ENDETTEMENT PUBLIC. ATTENTION DANGER ( Partie 1)

Le 16 avril 2024, j’ai eu accès à un article du site internet « alcomorya.net intitulé « Comores : 100 milliards de dettes en plus de 2017 à 2022 » après avoir pris connaissance d’un texte publié par Jeune Afrique le même jour et consacré à l’endettement de la Côte d’Ivoire dont le titre est « En Côte d’Ivoire, une croissance en crédit ? ». Je fais mienne la citation du célèbre physicien Einstein « Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito ». Je ne crois pas au hasard. L’accès à ces 2 documents à quelques heures d’intervalle indique que je dois examiner la situation de la dette des Comores à la lumière de ce qui se passe ailleurs, en l’occurrence en Côte d’Ivoire. 

Selon alcomorya.net, la dette des Comores est passée de 90 milliards de francs comoriens à 189,3 milliards francs comoriens de 2017 à 2022. Une explosion de la dette due à un recours à des prêts non-concessionnels (c’est-à-dire des prêts avec des taux d’intérêts au prix du marché) contrairement aux recommandations du FMI et qui est passée de 33,7 % du PIB en 2022 à 40,7 % du PIB en 2023. Le ratio dette publique/PIB atteindra 45,2 % en 2025 selon la Banque mondiale. Ce qui a conduit le FMI à rehausser le risque de surendettement externe de « modéré » à « élevé » dès février 2022.  Examinons maintenant la situation de la dette en Côte d’Ivoire.

L’endettement de ce pays s’élève actuellement à 58 % du PIB, contre 38 % en 2019, un niveau dont la soutenabilité fait débat chez les économistes ivoiriens. « Le ratio d’endettement par rapport au PIB recommandé se situe entre 60 et 70 %. On n’a pas dépassé les 60 %, il n’y a pas le feu en la demeure », estime Blaise Makaye, docteur en économie et chercheur à l’université de Bouaké (centre) qui précise que ce ratio est « bien inférieur à ceux des pays développés », comme la France où elle frôle les 100 %.

« Le FMI dit que pour les petites économies comme la Côte d’Ivoire, dépasser 49 % d’endettement peut être dangereux », répond Séraphin Prao, qui met en garde contre des « taux d’intérêt élevés » et les « bases fragiles » de l’économie ivoirienne. La Côte d’Ivoire est le 1 er exportateur mondial de cacao. Elle est l’un des grands producteurs mondiaux de café, d’huile de palme, de caoutchouc naturel. Son sous-sol recèle de l’or, du diamant, du fer et d’autres minerais. Elle s’apprête à mettre en exploitation ses gisements de pétrole d’ici 2026. Elle possède une industrie agro-alimentaire. Son PIB (70,02 milliards USD en 2022 selon la Banque mondiale) est 56 fois plus important que celui des Comores (1,24 milliards USD selon la même source en 2022). Si un tel pays est considéré comme une « petite économie » aux « bases fragiles » dont le taux d’endettement ne doit pas dépasser 49% du PIB, qu’en est-il alors des Comores qui est un nain économique par rapport à ce pays et dont le taux d’endettement pourrait atteindre 45,2 % du PIB en 2025 ?

Abdourahamane Cheikh Ali, diplômé de l’ENES en gestion et de l’université Lumière Lyon 2 en droit constitutionnel comparé

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