IMAG0054De quoi, va-t-elle accoucher la montagne ? Depuis il y a une semaine, la situation juridique de l’affaire d’Ikoni reste désarçonnée voire même regrettable. Cela suscite beaucoup de doute et de remord. Doute et remord qui ont engendré les soupçons. Plus de deux mois après les émeutes qui ont ruiné la ville d’Ikoni, les nuits du 23/12/2012 et 26 /01/ 2013, la confiance donnée préalablement à l’instance sur laquelle se reposait l’espoir des habitants de cette ville; la justice, commence à être gommée par la fumée. Une situation qui se traduit en honte à cette justice comorienne. Mais Est-ce que les contrecoups du procureur de la République qui ne s’adaptent pas à une justice digne de ce nom, sont à la connaissance de ses suprêmes, en l’occurrence le ministre de la justice et le chef de l’Etat ou des réactions isolées ?  Pourquoi la justice comorienne reste pitoyable à des gens qui devraient aller en geôle, une fois pris pour coupables ? Pourquoi le procureur de la République au lieu de se conformer aux rythme juridiques… veut à tout prix que les ikoniens gèrent l’affaire à l’amiable ? Mais quelle justice parle-t-on ? Celle de nos bangwe ou d’un pays civilisé, ayant comme réfère le code pénal ?

En vérité, les comoriens doivent savoir, pour quelle raison, le procureur de la République veut se décliner du procès d’Ikoni ? Incapacité, répressions, pitié… ou crainte ? Mais quel chemin tracé par cette justice dans le cadre de ce dossire, jusqu’à celle qu’elle soit flanchée à mi-chemin ? Etonnement et déception. Ce jeudi 21 Mars 2013, Ikoni a accueilli le pire et le jamais produit juridiquement. Après que certains dignitaires de la ville d’Ikoni, autrement dits les belligérants sont entendus pendant plusieurs heures par procureur, le dégrisement est tombé. Le procureur de la République a repris toujours son discours débourrant, selon lequel, « veuillez vous réconcilier, et surtout ranger tous à l’amiable. Sans cela, il y aura des têtes qui iront en prison… » Mais toujours, les partisans du déroulement du procès, Soilihi Hadji, Ali Achirafi… restent figés sur leur position, qui est celle des ikoniens du quartier harimwa-mdji. Celle position mal encaissée par le procureur, lui a provoqué une réaction mal digérée. Tout de suite, le Procureur de la République, a confirmé aux antagonistes qu’il a fait retourner le dossier d’Ikoni à la gendarmerie, précisément à la brigade pénale. Drôle de fait. Mais quel monde vivons-nous ? Mais en réalité, quelle liberté, la justice comorienne réclame ? Celle de laquelle le Procureur de la République tenaille ce dossier n’en est pas une ?

Pourquoi du froid aux yeux ?

A la gendarmerie, nationale, plus précisément, à la brigade pénale, les intéressés, s’y rendaient. Le discours ne connait toujours pas de transmutation. Réconciliation, sans parler de justice. Mais non. Chez les partisans du déroulement du procès, le concept est immobile. Pas de réconciliation sans justice. Nous devons savoir que la cohésion est là. Les ikoniens de différents quartiers prennent les même taxis quotidiennement, prient ensemble dans les même mosquées, enterrent en commun les morts… mais la vraie Paix a horreur de s’y installer toute seule. Elle attend la justice. Et cette justice ne s’inspire pas au tribunal de Moroni. Hélas ! C’est simple. Que le procureur de la République se déclare incapable de gérer cette affaire s’il ne veut emprisonner personne. Aucune décision sage que celle-là. Le procureur de la République, le ministre de l’intérieur, le juge d’instruction… ne doivent pas rester sans savoir qu’ils sont responsables de tout vent qui va souffler à Ikoni, un vent né par leur laxisme dans le dossier qu’on leur a confié. Un vrai magistrat n’a pas d’yeux pour verser de larmes. Un vrai magistrat manie, œuvre, examine… jusqu’à l’épuisement de recours. Mais passer à la jurisprudence avant le commencement du dossier, c’est utiliser le joker avant de commencer le jeu. Gravement désespérant. Monsieur le procureur, vous avez lâché le dossier. Le fait de le faire retourner à la gendarmerie est un abandon, et on sait très bien que l’amiable dont vous parlez c’est une métaphore. Ceux qui ont été capables de se faire tous les maux du monde, qui sont libres et qui circulent matin et soir, vous savez que la Paix ne peut jamais se trouver chez eux. Donc rendre aux ikoniens leur affaire, c’est de leur dire d’aller se faire justice. Mais le terme a été sagement prononcé. Sinon, les enfants ikonines, d’esprit, mourront pour la justice, la paix, la réconciliation afin de redonner la dignité à leur ville mal aimée. ET ils sont conscients du désamour enveloppé… La vérité d’aujourd’hui est le mensonge de demain.

Et monsieur le ministre de l’intérieur. Où est l’engagement que vous avez pris lorsque vous vouliez être plus médiatisé comme apôtre de la Paix ? Tous les comoriens de l’intérieur et de l’extérieur sont témoins. N’est-ce pas vous qui avez pris l’engagement selon lequel vous allez saisir la justice comorienne pour que le procès soit en bon train et que les coupables soient punis ? N’est-ce pas vous devant les cameras qui avez parlé de justice avant réconciliation ? N’est-ce pas vous qui avez parait-il rédigé un protocole de Paix dans lequel des articles devant être respectés par les ikoniens et vous-même ? Lorsqu’une partie de signataires de ce pacte l’a violé, quelle a été la mesure que vous avez prise ? Vous êtes disparus de la nature. On ne vous voit pas, on ne vous entend pas or la situation qui exige votre engagement est toujours mouvementée. Plus loyaux que les ikoniens, c’est un excès. Les ikoniens ont su, ont compris… et sur le front « les intentions se lisent ». Une Paix imposée par le ministre de l’intérieur pour la respiration de son ministère ou même du régime en place, n’était qu’une formalité. Mais Maman m’a dit :« Mwenga mdru ka mwandza. »  Avec respect, nous avons l’habitude de l’adage selon lequel, le mari de nôtre mère est sans doute père nôtre. Mais comme c’est su, ça va se savoir.

SAID YASSINE Said Ahmed

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