Comores - Mohamed Abdouloihabi : « Je n’accepterai jamais l’appellation de Gouverneur »
30 sept. 2009 « Les relations entre le pouvoir de l’Union et les îles autonomes, surtout l’île de Ngazidja, sont basées sous une formule de « Bangwe ». Les autorités fédérales se permettent de bafouer toutes les règles constitutionnelles », a déclaré Mohamed Abdouloihabi devant les journalistes ce lundi 28 septembre au cours d’une conférence de presse tenue au siège du pouvoir de l’île de la Grande-Comore
Les institutions, les relations entre le pouvoir de l’Union et l’île autonome de Ngazidja, l’évolution de la situation politique, la question de Mayotte et les relations du pays avec les partenaires internationaux, notamment le Fmi, sont les points abordés au cours de cette rencontre qui a durée plus de deux heures.
Evoquant la question relative au changement constitutionnelle intervenu le 17 mai dernier, il fera remarquer que celle-ci a « vidé de toute sa substance l’autonomie des îles ». « Les compétences des îles autonomes sont très limitées. Nous sommes écartés de la gestion des sociétés d’Etat », a-t-il enchaîné. Pour Mohamed Abdouloihabi, l’absence des Assemblées de l’Union ainsi que celles des îles a ouvert « un boulevard pour l’installation d’un Etat géré en dehors de toute norme constitutionnelle au sein duquel les vœux du chef font office de loi ».
Alors que l’on s’achemine vers l’organisation des législatives, cette haute autorité de l’île de Ngazidja se demande si le pays dispose des moyens suffisants pour organiser ces élections suivies de celles des primaires pour la tournante de Mohéli en début d’année prochaine. « Pour nous, la priorité des priorités est que la présidence tournante soit organisée à Mwali en 2010, afin d’éviter un éclatement du pays ».
Le chef de l’exécutif de Ngazidja s’est ensuite plaint des « humiliations » subies par les autorités de l’île. « On nous a ôté les apparats, retiré nos avantages », a-t-il relevé indiquant qu’en ce moment il est privé de téléphone aussi bien au bureau qu’à son domicile. « On est allé même jusqu’à nous priver de nos salaires. Tout cela parce que nous n'acceptons pas les appellations de gouverneurs et de commissaires », a-t-il mentionné. Malgré ces « brimades », il refuse de céder. « J'ai été élu président de l’île pour un mandat de cinq ans. Je n’accepterai jamais l’appellation de gouverneur », a-t-il lancé, sur un ton ferme. « Nous estimons que le consensus doit primer en cette période transitoire », a-t-il clamé.
Abordant la question de Mayotte, il a noté que toute solution à ce différend entre les Comores et son ancienne puissance coloniale, la France, doit passer par des négociations privilégiant le volet social et économique.
Mohamed Abdouloihabi, s’est enfin attaqué au sujet du récent accord entre le FMI et l’Etat comorien. Il s’est interrogé sur la « fiabilité » des chiffres communiqués par le gouvernement à cette institution de Bretton Wood. « Si les données livrées ne sont pas fiables alors notre programme ne sera qu’un château de carte », s’est-il inquiété. Avant d’ajouter « Si nous voulons réussir ce programme nous devons nous réunir pour voir comment nous pourrons faire afin de pouvoir respecter les engagements pris auprès de cette institution ».
Faïssoili Abdou
Source : MALANGO