Mayotte : Les mineurs clandestins entre deux feux…
27 avr. 2009 La guerre, le génocide et la pauvreté sont les principaux origines de « enfant de la rue ». A Mayotte, c’est une autre histoire. Les enfants originaires des îles sœurs des Comores, victimes d’une politique du plus fort et d’une économie insulaire vacillante, se retrouvent dans les rues des villes de l’île hippocampe.
Venus avec leurs proches ou leurs parents pour soi-disant rejoindre l’eldorado, ces mineurs précitées tombent dans la mendicité, la drogue, la délinquance et j’en passe. Devant les supermarchés, la rue et les restaurants, ces mineurs laissés à la merci de la nature, cherchent à survivre. Des petites pièces par ici et des bouts de pain par là, ils se débrouillent comme ils peuvent pour essayer de vivre au jour le jour. Ajouté au calvaire de la traversée de la mort, l’enfant comorien se trouve coincé entre deux feux.
Un constat qui fait mal, vu le nombre d’enfants de la rue qui vivent sur le sol mahorais. Si aujourd’hui on sait que 40% des habitants de l’île sont considérés comme étrangers, beaucoup plus encore sont considérés comme des « CLANDOS » et la situation à venir ne présage rien de meilleure.
Aujourd’hui les interrogations se focalisent sur les raisons d’une telle injustice. La pauvreté d’en face est-t-elle justifiée pour mettre les enfants dans le pétrin ? L’eldorado annoncé ne va pas leur jouer de tour ? Quelles sont les responsables ? Et que doit-t-on faire ?
Naturellement l’enfant comorien reste auprès de ses proches. L’adoption et l’abandon ne sont jamais d’actualité. Malgré la pauvreté, la famille comorienne, reste toujours solidaire. La politique d’immigration clandestine de l’île, brise les rêves de ces comoriens des autres îles qui viennent essayer de trouver ce qui n’existe pas chez eux. Selon la loi française, un mineur ne peut pas être expulsé mais peut vivre dans les rue de Mayotte.
Sans papiers français, des familles entières sont expulsées tous les jours vers les autres îles des Comores, laissant derrière elles des mineurs qui méritent autre chose que la solitude. Refusant d’embarquer avec leurs enfants, les parents jouent gros. Ils les utilisent comme une sorte de « passeport », une raison de plus pour refaire la traversée. Du jour au lendemain des mineurs se retrouvent maître de leurs destins. Sans structure adéquate pour protéger ces mineurs laissés à l’abandon, la rue reste donc inévitable.
Les conséquences sont innombrables. La délinquance, la maladie et la drogue sont les plus visibles. L’échec scolaire ou plutôt la déscolarisation de ces jeunes sont inacceptables.
Certes, l’Union des Comores est un pays pauvre mais le système scolaire est accessible à tous. Le luxe est un rare dans ces îles de la lune mais l’essentiel est là. Comme dit le proverbe : « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras». Il est donc urgent d’agir dans le bon sens. Exposer ces mineurs à la fois à la traversée de la mort et à l’échec social est intolérable.
Les aider est une urgence. Ces mineurs ne méritent pas ça. Les candidats à la traversée sont nombreux. Les discours de la belle vie les poussent d’aller tenter la chance là-bas en suivant ce que les comoriens ont dit l’ailleurs merveille. Une chance qui sourit peut être à quelques uns mais l’échec est assuré pour bon nombre de mineurs.
Les autorités doivent réfléchir à ce problème. Un problème qui brise des rêves, qui éclate des familles et qui compromet la réussite de demain. Une campagne de sensibilisation pour les risques encourus des mineurs, candidats au départ, est nécessaire. Laisser une telle situation s’installer sur nos îles sera le pire des erreurs.
Radjab Abdou (Nantes)