Dans un pays où le patriotisme fait défaut, où les individus (je n'ose pas dire les citoyens) s'identifient plutôt à leurs villages, où l'outrage fait au Chef de l'Etat par un étranger laisse indifférent voire suscite des sourires approbateurs maisoù insulter le chef d'un village rival c'est s'exposer à un lynchage et où les conflits inter-villageois sont fréquents, le regroupement de plusieurs localités au sein d'une même commune ne pouvait être une sinécure. Dans ce contexte, on comprend aisément pourquoi le choix des localités devant abriter les sièges des délégations spéciales est sujet à controverse dans certaines régions de Ngazidja. Je m'attarderai ici sur les cas sur lesquels je dispose d'éléments objectifs pour livrer mon point de vue. Il s'agit des choix des lieux d'implantation des hôtels de ville dans la ma circonscription électorale, le Bambao. Je tiens d'abord à saluer la maturité et le sens des responsabilités dont ont fait preuve les habitants de la commune de Bambao Yahari qui ont pu dépasser les conflits entre Vouvouni et Mdé et ont su se mettre d'accord pour installer le siège de la délégation spéciale dans cette dernière ville.

 

Par contre, je suis tombé des nues en lisant sur le blog ComoresPlus que l'ancien Maire d'Iconi s'était rendu à Moindzaza Boini pour inciter les habitants des autres localités de la commune de Moindzaza Boini à contester le choix d'Iconi comme siège de leur hôtel de ville. Des rivalités ancestrales entre Mvouni, Mkazi et Mavingouni et un conflit foncier récent entres habitants de Mkazi et leurs voisins de Mavingouni conduisent certains habitants de la commune de Bambao Yadjou à envisager l'implantation de l'hôtel de ville dans un no man's land au milieu des champs. Si ce projet absurde devait se concrétiser, ce ne serait pas un hôtel de ville mais plutôt un hôtel ....des champs! En effet, un hôtel de ville, qui est en fait le Bangwe moderne, ne saurait être construit au milieu de nulle part. Comme son nom l'indique, il doit être érigé DANS la ville. Par conséquent, j'invite solennellement les habitants de la commune de Bambao Yadjou à désigner clairement l'une des trois localités pour abriter l'hôtel de ville. La commune ayant pour vocation de rapprocher l'administration des administrés, la logique voudrait que l'hôtel de ville soit implanté dans la ville la plus peuplée de la commune, en l'occurrence Mkazi qui abrite plus de 55% de la population du Bambao Yadjou.

 

S'agissant du conflit foncier qui oppose les habitants de Mkazi à ceux de Mavingouni, il appartient aux tribunaux de le régler. Depuis la chute du gouvernement d'Ali Soilihi, l'Etat sous-traite la gestion des conflits intra et inter-villageois à des autorités coutumières de moins en moins efficaces alors que la préservation de la paix civile constitue la raison d'être de l'Etat. La recrudescence et la gravité des conflits qui déchirent les communautés doivent conduire aujourd'hui l'Etat à exercer pleinement ses compétences en matière de sécurité des biens et des personnes.

 

Abdourahamane Cheikh Ali

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