COMORES, AFFAIRE DU 20 AVRIL : VERS UN HAPPY END ?
15 oct. 2014
Depuis le 20 avril 2013, l’Etat comorien n’a eu de cesse de prendre des libertés avec le droit pour épouser méticuleusement les codes des spins doctors, qui font le bonheur de Hollywood, ou plutôt de Bollywood, compte tenu de la durée interminable du film. Il semblerait que confrontés à la réalité judiciaire, la production est en stand-by.
«A Juger ou libres » samedi
A en croire certaines personnes proches du dossier, le Parquet assume pleinement et de manière décomplexé son rôle dans la distribution.
Suite à une ordonnance rendue samedi dernier, Le juge d’instruction, Djounaîd aurait « notifié » en personne, sans l’entremise des conseillers juridiques des prévenus, une convocation devant la chambre, avec requalification des accusations. La notification à tous les avocats n’était visiblement pas une urgence. Puisqu’elle l’a été tardive et partielle. Tous les avocats n’ont pas eu le même traitement. Dans la notification, « une préférence nationale » fut l’option retenue.
Ainsi, la Chambre d’accusation siégera, ce samedi. Un délai si court qui écarte de facto les avocats étrangers, qui, à moins d’être des « supermans » ne peuvent préparer un dossier pour le plaider à Moroni dans 48 heures.
La mise en scène médiatique
Ce n’est qu’une suite logique, un épisode de plus, de cette série rocambolesque dans laquelle, les affabulations des uns répondent merveilleusement aux desseins des autres. Ministre de l’intérieur, en la personne de Hamada Abdallah, Président de l’Union, Directeur de cabinet chargé de la défense, partis politiques et Procureur Sako ont chacun, à tour de rôle, joué la partition d’une symphonie improvisée. Celle d’un coup d’Etat, ou plus exactement, d’une tentative d’Assassinat et de déstabilisation du pouvoir. Une campagne médiatique a inondé les ondes faisant état de preuves matérielles abondantes et indiscutables : « des armes de guerre, même un hélicoptère, une somme d’argent etc … ».
Une mise en scène médiatique, à la limite du matraquage, qui avait pour principal objectif de conditionner le peuple pour avaler la version officielle du script. Résultat de l’opération, quinze personnes croupissent toujours à « Le Moroni2 » pour tentative de coup d’Etat, plus d’un an et demi déjà.
A quand le respect du droit ?
Plus les jours passent, moins « les gardiens du Palais » et les donneurs d’ordre se préoccupent du respect des lois. Beaucoup ont en mémoire les déclarations fracassantes du procureur Sako, de retour de son séjour parisien. Aucun avocat de la défense n’a eu connaissance des résultats de la commission rogatoire.
Quand on sait que, parmi les inculpés, nombreux ont choisi des conseillers étrangers, M. LEVY, COLLARD et MADINGA, en l’occurrence pour assurer leur défense et qu’à trois jours d’une audience décisive, ces avocats ne sont au courant de rien, il y a lieu de s’interroger sur les intentions des palais.
Une chose est certaine : avec de telles manœuvres, la justice du pays ne s’honore pas. D’autant que l’affaire en question n’est pas que comorienne, mais implique aussi, d’autres ressortissants africains. Car « deux jours pour préparer mémoires et trouver un jet privé pour Moroni … ».
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