10357930 10203251596602857 941479211 n[1]Décidément, l'inénarrable Sako n'arrête pas de faire des siennes. Chaque jour qui passe, son excellence Monsieur le Procureur étonne et détonne encore et encore par son interprétation particulière des textes de loi. La dernière prouesse en date remonte à quelques jours à peine. Et le Proc innové. Il invente le délit de vérité. Sa première victime expiatoire Babatay. Déjà privé de liberté, le présumé comploteur se retrouve depuis lundi en cellule d'isolement.

 " Droits de l'homme ou droit sur l'homme?"

La situation est un peu loufoque. Sans doute très inquiétante sous d'autres cieux plus respectueux de l'Etat de droit. Mais ici elle s'inscrit dans une longue tradition de prise de liberté avec le droit. Comble du cynisme, l'affaire en question s'est déroulée lors d'une visite officielle d'experts internationaux du Haut Commissariat des droits de l'homme aux Comores.

En effet, Mme Matrias ARIAS et M. Gabor RONAS ont conduit une délégation de spécialistes en mission dans l'archipel. Le but, évaluer la probabilité de menaces de mercenaires et les avancées en matière de respect des conventions internationales plus précisément en droits de l'homme. Ou de plus indiqué qu’une prison, lieu de privation par excellence de liberté pour faire un état de lieu, de l'établissement et de ses occupants ? Ne dit-on pas généralement que les prisons d'un pays reflètent son niveau de développement ? La case "prison" s'est alors imposée comme indispensable à la délégation onusienne. La présence de "supposes" mercenaires est un autre argument justifiant le détour.

 

Au cours de la visite, en présence du Procureur Sako, Babatay, un des quinze accusés de tentative de coup d'Etat du 20 avril n'aurait pas mâché ses mots pour dénoncer farouchement les injustices que ses compagnons d'infortune et lui ont subies et les conditions exécrables et indignes dans lesquelles ils survivent. Il aurait déballé sèchement ainsi "le linge sale", ses quatre vérités,  devant des étrangers.

" Toute la vérité et rien que la verite" affirme Babatay, "insulte et outrages" accuse Sako. Une heure après la fin de la visite, le verdict tombe. Sur décision du Procureur le bouillonnant et téméraire prisonnier est cantonné à l'isolement. Ainsi soit-il !  Le pouvoir d'un homme a pris le dessus sur les droits de l'homme.

 " Des vérités surtout à taire!"

Outrage, insulte ou crime de lèse majesté. Il n'y a pas si longtemps un avocat, Me Attik a gouté aux charmes pittoresques de "Le Moroni2", alias Dawedju pour outrage, juste en exerçant son métier. Alors un détenu, soupçonné de commettre d'atteinte au régime ?

Pourtant, il semblerait que Babatay n'aurait fait que dénoncer avec véhémence et la rage d'une victime d'injustice, les " séances de tortures subies" à Kandaani, l'amateurisme de la procédure judiciaire, des autorités qui se seraient fourvoyées en annonçant publiquement détenir des preuves matérielles notamment des armes lourdes de guerre un hélicoptère. Or, point d'arsenal militaire et l'hélicoptère disparu non seulement des radars mais aussi et surtout du dossier. Du coup il s'est interrogé sur son suppose implication. " Je ne suis ni politicien ni militaire." Et explique. "Mon seul tort, avoir loué ma maison à Joris, un étranger". Et conclue: " M. et Mmes, je ne permets pas de vous retenir longtemps dans ce dépotoir, merci de m'avoir écouté". 

 Informées de la nouvelle, les associations des droits de l'homme et le comité de soutien ont aussitôt adressé un courrier à Mme Navanathene PILLAY, présidente du Haut Commissariat des droits de l'homme à Genève, pour l'informer de la situation.

BAKARI Idjabou.

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