.

 

CP : Dans la triste prison de dawédju, des acteurs présumés d’une tentative de déstabilisation, y demeurent depuis des mois. Que pensez-vous du retard du procès ? Laxisme, manigance ou incompétence ?

 

M.S.I : Toutes les questions de procédures accusent toujours une certaine lenteur et à plus forte raison quand il s’agit de tentative de déstabilisation. Il revient donc au magistrat instructeur de rechercher et déterminer les faits pouvant conclure à la culpabilité de prévenus et réorganiser ainsi le procès.

                                                                                                                          

CP : Lu, à deux reprises dans le journal la gazette des Comores, que votre commune de Bambao yambwani est en voie de rupture, et commence par une dissidence de quelques localités, cela est- il vrai ?

M.S.I : Certains journalistes ont la plume facile et ce qui me dérange, est lorsque les affirmations sont gratuites et dénuées de tout fondement. Des  contradictions existent du nord au sud, et il n’ y a rien de choquant, au contraire. D’ailleurs, ce ne serait pas une première ; tout changement dans la société  emmène son lot de contestations. L’histoire de la communalisation est émaillée d’un certain nombre de contestations, parfois de révolte. En France, elle est connue sous l’appellation de « journée noire », une révolte qui a entrainé la mort de cinq mille personnes en une journée. Ensuite, comprenez qu’une des vertus de la démocratie, c’est la liberté d’opinion et cette possibilité de l’exprimer.

CP : Comme le Gouverneur de Ngazidja a promis, les poses de premières pierres pour la construction des hôtels ville, ont eu lieu, il ya un mois, donnez-vous une certitude que ces édifices seront achevés sous peu comme promis ?

 

M.S.I : Nous avons vingt-huit communes à Ngazidja soit vingt-huit hôtels de villes. Pour le moment, on a procédé à la pose de la première pierre pour seulement trois hôtels de ville. Les fonds sont disponibles. En même temps certaines localités ne nous ont pas  transmis toutes leurs données physiques. Je garde l’espoir que les travaux seront achevés à temps.

 

CP : Que pensez- vous des médias Comoriens dans le paysage sociopolitique ?

M.S.I : La presse est un outil essentiel dans le paysage d’un pays. Elle a ce triple rôle d’information, de formation et surtout de contre pouvoir. Pour cela, elle doit être plus proche des réalités. En ce qui concerne les médias Comoriens, ils sont plus jeunes, mais ils essaient de s’insérer dans le  paysage. Avec le temps, ils vont certainement se perfectionner.

CP : Monsieur le commissaire, merci.

M.S.I : C’est moi qui vous remercie pour m’avoir invité.

Propos recueillis par Abdou Radjab et Saïd Ahmed Djaffar

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