iz9yibst[1]Les difficultés que rencontre la société « MA-MWE », sont le reflet de l’écart qui existe entre une population comorienne émancipée, enclin à une démocratie participative, et des dirigeants du pays, bernés par un pouvoir étriqué, forcé au maintien de privilèges. La constitution de 2002, a renoncé au pouvoir centralisé, au profit d’une décentralisation élargie. Pour résoudre alors cette crise, il y a lieu de prendre des mesures draconiennes, à la fois pour répondre aux problèmes techniques, mais surtout pour apporter les réponses adéquates à la crise politique de la société.

1ère mesure : dissolution de l’actuelle entité.

L’entité MA-MWE qui gère actuellement l’électricité et l’eau des Comores, n’est plus adaptée à la conjoncture présente. Conformément à la loi sur l’eau de 2004, l’état doit céder la gestion de l’eau aux collectivités locales. L’état restera propriétaire des puits et des forages. Il doit déléguer dans le cadre de « délégations de services publics ». Ces délégations permettront à de nouvelles structures intercommunales, d’assurer les exploitations des réseaux.

2ème mesure : recentrer les activités sur la production électrique.

Le gouvernement doit se contenter dans le cadre de sa mission régalienne, de la production électrique sur l’ensemble du territoire. A cet effet, sa mission se limitera aux centrales électriques de toute nature que ce soit. Il vendra à 3 trois nouvelles entités régionales sa production sur la base d’un tarif unique calculé exclusivement sur le coût de revient. Chaque entité régionale sera libre de fixer les prix du KWH, selon le lieu de distribution, le bilan de consommation, l’implication ou non de la population dans la construction du réseau. Ainsi le tarif du KWH pourra varier d’une ville à une autre sur des critères clairs liés exclusivement aux questions de bonne gestion.

L’exemple du redressement de la SNPT, durant la période de 1996 à 2000, et le retour spectaculaire au bénéfice de la SCH, durant cette même période, montrent bien, que le pays dispose de ressources capables de bien gérer, si l’état laisse aux dirigeants les chances de montrer leur savoir faire. Inutile de nous sortir encore les recommandations du FMI et de la banque mondiale, ni même les vertus de l’IPPTE, la solution passe par les mentalités.

 

3ème mesure : la réhabilitation des centrales électriques et des réseaux.

On a vu que la question des grandes pertes énergétiques est surtout liée à des raisons techniques. Les nouvelles entités doivent donc partir sur de bases saines. A cela, le gouvernement doit poursuivre les négociations avec la Chine et la BAD, en vue de renouveler les équipements des centrales notamment, par les moteurs au fioul lourd, la géothermie et les éoliennes. La production actuelle d’énergie solaire n’est pas à la portée de nos bourses à l’exception de mini central sur les toits des centres administratifs et les hôpitaux.

Au niveau du réseau, il est impératif d’harmoniser le réseau à 21KV. De plus, pour répondre aux besoins des consommateurs, il est préférable de doubler partout les câbles du réseau MT (21KV) afin de réduire les pertes en ligne. A Ngazidja et à Ndzouani, chaque phase sera doublée. Ainsi, le réseau passera de 3 câbles à 6. Sur une des 3 phases, les deux câbles seront spéciaux car ils comporteront en leur noyau, des fibres optiques pour remplacer les câbles du téléphone. De cette manière, les nouvelles entités de distribution électrique, travailleront avec Comores télécom dans le spectre d’un accord gagnant-gagnant. Comores télécom, pourra économiser sur l’achat et l’entretien de ses relais et des émetteurs, car avec la fibre optique plus question de pertes, le son et le transport seront de meilleures qualités. Elle économisera aussi sur les poteaux et les longs câbles en cuivre tout en améliorant le cadre environnemental.

Quant aux nouvelles entités, ils trouveront un partenaire de choix pour partager les coûts des investissements liés au renouvellement du réseau. Avec cette technologie nouvelle, devant permettre de ramener le haut débit à moindre coût à chaque foyer. Une fois que le nouveau réseau arrivera à chaque village, les réseaux électrique et de télécom, seront séparés pour que chaque société, s’occupe de ce qui lui concerne.

Les nouvelles sociétés de distribution électriques doivent se débarrasser des transformateurs sur poteaux, par des transformateurs secs au sol, pour une bonne maitrise de l’énergie. Ainsi les pannes fréquentes liées aux intempéries seront réduites grâce aux protections appropriées. Il en sera de même pour les accidents du personnel. Les nouvelles postes de transformation seront les garants d’un comptage réel par point de distribution, devant permettre une meilleure lisibilité dans la gestion.

4ème mesure : le financement.

Pour liquider la société afin de créer les nouvelles, l’état se doit d’indemniser le personnel conformément aux lois en vigueur. Cette liquidation mettra fin aussi aux accords cadres, qui régissent le personnel, source des abus à partir de leur droit, allant jusqu’à entrainer la société à la faillite. Les avantages en nature seront négociés en fonction de la rentabilité et l’apport de chacun à la bonne gestion.

Pour financer l’ensemble des opérations, inutile de faire appel à la BAD, ni à la banque mondiale. Les réserves financières des Comores aujourd’hui, s’élèvent à plusieurs milliards de KMF. Au jour d’aujourd’hui, pour chaque 100 FKMF déposé dans une banque aux Comores, les 65 FKMF sont immédiatement transférés à Paris pour garantir les 35 FKMF restants. Sur ces 35 FKMF, 10 servent au fonctionnement et 25 aux différents prêts. Selon le numéro 3 de la banque centrale, les Comores n’arrivent pas à utiliser les 25 FKMF. C’est la raison pour laquelle, la BCC, n’a pas jugé utile de suivre les pays de la zone CFA, lors de la baisse du taux de la réserve de 65% à 50%.

Conformément au droit français sur les banques, celui qui régit les banques comoriennes, la BCC prêtera à une ou plusieurs banques comoriennes au taux interbancaire, le montant nécessaire à cette restructuration. Ce qui revient à combler, ce que le directeur de la BDC ne manque de se lamenter, à savoir l’emprunt auprès du marché libre, à des taux élevés soit 7%, ce qui l’oblige à prêter à des taux de 12 à 14%. Avec les taux interbancaires, l’emprunt sera de l’ordre de 3 à 5%. Ce qui signifie que les nouvelles sociétés pourront emprunter à des taux négociés de l’ordre de 7%.

Une autre solution serait de voter une loi qui transformera la SNPSF en banque et assurance, avec une obligation à tous les propriétaires de maison bâtis, d’une assurance habitation dont seuls ces établissements, pourront souscrire. Les fonds de cette opération pourront être réservés aux investissements futurs des collectivités locales.

5ème mesure : les nouvelles tarifications.

L’état vendra aux sociétés régionales de distribution sa production sur la base d’un tarif unique calculé sur une moyenne des coûts de productions de toutes les centrales.

Afin de répondre pour le mieux à la nouvelle donne, chaque société de distribution aura une triple tarification. Le tarif vert pour l’administration, un tarif jaune pour les grands consommateurs et des villes ayant investies dans la distribution et le tarif bleu pour les consommations courantes. Ces tarifs seront variables en fonction des agglomérations. Ceci sera le cadre général selon lequel, les sociétés de distribution régionales, fixeront leurs tarifications. Il faudra en outre, imposer à tous les consommateurs, des règles de conformité technique, avant tout branchement. Les clients actuels disposeront d’un délai de mise en conformité, afin corriger les fuites énergétiques.

 

MOHAMED CHANFIOU Mohamed – Paris.

Retour à l'accueil