AGWA, LE MIRACULEUX INTELLECTUEL ANALPHABETE FAIT DES ULCERES

Par Laheri Alyamani

Je ne peux pas comprendre que le soi-disant acquis du savoir par les bancs des écoles, puisse aveugler les individus jusqu’à leur faire persuader qu’ils sont à part, meilleurs que les autres. Je croyais que le savoir c’est une lumière qui illumine l’esprit bien veillant. Il l’emmène toujours à trouver réponse à toutes les questions, analyser les choses, les situations sans toutefois se limiter sur des affirmations.

Intellectuel, c’est un mot ancien, revu et corrigé par notre docteur en lettre. Ne vous fiez pas au dico. Il est de chez nous, pour désigner ce qu’on appelle « wastaanrabu » qui distingue les diplômés des écoles supérieures et de ceux qui ne les ont pas. C’est le mot en remplacement de ce terme qui faisait la gloire de nos anciens : oncles, grands frères. Quand ils rentraient au village, pour les vacances scolaires, de l’internat du lycée Said Mohamed Cheick.

On les appelait « ndowamakoshi ». Ils avaient droit à tout. Certains bénéficiaient par leur venue au village, d’un « Mtshindowasambe ». Les jeunes filles rêvaient de l’arriver des lycéens, rien que pour se faire blottir dans les bras de ces jeunes prometteurs qui vivaient surtout dans la capitale où rayonnaient les belles lumières multicolores qui  faisaient rêver.

A l’époque on pouvait distinguer ces jeunes premiers par leurs habits, un look à part. Aujourd’hui le terme a changé et les dénommés aussi. Une race nouvelle surnommée intellectuel a vu le jour. Malheureusement ce terme ne rime pas avec tête bien faite, bien pleine mais une dénomination qui veut tout simplement designer une génération qui a fréquenté les études universitaires. Certains d’entre eux n’ayant rien compris, se limitent aux mépris des autres en les regardant de haut. Dommage qu’en ce temps, des gens continuent à ignorer que ce qui fait la valeur de l’homme, n’est pas le costume qu’il porte mais ce qu’il a pu entreprendre.

Ce bout de papier est pour les esprits éveillés, une chance de se projeter en avant, un sésame qui va leur servir d’ouverture des portes vers un avenir meilleur. Pour d’autres hélas, c’est un éventail, une décoration qui va orner les murs de leurs salons. Oui, être analphabète rime pour certains avec être bête. Il engendre des complexes de supériorité jusqu’à dénigrement de son semblable. Tu ne sais ni lire ni écrire, donc tu ne dois rien dire, fermes-la. Peu importe ce que tu peux penser, tu es rien, autant de bruit que tu fasses tu n’es qu’un sot vide. Pour le soi-disant intellectuel, la maturité d’un homme doit se définir par ses diplômes. Qui n’en possède pas, n’a aucune valeur dans la société. Tout ça parce qu’une personne ne parle pas la langue de l’ancien colon. Selon la  vision des choses de notre super intellectuel, pour pouvoir exister, il faut appartenir à sa famille d’intellectuels. Celle qui qu’il juge décideuse du sort, du devenir dire ce pays qui est le sien, le leurs (lui et ses camarades intellos).

Pour avoir droit de dire ce qu’on pense, il faut savoir lire ou écrire en Français ou en ces langues des grandes puissances, le cas contraire tu es analphabète donc tu ne vaux rien. Peut-être après ne pas avoir le droit de voter où d’être élu, car selon ses dires, tu es une personne de bas étages. Il est vrai que c’est surprenant qu’un revenant de je ne sais quelle planète vient prendre la vedette des gens qui ont passés leurs vie à user leurs culottes sur les bancs des écoles pour devenir ce qu’ils sont.

« Mais arrêter de prendre les comoriens comme des riens »

Comment peut-on prendre un peuple pour un con ? Il ne suffit pas d’avoir des diplômes pour croire qu’on est bon dans tous les domaines. Tu es diplômé pour ta formation, pas pour ce que tu veux entreprendre. Le cultivateur n’est pas pêcheur, vice versa. A chacun sa route, son chemin. Si tu as des diplômes sans pouvoir en faire usage, c’est comme si tu n’as rien. Ce ne sont que de clefs pour ouvrir des portes. Si tu as les clefs sans pouvoir ouvrir les portes à qui la faute ? Agwa n’a pas les outils nécessaires mais il a une tête qui travaille. Les portes qui te résistent, lui cèdent car il a trouvé ses propres techniques. Le chien aboie la caravane passe. Qu’on le veuille ou non Agwa est comme vous l’avez constaté l’éditorialiste le plus redouté des Comores. Si on n’est pas fier d’avoir pu être le témoin d’une époque où les Comores ont vu naître un miracle, on pose sa plume pleureuse et on continue à faire comme si de rien n’était. Tout vous étonne. Voir l’animateur radio, répondre par radio, enrichit la palette de reproche.  N’y avait-il pas un autre style digne d’un technicien des mots, un littéraire reconnu, un docteur en lettre, de dénoncer autrement une situation qui l’interpelle ? Fallait-il vraiment pointer du doigt une personne et lui cracher du venin ?  Si c’est ainsi qu’on peigne son tableau pourquoi, on ne donne pas les noms de ces soi-disant personnalités qui corrompent Agwa ?

C’est la peur, non ? C’est pour cela que l’accusateur ne l’a pas fait.  Pour procéder de cette manière il faudrait être fou, s’appeler Agwa. Et il n’y a qu’un seul Agwa sur terre. Il y a la peur et je donne raison à l’accusateur. Le démolisseur ne peut pas égaler à ce type. C’est un malade. Il serait content de laisser sa peau pour être une balise de cette lutte d’une cause qui lui tient à cœur. La démocratie. Lâche l’affaire car « iyo nkodo yamadzi, na iyo uwana nayi » Ces gens-là, ont la main longue jusqu’à atteindre l’université ?

Ils sont trop puissants. Ils semblent avoir oublié que dans ce pays, les soi-disant biens formés, bien éduqués ne créent rien. Ils sont au contraire pour cet état, un boulet à la traine. Ce n’est pas les illettrés, qui tarissent les caisses de l’état, qui tiennent en perfusions l’économie de ce pays. S’il vous plaît monsieur le moralisateur, vous manquez d’inspirations pour vos écrits. Vous venez de mettre un régime en place, au pouvoir. Je crois qu’avez d’autres chats à fouetter, au lieu de vous attaquer à un artisan que vous traitez de tous les noms. Vous le caricaturez de menteur, de sot, de malade, de voyou tous les qualificatifs les plus répugnants, les plus détestables.

« Agwa, est-il dangereux ? »

Omwanda ? balahemlimba. Ah craindre la colère de cette personnalité incontrôlable, et à comprendre aussi. Oui, Agwa est dangereux. Il l’est pour celui qui a des responsabilités de l’Etat et qui aurait quelque chose à se reprocher. Il est tout sauf con. C’est un Robin de bois, un justicier de salive. Il crie haut et fort, dissèque, dénonce. Corrompu comme vous le qualifiez, certes mais pas jusqu’à trahir son âme. on lui donne, il prend car il sait que ce que vous prétendez être à vous est à nous tous. Sa liberté n’a pas de prix et il en a fait de son cheval de Troie. Agwa reste égal à lui-même, intrépide, coriace, impassible.

On apprend tous les jours. Tout est à changer pour s’aligner à une logique des choses. Ce n’est par ce qu’une personne est moins ou pas qualifiée qu’il faut la rayer de la carte. Au contraire, il sont à la traine de l’état qui surtout ont la formation pour voir surgir un jour quelqu’un comme Agwa formé par la rue et la nature, venir s’accaparer du sphère de la presse de notre pays. Comme si avoir des bonnes analyses ne peut se faire en patois.  Ne pas parler une langue européenne est comme être dépourvu de tout esprit de lucidité, être dépourvu des bonnes analyses. C’est pour cela que ces universitaires font appel au boycott des gens comme Agwa qui ont l’esprit lucide. Si on parle de Agwa aujourd’hui, c’est qu’il dérange. Ils prônent leur supériorité par leur diplômes mais je ne vois pas le mal à ceux qui ne l’nt pas. Ils pensent avoir droit à tout, Ils se croient les plus intelligents même si ce n’est pas le cas. 

« S’est-on demandé pourquoi les comorien écoute Agwa, l’illettré ? »

Il faut d’abord croire à la persévérance et aux aléas de la vie de comprendre les aléas de la vie. Cet homme a oublié que partout dans ce monde, et par tous les temps,  il y a eu des miracles. Abdallah Agwa en est un, chez nous. Je sais que certains ont peur que quelqu’un n’ayant pas emprunté le chemin obligé de l’éducation national, sans diplôme, puisse faire exception en se construisant lui-même, faire chemin dans le domaine de son choix sans suivre les labyrinthes imposés par les autres. Bravo Agwa. Mon frère cette personne t’admire surement sans le savoir. Il te traite d’inculte car il lui manque les mots pour définir son admiration envers toi. Les qualifications de quelqu’un comme toi, qui vit un destin hors norme ne sont surement pas à la portée de quiconque. Ce qui fait oublier que tous les chemins mènent à Rome.

Lire et écrire, ce sont des outils de communication, qui permettent à l’organisation personnelle afin de faciliter sa manière d’exprimer ses idées. Aujourd’hui les travaux qui se faisaient par toute une équipe, se font dans un rien de temps par une machine intelligente. J’aurais aimé être dans la peau de nos grands journalistes, tels qu’Ali Moidjié, Ali Amir… et des jeunes actifs de la plume comme Said Yassine, Idjabou Bakari,  pour ne citer que ceux-là, voir par leurs mots, ce phénomène Agwa. Ces hommes de lumière, ces hommes qui éclairent… doivent être épatés par ce type qui ne sait ni lire ni écrire et qui a sa propre manière de faire ce travail qui évolue à la vitesse lumière.

Certes, notre super intellectuel en veut, peut-être, aux nombreux comoriens qui suivent avec attention ce phénomène Agwa national. Il doit se demander pourquoi tant d’années passéés à apprendre son travail sans que les comoriens lui prêtent attention alors qu’Agwa est sous les projecteurs de tout un peuple. Il va jusqu’à mépriser tout un peuple d’avoir de l’écoute pour cet animateur vedette de Labaraka Fm, une radio qui dépasse la radio nationale. Agwa, c’est un homme libre. Il est jeune et intelligent. Malgré sa popularité, il s’efface dans les bancs publics. Sous ces lunettes noires, se cache un homme tranquille qui se manifeste de temps en temps, avec des sourires.

« La constance et la sérénité sont de mise »

Agwa qui est analphabète seule valeur qui le sépare de ceux qui ne les ont pas.  Les gens des grandes écoles, continuent à donner une autre définition de l’être diplômé suffit même à être ce qu’on pourra jamais être. Les diplômes ne sont pas faits pour dénigrer ceux qui ne les ont pas, c’est tout simplement une reconnaissance, une sélection d’ individus afin de distinguer ceux qui ont une capacité de comprendre les choses plus vite que les autres car le temps c’est de l’argent. Ce qui ne veut pas dire que ceux qui ne les ont pas sont moins que rien ; chacun est meilleur dans son domaine. Nos écoles préparent nos enfants à donner le meilleur d’eux même pour plus tard rejoindre le rang de ses compétences. C’est une usine à fabriquer des élites, des chômeurs et des assistés selon la débrouillardise de chacun.

D’autres poussent d’eux même comme des champignons dans la forêt. Ceux-là, ont des murs à pousser pour se faire une place dans la société. Pas des diplômes car la rue n’a pas de disciplines, pas des gadgets de décorations, ni des mérites. Seul le résultat de ton savoir-faire te fera respecter. D’autres mettront en doute ce qu’ils ont appris. La réussite de celui qui est sorti de l’école de la rue va être considérée comme un acquis sans efforts, donc pas de mérite. C’est ainsi que va naître cette sécrétion de venin qui fera monter la haine de l’autre. Mais qu’est-ce qu’il n’a pas vu, celui qui s’est vu guider par les dures lois de la rue ?

Il y a des gens qui ont perdu une grande partie de leur temps à chercher à se cultiver. Il y a beaucoup qui cultivent, qui sèment, sans récolter le moindre fruit de leur travail. Il y a aussi qui ont un don du ciel. Ceux-là n’ont pas besoin de montrer un quelconque papier pour justifier le droit d’entreprendre. Ils se lancent dans leur aventure. Puisque ils n’ont rien à perdre. Ils se cassent la gueule, se relève et « ye nkodo ngyona trende pvapvo ». Ils apprennent par leur histoire, leur vécu.

Laheri Alyamani

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