P8250569Le mutant politique le plus iranien des comoriens a réussi sa rentrée. Avec son habileté dans la communication politique, il a réussi à créer le buzz autour d’un non-événement : l’ouverture du bureau d’un parti. Et nous sommes tous tombés dans le piège puisque nous lui offrons cette publicité gratuite. A cette différence près peut-être, que nous avons tous compris comme le nez au milieu du visage que tout cela n’était rien d’autre qu’un test grandeur nature.  Il s’agissait de lancer une pierre dans la marre et voir la puissance de la houle que celle-ci fait. C’est une prise de température de la naïveté du comorien, de la fragilité des partis politiques et de la nonchalance des institutions républicaines. D’autant qu’il a compris que l’opinion comorienne adore le bluff quand il est bien dit. Et à ce petit jeu de poker-menteur, il excelle.

Sambi annonce sa possible candidature aux prochaines élections présidentielles 2 ans avant la date de dépôt des candidatures. Il sait que la Constitution bancale que nous avons, lui offre ce droit, puisque le constitutionnaliste ne pouvait pas introduire des conditions d’origine et de naissance dans le texte fondamental au risque de recevoir les foudres de la communauté internationale et des défenseurs de droits de l’homme. Il sait que 6 mois avant les élections, il peut changer de lieu de résidence et être candidat à Ngazidja, comme le permet la loi électorale. Mais cette démarche surprenante est plus facile à dire qu’à faire. D’abord parce qu’en annonçant sa candidature, il vient couper l’herbe sous le pied aux Fahmi, Bourhane et autre Hassane Assoumani qui espéraient son soutien dans leurs ambitions inavouées d’être candidats aux prochaines présidentielles. Un message méprisant qui demande de la soumission à ses lieutenants. Cette démarche est aussi surprenante parce que Sambi balaie d’un revers de la main le fait que malgré tous ses stratagèmes pour s’éterniser au pouvoir en 2010, il a été contraint de lâcher prise malgré lui et laisser la place à un mohélien, confirmant ainsi une jurisprudence constitutionnelle qui a fait passer tour à tour Azali le grand comorien, Sambi l’anjouanais et enfin Iklilou le mohélien, en attendant le maorais.

La Constitution n’interdit pas la candidature de Sambi en 2016, mais paradoxalement cela va être impossible. C’est politiquement insupportable, socialement abjecte et humainement infâme. Il paraitra comme un briseur de destin, calculateur d’un égocentrisme surdimensionné. Pourtant des originaires d’une île ont pu être candidats dans une autre île, comme le Dr Abdoulhakim à Mohéli, or il est de père anjouanais et de mère grand comorienne. Il y a eu même des élus comme Fazul gouverneur à Mohéli. Sauf que ce beau monde a fait un choix assumé de résidence principale, parce que le manteau de caméléon politique n’est pas envisageable quand on veut mettre un peu de dignité dans son propre combat politique. Est-il possible que Sambi vienne manger dans l’assiette des voisins sans que cela ne soit politiquement suicidaire ? Ce que Sambi est en train de demander cyniquement aux Grands Comoriens, après avoir échoué avec les mohéliens en 2010, peut-il être demandé aux Anjouanais ? La réciprocité de cette démarche, qui pousserait un mohélien ou un grand comorien à participer à une élection primaire à Anjouan, est impensable parce que « l’anjouanisme » y est presque sacré. Alors comment demander aux autres, ce qu’on est incapable d’offrir soi-même ?

Ces usages dans l’application du texte fondamental constituent un sérieux blocage dans la stratégie de Sambi de revenir à Beït-Salam. Mais cet entêtement est réfléchi, calculé et mesuré. Il peut avoir pour conséquences, une réaction violente des wangazidjas dans une diabolisation systématique de l’anjouanais lambda qui provoquerait des tensions sociales insurmontables pour un régime Iklilou toujours en quête d’identité politique.  Nous sommes donc dans les prémices d’une déstabilisation programmée d’un régime Iklilou qui refuse encore de se soumettre au dicta en signant le décret du Guide de la Nation et qui est devenu un relais peu rassurant.

La base aveugle et endoctrinée de l’ancien régime est préparée à arracher une majorité de congrès aux prochaines législatives pour lui offrir une précision, au mieux dans une réforme, au pire dans une réécriture de la constitution et aller déguerpir ainsi un Iklilou qui ne lui fera pas le cadeau d’un référendum populaire. Face à cette machine à broyer les institutions de la République, le front républicain reste la seule option sérieuse. L’émiettement et les querelles intestines des partis politiques favorisent évidemment ce desordre programmé. Il appartient alors à Iklilou, aux grands élus, aux partis politiques de l’opposition et de la mouvance de se retrouver autour d’un même combat salvateur pour nous éviter de plonger pieds et mains liés dans un chaos sans nom.

Mohamed Mbechezi

Ouvrier en communication

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