Encourager les petites entreprises !…la croissance passera par là…
22 mai 2009L’économie des Comores est dans une situation alarmante. Tous les secteurs sont dans la zone rouge. Les grandes, les moyennes et surtout les super petites entreprises, s’enfoncent. Cette structure ne bénéficie d’aucun accompagnement. Et aucune analyse de la situation n’est à l’étude. Ca ne demande pas être sorcier pour comprendre que, sans mesures concrètes, l’économie de notre pays plonge dans le chaos.
Certes, le secteur agricole, indispensable dans l’économie des îles Comores, souffre d’une production aléatoire et anarchique, de laquelle les conséquences sont visibles. Des prix comme celui de la vanille, qui oscillent catastrophiquement d’une année à l’autre, immobilisent les activités et entraînent une chute de la production nationale. La pêche dont les méthodes restent toujours archaïques, n’échappe pas aux règles d’une gestion aléatoire. Ce secteur n’arrive pas jusqu’à présent, à se vêtir d’un statut professionnel. Ce qui gène la structuration et l’orientation des objectifs de nos pêcheurs.
Le secteur public est saturé. Trouver un poste, devient un parcours du combattant sans aucune chance d’y arriver. Par conséquent, la création d’emploi stagne, le chômage s’accentue et l’économie suit une loi de décroissance irréversible aux yeux de nos responsables politico-économiques.
Il est temps de passer à l’esprit novateur afin de désamorcer cette situation affligeante. Dans un pays comme le nôtre, les petites entreprises ou micro-entreprises, jouent un rôle notable dans l’évolution économique. Elles sont les moteurs de la croissance et de la réduction de la pauvreté. Un facteur non négligeable de la vie sociale comorienne.
Les Comoriens ont, en général un esprit créatif, à l’exemple des nombreuses initiatives de créations des petites épiceries, des boutiques et des super petites entreprises de transport (le taxi villes et brousse) implantées dans le territoire. Seulement, les résultats sont médiocres ; plusieurs d’entre elles sont mortes nées et celles qui luttent pour survivre ont peu de marge pour prendre le large, car les obstacles d’ordre juridique et social sont quasi permanents.
Nous trouvons aux Comores plusieurs sortes de petites entreprises : certaines sont implantées dans le milieu urbain et d’autres dans ceux ruraux, sans oublier celles qui fonctionnent en dehors des règles juridiques. Chaque catégorie souffre d’un contexte différent, lié à sa position géographique. Les petites entreprises en milieu urbain, font face à une vive concurrence qui freine leurs développements. Cette concurrence est principalement due à une mauvaise étude entre l’offre et la demande ainsi qu’une mauvaise gestion interne. Celles des milieux ruraux, sont victimes d’une absence des infrastructures routières et d’une électrification presque inexistantes. L’absence de cette nécessité pour le fonctionnement d’une entreprise, stoppe les idées créatives et poussent une partie de la population à l’exode rural, voire même à quitter le pays on dit de cela fuite des cerveaux. Par conséquent, le développement économique, tourne au ralentie et même connaît une disparition définitive dans ces milieux laissés à l’abandon par les pouvoirs publics.
Nous constatons plusieurs tentatives de création mais qui buttent aussitôt. La communauté comorienne en France offre des moyens financiers considérables à leurs proches pour qu’ils se lancent dans la course d’une activité économique. Beaucoup d’entre eux prennent le chemin vers des pays comme les Emirats Arabe unis, Zanzibar, Chine ou Madagascar, pour le commerce et d’autres tentent leur chance dans le transport (taxis). Ces deux secteurs d’activité, se trouvent dans un état de saturation sans précèdent. Ces problèmes de concurrence ne facilitent pas le bon départ de ces petites structures mais les conduisent droit vers la disparition.
La principale cause de cette circonstance reste l’orientation des objectifs. Plusieurs d’entre eux, se lancent dans le marché sans aucune connaissance préalable de l’entreprise ni leurs fonctionnements. Cette tâche qui consiste à orienter ces entrepreneurs, est aux épaules de nos responsables en l’occurrence les agents du ministère de l’industrie. La croissance économique de notre pays passera par une bonne gestion et bonne orientation des petites et super petites entreprises.
Il est urgent que nos politiques se penchent sur ce sujet préoccupant, afin de revoir la politique économique du pays, pour lui trouver une solution efficace. Cela permettra à la survie et à l’accroissement de ces petites entreprises. Une politique d’orientation et de soutiens techniques, est discutable car la survie et le développement de ces unités dernièrement citées constitueront le premier pas dans la promotion de l’esprit d’entreprise.
Pour faire face à ce problème, nos autorités doivent mobiliser des techniciens et des manageurs de projet sous forme d’une cellule de conseil et d’orientation. Ce groupe d’experts aura comme tâche : animer et dynamiser les créateurs d’entreprises autours d’objectifs précis qui peuvent être : la stratégie du marché, l’optimisation des ressources ou d’autres points sensibles spécifiques au marché comorien. Parmi les idées qui peuvent être analysées, mettre un groupe de taximan en coopération. Cette optique permettra de minimiser la circulation inutile et rentabiliser les recettes journalières. Pour un tel coaching, seuls les techniciens ont les ressources pour appréhender et analyser les situations complexes de vie d’une entreprise, quelque soit sa taille, afin de mieux anticiper et d’orienter vers les chemins de la croissance.
A ce stade il faut prendre le problème par ses racines. Structurer les grandes entreprises sans solutionner la croissance des petites, est une erreur économique majeur. L’organisation d’un approche de « bas vers le haut » dans la politique économique, peut motiver plus d’un à se lancer sereinement dans la création d’entreprise. Il créera un dynamisme dans le secteur économique et donc dans la vie sociale du pays. C’est parmi les plans desquels l’économie peut espérer sortir du gouffre dans lequel elle se trouve actuellement. Ce n’est pas une mince affaire puisque aujourd’hui la balle peut se retrouver dans plusieurs camps. Entre le gouvernement de l’union et les pouvoirs insulaires, mais à ce stade du jeu, il est très intelligent que chacun prenne sa responsabilité pour que notre cher pays ne moisisse pas dans une situation économique déplorable et irréversible.
Abdou RADJABOU