PEUT-ON TOUJOURS RESTER DANS LA MANIE DE SE MENTIR ?

Après la pluie le beau temps. Quel que soit l’intensité des aboiements, la caravane va passer comme à l’accoutumée. Ainsi le peuple comorien a perdu, encore une fois, sa liberté. Il a vu enterrer vivants, ses droits les plus fondamentaux.

Il est vrai que la statue de la liberté ne s’est pas érigée elle-même. La bastille n’est pas élue symbole, que par sa beauté. C’est la représentation d’une fin de souffrance infligée à tout un peuple. Et c’est ce peuple qui a tout fait pour se libérer des jougs, des dictas, de la tyrannie. Ici chez nous, nous sommes des soumis, des peureux, des suives moutons. Le ridicule a perdu son sens de riser. Il s’est ancré en nous, on vit avec, comme si de rien n’était. C’est pour cela que ceux qui nous ont fait croire, que l’habit fait le moine, manquent des versets, pour justifier leurs manipulations, mais on suit le fleuve quand même. C’est pour cela que tel et tel ne peuvent pas avoir un sentiment de honte ou de pitié. Sinon personne n’aurait le courage de baisser la culotte au diable par peur de ne pas bouffer le lendemain tout cru. Soit je crève. Etre honorable, ça ne court pas les rues, par les temps qui courent, mais aller jusqu’à s’exhiber en public, sur une estrade comme au temps de la traite de nègres, des vendeurs d’esclaves ? Non. Je dis non.

«Ohatru kahwende mlimamsi » Où sont mes cousins vaillants de Washili qui savaient défendre nos valeurs de hinyafwambaya ? Où sont ces sages paroles selon lesquelles « Kapvana daba la Mbadjini ? »  Il y a des moments où on ne peut pas tout faire, je comprends. Mais il y a aussi d’autres où on choisit de ne rien faire par honneur. Aller jusqu’à faire face à un public averti pour assister à son propre lynchage, niet. Je touche du bois. Il faudrait qu’on m’emmène par la force, que je n’aie vraiment pas le choix « Ndopvi na ndopviwaringariya, wasalimuamdri », ils vont s’expliquer. Ce n’est pas valorisant. Mon dieu comment peut-on tomber si bas après plusieurs décennies d’une incarnation de probité ?

Et la fierté ?

Notre grand à tous, la maman de Ntibe Msafumu, feue, Djana Neema, paix à son âme, nous a laissé un grand héritage moral. « Djusa ematso ba yenge hudja djau, ritsodjo hudja, na waili okwa ooza ». Disait-elle. Une parole qui signifie ces lignes ; Ce n’est pas dévalorisant de perdre un combat. Ca ne l’ai pas non plus de perdre une guerre. L’ennemi d’aujourd’hui peut être l’ami de demain mais sur d’autres conditions qui ne sont celles dans lesquelles, nous nous trouvons. « Toutes choses ont de limite », disait Enrico Macias. Ne jamais perdre la face. Si on doit mourir, on meurt avec dignité. Quand le jour va se lever, les mémoires reprennent leurs façons de fonctionner, comment vas t’en parler en face de  djudja ? Ce n’est pas celui du jugement dernier mais celui qui aboie plus fort qu’un chien. Celui qui parle pour réfléchir après. J’imagine certaines personnes après le rassemblement rendu de la honte, celui qu’il fallait baptiser en nouveaux venus, ceux qui sont arrivés sans bagages avec rien. Les fous rires des mentors, ceux qui ont brouillés les cartes. Ah mon dieu, comme la vie est dure ! Je ne veux pas voir ça, quand ils vont servir le café sans pouvoir lever la tête. Je vois ces petites tapettes sur le dos de ces gens qu’on avait vraiment cru en faire des leaders. Celui qui fait trembler les gens comme vous qui vous approchez comme les mendiants avec un récipient à l’espoir que d’autres vous fassent un peu d’offrandes.  Quels que soient nos états de faiblesse, ces moments où nous nous sentons moindre, on doit se forger une image crédible. Pour que le jour où le soleil sera haut pour toi, que tu ne  baisses pas les yeux car quels que soient ce que tu en dures, la roue tourne.

Pourquoi  ne serait-elle pas de ton côté un jour ?

Il sera très difficile pour nous autres républicains, de placer ce dossier dans le casier de dossiers normaux. Ces dossiers qui portent cette date, qu’ils ont enterrés ce qu’on avait pensé bien conserver pour notre descendance. La liberté de choisir nos élus. La démocratie. Paix à son âme. Désormais la liberté d’expression va aussi être enterrée dans le cimetière de la république. Celle où tu es voué à l’oubli quel soit ton apport dans notre pays. Ici il n’y a que le présent qui compte.

Cette date qui a vu la délibération des élections primaires des présidentielles, est une des tristes journées qu’on va pleurer. Malgré cette longue liste où entorses et coups de fouet l’ont laissée le dos courbé. Cette jeune nation se voit vieillir avant l’âge, avant sa maturité. L’espoir des uns et des autres ne trouve pas la moindre lueur possible. Elle vit sous les pénombres d’un éventuel miracle, qui remettrait le train sur ses rails. Peuple comoriens, il est temps de se réveiller, d’arrêter de croire en rien. Notre pays est pris dans des eaux troubles et sombre dans l’abîme, dans des précipices. Malgré que nous soyons tous des frères, par le sang ou par « Gwe la Mamwe », aujourd’hui tout nous démontre qu’être frère ne rime pas avec être des amis. Il est difficile de mêler le sang et l’amour de la nation, sinon on porterait tous, le même uniforme pour défendre une cause commune. Nous sommes nés dans la même tenue. A poils. Et puis un beau jour, tout va nous différencier par les valeurs acquises par chacun et à sa manière.  Finis les idées mesquines qui consistent à dire à chaque fois, je vote pour tel ou pour tel car nous venons de la même famille, du même village ou de la même région. Notre pays est grand comme un œuf dans l’espace ? S’il fallait raisonner comme le font certains gens. Nous n’allions pas faire des élections car nous trouverons à chacun un lien. Ce qui serait très difficile de se différencier par rapport  à son prochain, vu qu’on a des liens communs, des rapprochements familiaux.

Coïncidence !

Une petite remarque, qui va peut-être vous surprendre.  Savez-vous qu’en ce moment, nous allons choisir un des 3 candidats de ces élections tâchées  par la légendaire fraude, la plus grosse bêtise de l’histoire de notre pays ? Eh bien, le hasard sait bien faire les choses. Nos trois finalistes ne sont autres que des candidats issus d’une même lignée familiale ?  Eh oui. Ainsi va la vie.  Quelques soit l’éloignement de leurs villes ou régions de naissance, Mamadou, Azali et Mouigni Baraka ont un point commun, c’est des petits fils de Msa AIi Itriso, chef d’état-major du Tibet Msafumu, dernier roi du royaume de « Hignafwabaya. ».

Le monde est petit mais comme dirait certains « Damu tsi madji ». Il existe parfois des hasards qui n’ont rien du hasard. Donc ainsi l’histoire se répète. Sans cette fraude, qui faussa tout, on se serait offert une vraie page de l’histoire. Mesurer les petits fils de Saïd Ali et les petits fils du chef de l’état-major de Msafumou. Malheureusement le combat est triché. Si vous voyez ce que je veux dire, s’il fallait suivre la suite logique des ceux qui pensent qu’il faut voter celui qui est le plus près de soi par le rapprochement géographique, par le sang, il serait aussi logique de ne pas opposer des gens qui partagent les mêmes raisons, le même sang. Il serait donc pas facile pour quelqu’un comme moi, de faire un choix sur les trois candidats finalistes, vu qu’on partage le même arbre généalogique.

Alors il est donc temps de se défaire de ce genre de chauvinisme pour se poser des vraies questions  afin de trouver des vraies réponses qui nous emmèneraient à des solutions sur l’avenir de notre pays.  Etre bien né n’est pas du tout le profile qui va hausser le pays dans les grands marches des grands hommes. Alors vous qui croyez que chacun doit voter la personne de sa région, de son village, êtes-vous sûr de ne venir que de là où ou vous croyez puiser vos origines ? Est-ce que, ceux qui disent  vouloir ne voter que le candidat de leur région, quels que soit ses qualités ou ses défauts, se rendent compte qu’où l’on va, on a toujours un lien que l’on ignore ? Le chauvinisme est l’intelligence des plus sots, ceux qui se distinguent des autres pour avoir un peu plus de chance. Ces genres des personnes agissent de la sorte, par peur de se trouver en face de quelqu’un qui pourrait être plus performant qu’eux.

Laheri Alyamani

COMORESplus

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