A la nuit tombée, sur les rues des villes et villages des Comores, la lumière est devenue un luxe et même produit rare. Le stilligoutte et l’absence d’éclairage dans la plupart des régions, illustrent combien l’accès à l’énergie électrique s’avère cruciale pour les conditions de vie des citoyens. L’économie, la santé, la culture et les administrations…, peinent à se développer. Tous touchés par une livraison d’énergie aléatoire et incertaine, ils sont un sérieux problème au développement. Ca ne demande pas être sorcier pour comprendre l’importance et le rôle de l’électricité dans une société. Celui-ci permet à la délocalisation des certaines entreprises, d’améliorer le bien être de la population et également, de favoriser les activités touristiques hors agglomération.

Ces dix dernières années, avec la participation financière de certaines communes, le câblage électrique progresse, même si c’est timidement, dans les milieux ruraux. Seulement, l’énergie quasi nulle, que la société Mamwe fournit à ces régions reculées, pénalise le développement des idées créatives. Cette dernière accentue, tous les jours, le déséquilibre de la société et son environnement. Malgré les multiples tentatives de création d’activité, les efforts des artisans comoriens, butent aussitôt. En prenant l’exemple des vendeurs des « Mabawa », de la viande et des poissons surgelés, ceux-ci n’osent pas à se lancer sérieusement…à cause du manque d’énergie régulière. Ceux qui décident de continuer l’exploitation n’ont pas la tâche facile. Ils doivent en permanence recourir à l’usage d’un groupe hydrogène personnel, une charge supplémentaire pour ces petits structures qui peinent à survivre. Dans le cas contraire, ces produits précités, indispensables dans le quotidien de la population, sont vendus dans un état qui ne répond pas aux normes sanitaires. Par conséquent, ils provoquent des complications sanitaires plus que préoccupantes.

Pourquoi une telle situation ? Et pour combien de temps encore ?

La situation de l’énergie aux Comores parait toujours inacceptable. L’année 2008, par exemple avec la hausse historique du prix de pétrole et l’épicentre de la crise économique mondiale, c’est là que le pire s’est installé. Comme tous les pays en voie de développement, Les Comores sont contraint d’importer la totalité de sa consommation en hydrocarbure. De ce fait, sans autre moyen local de production d’énergie, la société est soumise aux fluctuations des cours internationaux. Avec sa gestion médiocre, elle n’avait aucune chance de se relever dans cette situation extrême. La preuve ? Tous ceux qui étaient aux Comores l’été 2008 ont vécu la réalité du fait.

« Mamwe », société d’Etat, qui bénéficie le monopole absolu dans la grande île, se retrouve depuis belle lurette dans une situation critique que je qualifie aussi de déplorable. Une production catastrophique, une politique économique incompréhensible, une gestion inexistante et surtout une vision tournée vers les intérêts des politiques et des intérêts démagogiques et personnels qu’à la population, résultent la passivité, la négligence et l’incompétence des dirigeants se succédant dans cette boite, depuis des lustres. Les comoriens imaginaient sortir de cette gouffre, une fois que le prix du carburant deviendra raisonnable en vaine! Le problème n’est pas seulement là. La société est gravement malade dans tous les secteurs. Il faut tout revoir !

Depuis le 20 mars 2009, Mlanao Henri Alphonse nouveau Directeur de « Mamwe » affiche des ambitions dignes d’un administrateur chevronné. Mettre de l’ordre dans la gestion interne et planifier une comptabilité régulière, sont parmi ses engagements. Il a compris enfin qu’une entreprise commerciale ne peut pas fonctionner sans clientèle. Il s’engage parallèlement, à multiplier les branchements et les installations électriques afin de maximiser les recettes. Vue la demande, cette décision est salutaire.

Certes, Les Comores sont pauvres, le chômage et le paiement qui s’opère aux règles du Yoyo ne fidélisent guère la clientèle, mais comme dit le Mgazidja : « Nyama nkuu hulaya mbe dju ». En réalité, la majorité de la population comorienne a le potentiel et les moyens de s’offrir de l’énergie. Avec la solidarité incontestée de leurs proches « les je viens », plusieurs familles comoriennes attendent le branchement électrique, une manne financière non négligeable. Cette attente favorise les fraudes cause indubitable des pertes sèches dans la trésorerie de Mamwe. Sinon il ne faut pas perdre de l’espoir ! Sachions seulement que le chemin sera long ! Avec ce nouveau Directeur, la politique commerciale de « Mamwe » semble se diriger vers la bonne piste. Il faut attendre pour le juger sur le fait, car une responsabilité de trois mois nul ne peut faire de miracle. Il a promis de prendre le taureau par les cornes. Mais on se demande vraiment : « yeba yinu ngiyona nyonga hau yo mbe ya pundu? »…

Abdou Radjab

Archive (juin 2009)

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